Après une séduisante introduction relatant le retour d’un jeune soldat dans sa famille après 3 ans de service militaire, le film de Lee Chang-dong s’enfonce dans le monde de la nuit, des gangsters et des femmes fatales, avec la volonté sous-jacente de dépeindre l’envers du décor d’une Corée du Sud qui brille à la face du monde sur son versant économique.
Mais trop, c’est trop. L’overdose de violence et d’insultes se fait rapidement sentir, et cela gâche grandement le propos. A se demander s’il faut toujours se complaire dans une vision pessimiste de la société pour se voir reconnaître auteur à part entière…
La simplicité peut être une force, ce film en est la preuve. Une histoire qui se suffit à elle-même, une mise en scène qui sait instaurer un rythme lent mais puissant qui porte le film jusqu'à la fin, un traitement équilibré des différents personnages qui donne sa chance à chacun, Green Fish est un film sobre mais touchant, totalement classique mais qui ne laisse pas indifférent. L'interprétation est particulièrement efficace sans être démonstrative, et quelques scènes possèdent une réelle poésie du désespoir. A découvrir.
Si les grands thèmes de son oeuvre y étaient moins développés que dans ses films suivants, Lee Chang Dong s'imposait avec Green Fish comme un cinéaste à suivre en offrant une jolie incursion dans le film (très) noir. Le film sent ainsi très vite la bonne odeur de cinéma américain seventies dès la présentation de son personnage principal: un soldat de retour chez sa famille (meme si ce n'est pas du front) et ayant du mal à trouver ses marques et ses repères dans son environnement urbain et familial modifié. Mais cette situation typique d'un certain cinéma américain a été adaptée à la réalité locale par un cinéaste qui va progressivement affirmer sa personnalité au cours du film. Cet environnement-là, c'est ainsi le reflet d'une Corée du Sud aux changements historiques (trop) rapides. Han Suk Kyu constate d'ailleurs l'urbanisation galopante de sa banlieue. Des gangsters locaux essaient quant à eux de se faire blanchir en tentant une carrière politique et la tentative réussie de corruption d'un policier donne lieu à une amusante course-poursuite. Et c'est ce monde sans repères qui scellera le destin tragique d'un Han Suk Kyu devenu une de ces figures broyées par des changements historiques trop rapides annonçant le héros de Peppermint Candy.
Aucune lueur d'espoir dans le trio amoureux qui constitue le centre du film d'ailleurs: l'objet de l'attraction d'Han Suk Kyu est ainsi une femme plus agée que lui dont le cynisme et l'attitude glacée font qu'elle ne saurait incarner une figure maternelle rassurante; le personnage du parrain incarne une sorte de père protecteur pour Han Suk Kyu mais il est aussi celui par qui il chutera et Han Suk Kyu arpente avec obstination des routes -le crime, l'amour impossible- qui ne peuvent que l'amener à sa perte. Lee Chang Dong impose aussi sa marque par un sens de la durée et des cadrages bien pensés mais discrets. Il utilise ainsi l'obscurité pour rendre la violence encore plus terrible car suggérée (la superbe scène de meurtre où l'on entend le coup partir et on ne voit qu'une lueur de briquet). Dans un ensemble mis en scène avec retenue (les variations de focale sont peu ressentis), les quelques travellings ou caméras portées (ces dernières symbolisant le regard de personnages balayant à la hate des lieux en désolation) frappent alors d'autant plus le spectateur.
Porté par un trio d'acteurs en grande forme (HanSuk Kyu/Moon Seung Keun/Shim Hye Jin), Green Fish s'impose ainsi comme un premier film des plus prometteurs. Un talent de Corée était né...
Après les réussites que constituait Beat, Die Bad(et Friend dans une moindre mesure), on pouvait se dire que le genre gangster/drame coréen ne pourrait plus offrir un nouveau chef-d'oeuvre mais c'était sans compter sur ce premier film de Lee Chang-Dong, auteur du très estimé Peppermint Candy, qui apporte encore une nouvelle pierre à l'édifice et contribue à la diversité du genre.
