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Gojoe

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les avis de Cinemasie

5 critiques: 4.1/5

vos avis

25 critiques: 3.53/5



drélium 3.75 Réussi en dépit de combats brouillons
Arno Ching-wan 4.25 Mystique bourin
Ghost Dog 4.25 Puissamment inspiré
Ordell Robbie 3.75 Chambara survolté
Chris 4.5 Le choc !
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Réussi en dépit de combats brouillons

Pas si accessoirement que cela, Gojoe est une magnifique preuve que Kitamura est un naze. Il suffit de comparer son Azumi avec Gojoe pour faire la différence. Pour un retour inespéré et respectueux au genre phare du cinéma japonais, Sogo Ishii délivre un film sombre et baroque à l'ambiance bien huilée complétée par un cast et des personnages charismatiques (Hey Kitamura ! EUX ont du charisme...). La mise en scène entière, travaillée et brute, y est très réussie tout comme la photo et les costumes réalistes et somptueux. En revanche, désolé mais les combats sont en majorité illisibles et filmés avec les pieds. Un style de combat rapide typiquement chambara mélangé aux nouvelles attirances envers les gros plans fouillis palliatifs (cachons les acteurs qui ne savent pas trop se battre) qui ne transmettront jamais la fureur chorégraphique d'un The Blade. Le combat final débute avec force et une bonne dose d'attente qui fait monter la sauce mais là encore, les entrechoquements de lames en gros plans sont loin de (me) convaincre totalement. Il y a aussi et en effet une sorte de redondance des deux combats principaux qui fait que la dernière demi heure a un peu plus de mal à relancer la machine qui semblait presque avoir tout dit au bout d'une heure. Reste que la version sortie chez nous est amputée au minimum de 40 minutes comparée à l'original de 138 minutes ce qui peut expliquer ce soubresaut de dernière demi heure et rend légitime une bonne gueulante auprès des producteurs.

Mis à part ces deux bémols, le récit dense et direct offre un bon rythme constamment balancé entre l'observation réciproque et incisive des deux opposants principaux qui évoluent subtilement et gagnent ainsi petit à petit en puissance pour un duel final bien chargé en rage. Entre les démons tueurs impassibles bien habités d'un côté et un faux air d'exorciste japonais de l'autre, les rites occultes et autres confrontations d'énergie spirituelle, tous très réalistes font une bonne partie de la saveur d'un film pointilleux. Au côté de l'ambiance historique réussie de conflit entre les Heike et les Genji, ces moments de croyances profondes en bouddha et les démons dynamitées par le toujours grinçant Ishii, cimentent une atmosphère oppressante très particulière. Gojoe offre donc un spectacle ténu et réussi avec une véritable ambiance baroque et deux guerriers tourmentés comme on en a plus vu depuis longtemps. Mention aussi à la musique (percussions / infrabasse) puissante à souhait. Il manque cependant un petit quelque chose pour porter le final vers une véritable apothéose (peut-être les 40 minutes coupées...), notamment le début de la dernière demi heure qui baisse un peu en intensité et cette manie de faire des travellings épileptiques avec de grosses focales illisibles pour faire staïle.

05 septembre 2005
par drélium




Mystique bourin

Le scénario ainsi que son traitement occultent complètement la dimension épique qu’aurait pu revêtir le film. Les deux boucheries de masse notables du film ont des enjeux identiques et la répétition des scènes nous laisse l’arrière goût étrange d’avoir assisté à une redondance inutile. Le plus frustrant reste que le personnage principal ne combat réellement qu’à la toute fin du film, les massacres précédents étant orchestrés par un démon antipathique contre une horde pour laquelle l’indifférence du spectateur prédomine. Dès lors le divertissement n’est pas primaire et le film s’engage sur la voix de l’expérimental, ce qui est toujours plaisant mais moins facile d’accès que ne l'est le chambara classique. Pour mieux souligner le côté intemporel d’une histoire avant tout fantastique, la BO mélange des percussions de type The Blade à de la techno qui booste bien le trip avec des infra basses, des simulacres de percussions relayant intelligemment les classiques tambours. Bien vu, même si cela laisse de côté l’héroïsme de notre super-moine au profit d’une distanciation due à la magie et des enjeux dépassant le simple mortel. Reste une ambiance réussie, la somptueuse scène d'affrontement magique dans la forêt, une approche stylistique en effet comparable à celle de The Blade (cf. autres critiques), ainsi qu’un duel final particulièrement excitant dont la conclusion prend corps dans le bref dernier plan du film, visuellement proche de celui d’Akira et accompagné de quelques riffs de guitare semblables à ceux d'un des plus beau morceau des Doors. The End.