Green Fish date de 1997 et cela s'en ressent via un budget beaucoup moins conséquent que la moyenne des productions actuelles. Mais attention, cela ne veut pas pour autant dire que le film fait "fauché" mais au contraire, c'est ce qui va créer cet aspect de dépouillement, d'évitement de tout artifice visuel et c'est sans doute en celà qu'il préfigure Peppermint Candy car Green Fish privilégie la touche "auteurisante" et pour tout dire, le film se rapproche beaucoup du cinéma européen dans sa façon d'être et d'agencer les évènements et c'est évidemment à ce niveau-là que Green Fish tire sa force car il est avant tout basé sur les protagonistes et les interactions entre eux.
Le générique du film est constitué d'un album "photos de famille" montrant l'enfance d'Ahn Suk-Gyu et la séquence d'après, on le retrouve dans le train, de retour de son service militaire. Toute la naïveté et l'innocence du personnage se retrouve déjà dans cette scène: la façon dont lui apparaît Shim Hye-Jin tient beaucoup du rêve et du cinéma romantique. Mais c'est cet état d'esprit du personnage qui va le mener à sa perte car il n'a pas compris que le monde a changé et que contrairement à l'armée, il se retrouve sans défense et face à lui-même, ce qui lui vaudra de se faire tabasser par des jeunes en voulant jouer au héros et c'est ce qui préfigure déjà cette image récurrente du film(utilisée pour la jaquette des éditions Universe): celle d'un homme seul et perdu le long d'une route, à la merci de tout. L'ordre n'a plus cours dans son evironnement immédiat, sa famille est au bord de l'implosion(la scène du pique-nique est assez significative) et c'est dans la mafia qu'il retrouvera un semblant d'équilibre, Moon
Sung-Keun agissant comme un père à son égard. La sagesse et l'expérience de ce parrain contraste aussi avec le climat décadent de son milieu(on notera par ailleurs, le rôle inattendu et superbement joué de Song Kang-Ho en petite frappe) et on retrouve très vite une relation père-fils entre ces deux hommes. Entre les deux, se trouve Shim Hye-Jin qui subit par contre de plein fouet la réalité du monde et peine à retrouver un sentiment de sécurité auprès de Ahn Suk-Gyu. Mais le personnage d'Ahn Suk-Gyu évolue tout au long du film et c'est dans la corruption et le sacrifice de son âme que paradoxalement il fera retrouver la sérénité intérieure à toutes les personnes qui l'entourent comme si la mort de l'innocence(représentée par le foulard de Shim Hye-Jin) était synonyme de rédemption.
Rempli de fortes thématiques, Green Fish aurait sûrement très bien pu s'insérer dans la filmographie de Martin Scorsese et c'est tout à son honneur. Et pour finir, il ne faudrait pas oublier de saluer bien bas la musique du film qui dissémine à travers le film un jazz lancinant et très mélancolique et qui rappelle des sensations équivalentes aux meilleurs moments de Taxi Driver ou Blade Runner. Très bon film, rien à rajouter.
Le filé de new jazz, avec une interprétation très correcte, donne à ce film un tout bien réussi pour un 1er film, où l'on voie d'ailleurs les jalons des suivants.
Première oeuvre cinématographique de LEE après sa carrière ratée en tant qu'écrivain (pourtant remarquable !!!), il s'attaque certes à un genre classique du cinéma coréen, mais ne démérite pas devant la pléthore d'autres adaptations de même genre.
Toutes ses futures thématiques y figurent déjà : une histoire d'amour contrariée, la difficulté de communiquer créant le regret des personnages, cherchant à retourner dans le passé pour retrouver une fibre nostalgique et peut-être pouvoir changer le cours des événements. Ici, le personnage principal aimerait retrouver une vie familiale unie et l'innocence des jeux enfantins en compagnie de son frère handicapé (prémisse du futur "Oasis" par son réalisateur).