19 août 2005
par Arno Ching-wan




Puissamment inspiré

Alors qu’on se désespère parfois à juste titre de la médiocrité des actioners que l’on nous sert en salles, ISHII Sogo vient nous rappeler en cet an 2000 qu’on peut encore heureusement réaliser un film d’action beau et passionnant sans prendre les spectateurs pour des idiots. Très vite, on comprend que Gojoe se résume à un affrontement ultime entre le démon Shanao et le prêtre Benkei, un face-à-face qui fait de sacrés étincelles au point d’éclipser l’ensemble des acteurs secondaires : d’ailleurs, ISHII fait tout pour isoler ces 2 personnages du reste du monde afin de faire brillamment monter la tension et de faire comprendre que l’avenir de cette province se joue entre ces 2 hommes : travellings circulaires à la Carrie, geysers de sang à la Kawajiri pour illustrer la force et la maîtrise du sabre de Shanao, insistance sur le charisme et le style naturel du bonze seul capable d’affronter ce démon. En isolant ces 2 personnages, ISHII évite du même coup de jouer la carte du manichéisme en leur donnant une vraie personnalité, complexe et torturée, renforçant le plaisir de les voir combattre. Visiblement beaucoup inspiré par The Blade et Predator, il n’hésite pas à prendre son temps en offrant des scènes de contemplation de la forêt ou de méditation pour donner à Gojoe une dimension aussi singulière que mystique. Lorsque survient le générique final, difficile de ne pas avoir envie de lui tirer son chapeau pour tant d’audace et de maîtrise. Un vrai bon film d’action donc, porté à bouts de bras par le duo Asano Tadanobu / Ryu Daisuke.

Fugace instant magique
Une forêt verdoyante. Shanao, vêtu tout de noir, un sabre à chaque main. Benkei, en face, n’a pas encore dégainé. Ils s’observent, se jaugent et se parlent. Immobiles, la tension monte.

12 août 2005
par Ghost Dog




Chambara survolté

Sur le papier, le projet de Gojoe est des plus excitants: Asano Tadanobu devant la caméra, un Ishii Sogo ayant montré un vrai talent à renouveler le thriller avec Angel Dust derrière la caméra et aux manettes de la production Sento Takenori, producteur de Ring et Eureka. Avec en prime un scénario de Bete du Gévaudan nipponne sans les digressions inutiles vues chez Gans. Du coup, meme si le film n'arrive pas à la cheville d'un Impitoyable dans la catégorie revival d'un genre éteint, Gojoe est quand meme une jolie réussite. L'aspect le plus intéréssant du scénario est le fait que le bonze imagine que sa vengeance contre la bete qui terrorise le pont vient des mains de Bouddha avant de réaliser qu'il a fait fausse route dans sa retraire monacale. Quant celui qui incarne la bete, il se vit progressivement en double du bonze détruisant au propre comme au figuré les statues de bouddha. Les enjeux mystiques incarnés par les longues scènes d'incantation prennent le pas sur les enjeux de guerre de clans. Ce dernier aspect donne lieu à une scène impressionnante où les deux adversaires s'affrontent par la méditation tandis que la caméra tourne sur eux de façon virtuose.

Progressivement, le film va élaborer une esthétique du chaos: utilisation de caméras portées durant les combats, élargissement de la perspective en passant brusquement d'un plan à l'autre plutot que par zoom, ralentis, travellings suivant la Bete invisible qui décime toute une armée de samourais, les étincelles lors des combats au sabre dans le noir qui trouvent leur prolongement dans les poussières d'étoiles, belle métaphore du lien entre le mystique et l'action violente à l'oeuvre dans le film. Et cette vision d'un monde d'avant la civilisation a un écho dans le travail sur le son: bruits de criquets,percussions donnant un coté primitif au film. Quant aux combats, ils sont portés par de belles idées: le combat à deux sabres contre une lance, l'utilisation des arts martiaux lorsque l'on est désarmé et de la foudre dans un final soufflant. Sauf que le film n'est pas de défauts non négligeables: lors de ses scènes de combat, le film confond trop souvent accélération pour rendre compte du chaos et de la rage barbare des combats avec montage brouillon. On mentionnera aussi un usage lourd des battements de coeur lors d'une scène de combat ainsi qu'une citation malvenue de the Streetfighter (les plans de l'intérieur du corps hors de propos).