Manquant visiblement de budget, LEE compense par ce qu'il sait le mieux faire : s'attacher à dépeindre le for intérieur de ses protagonistes principaux, de préférence leurs faiblesses et douleurs refoulées. Il manque encore de la maîtrise, défaut inhérent à toute première fiction; le destin tragique de son personnage principal n'offrira donc pas la même émotion que le sort réservé à ses futurs "héros" dans ses deux long métrages suivants; mais l'histoire reste passionnante de bout en bout et parfait dans son représentation jusque dans les rôles secondaires, comme l'acide portrait de famille au cours du pique-nique d'anniversaire ou l'excellente poursuite d'une voiture de flics par la camionnette du frère du personnage principal.
Un grand futur film, dévoilant déjà tout le talent de son réalisateur quant à la suite de sa carrière.
Classique dans sa forme, contemplatif, embrassant l'homme lâche ou bon, prenant au sérieux la famille dans ce qu'elle a de plus sacré et l'amour dans tout ce qu'il a de salvateur, dépeignant sans juger, mais avec une affection toujours égale, "Green Fish", en plus de donner à Han Suk-Kyu un de ses plus beaux rôles, est un très grand film intimiste sur la nécessité du drame et ses larmes dans la prise de conscience des autres, à travers un sacrifice déchirant.
Magnifiquement interprété et cadré, et assurément inévitable.
Le titre évoque un rêve, un repère d'une jeunesse inassouvie, un espoir. Celle d'un jeune homme, magistralement interprété par Han Suk-Kyu, qui cherche dans le monde du crime l'amour impossible. Il est un chevalier sans repéres qui met son dévouement physique au service d'une passion qui se refuse à lui. Pendant tout le film, il n'a qu'un but, trouver l'amour. Quand celui-ci se détourne de lui, il se met à le poursuivre avec sa hargne, sa fougue quasi masochiste. Il incarne aussi une certaine naïveté, ce qui lui vaut parfois de mauvaises surprises, mais donne à son personnage une certaine sympathie.
Drame psychologique sur fond de film noir, ce Green Fish est une excellente surprise. Surprise, dans le sens où il s'agit d'une première oeuvre, mais une première oeuvre fondamentalement déjà très mature de la part de Lee Chan-Dong.
Un réalisateur qui sur ce coup rappelle le Scorsese de Mean Streets. Avec une certaine fougue qui n'est pas sans défauts, il dépeint le quotidien d'un jeune homme voguant entre sa passion pour une femme d'âge mûr, sa famille et son clan d'affranchis. Sur les flots agités de sa passion il rencontre un rocher fracassant sa coque, un chef de gang au faciès glacé qui devient son tuteur. Il est à la fois le père qu'il n'a pas eu et l'unique barrière à la concrétisation de son but.
Le film est fait de scénettes à l'aspect jusqu'au-boutiste, des actes qui finissent négativement, un basculement dans l'imparable.
Très noir, et d'une violence physique séche et sans concession, le film rappelle certains aspetcs du cinéma de Scorcese, une thématique se consacrant aux actes de personnages marginaux et idéalistes cherchant leur voie dans un monde barbare et sans loi. Ils sont des chevaliers des temps modernes avec un certain sens du sacrifice, ils donnent d'eux-même, mais ne trouvent dans le monde du crime qu'un moyen de surnager, d'exister, d'être tout simplement.
Le théme de la famille est abordé avec justesse et simplement ce petit soupçon du dévoilement de certains aspects de l'intimité. C'est un peu le côté de la raison qui emporte l'adhésion du personnage d'Han Suk-Kyu. Les scènes intimes avec ses frères et soeurs sont tantôt franchement hilarantes, parfois émouvantes, jamais complaisantes et racoleuses.
Excellente surprise donc, qui pose les jalons d'une future oeuvre que l'on imagine dense et riche pour ce réalisateur.
agréable surprise que ce film simple mais finalement pas tant que ça: simple dans la réalisation, très classique (on pense aux classiques américains), et un peu datée mais sobre; en outre le film possède assez d'arguments pour pouvoir se passer allègrement d'une réal tape-à-l'oeil moderne: en effet, l'histoire (classique aussi) est tres bien traitée, le drame romantique est enrichi d'humour et de scènes violentes, tout cela formant un tout très respectable.
il faut aussi souligner la performance des acteurs, tous très crédibles et joués sans exagération.