Mais au final, c'est l'ambition folle du projet, la photographie superbe, les excellentes prestations de Nagase Masatoshi, Asano Tadanobu et Ryu Daisuke, la mise en scène le plus souvent excellente qui emportent le morceau et font de Gojoe une réussite.



05 décembre 2001
par Ordell Robbie




Le choc !

En Europe, lorsqu'un réalisateur auteurisant décide de s'attaquer à un film de genre, cela ne donne pas de résultats particulièrement heureux (voir Cédric Klapisch ou Eric Rochant). Surtout qu'à de rares exceptions, le "genre" est tombé en désuétude et regardé de manière malsaine dans ces cinémas nationaux, lâchés en pâture aux "tueurs d'Hollywood". Au Japon par contre, il existe une longue tradition du film de genre, avec de nombreux genres nationaux (contrairement à l'Europe), qui malgré sa mort annoncée depuis une bonne décennie ne se décide heureusement pas à rendre l'âme et perdure malgré l'apparente désaffection du public local et la presque impossible exportation.

Ainsi, alors que son Labyrinthe des rêves ne le prédestine pas vraiment à signer Gojoe, voici Sogo Ishii, plus bête de festival que cult-addict, aux commandes de ce qui se révèle être le seul vrai revival du chambara de ces cinq dernières années.

Grâce à certains cinéastes qui ne sont rien d'autres que les plus grands de l'histoire du cinéma, le chambara a assuré sa supériorité cinéphilique face à son petit frère le wu xia pian, considéré comme un objet moins noble et plus trivial. C'est vite oublier que ce lourd héritage s'effrite parce que depuis ces oeuvres monumentales et incontournables, ceci fait de trop nombreuses décennies que le chambara a perdu de sa superbe par manque d'héritage raisonnablement assuré.

Entre temps, Tsui Hark a sorti The Blade, monumental revival du wu xia pian, qui remet les choses en questions, à l'heure où les chambaras adorés font déjà partie du siècle dernier. Il n'en fallait pas plus pour enterrer le chambara actuel, plutôt malméné par des studios sans scrupules, mélangeant dans des films peu ambitieux des samourais, des ET et des filles dévêtues, pour des otakus peu exigeants.

Quand Gojoe débarque, Tsui Hark avait déjà fait bien des ravages. Et la claque n'en est que plus forte. Dès l'introduction, avec un sujet presque similaire, Le pacte des loups fait lui-même déjà figure de petit. The Blade est finalement le seul pouvant jouer dans la même catégorie. Visuellement impressionnant, Gojoe épate et excite l'oeil de façon magistrale, et ce, sans chercher absolument l'idée anthologique (comme le pseudo-plan-séquence dans les flammes dans Time and tide). La puissance formelle qui se dégage de cette oeuvre baroque laisse au spectateur une impression de petitesse (et c'est là même l'un des thèmes du film). Tant d'exigence et tant de maestria relèguent ainsi les fleurons de tous bords à la cour de récré, surtout que le directeur de la photo Makoto Watanabe réalise ici un époustouflant travail sans précédent.

De plus, alors que Hong-Kong traîne toujours son pêché mignon et ce, même dans les grosses productions (ie des SFX légers), ici tout est maîtrisé, rien n'est approximatif. Les scènes de massacres et de batailles sont fabuleusement illustrées : et si les gars Yuen et consort sont imbattables sur le sujet, le style chambara trouve ici un nouveau souffle qui ne singe pas ces derniers mais est tout aussi vibrant. Ce VRAI revival reprend les fantasmes des chambaras passés (sabreurs taciturnes, monstre invincible) et les redessine au goût du jour. Les plans, les décors, les costumes, la musique sont fabuleux. Même complètement dénué d'humour et de personnages féminins, le film n'emprunte pas le même chemin viril qu'un Kozure Ogami et s'oriente au milieu d'innombrables massacres gore incommensurables et un final mo-nu-men-tal vers un récit empreint d'humilité. Seule ombre au tableau, la complexité extrême et les presque quarante minutes qui manquent à la version internationale, qui empêchent de saisir l'intégralité de l'histoire. Mais même sans cela, on en redemande sans hésiter !

10 novembre 2001
par Chris


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