Godzilla contre monsieur Sale
Bonne première moitié, bon trip psychédélique et troublante résonance avec ce mois de Mars 2011 puisque le monstre ici présent est assez original. Hedora est un têtard / amas de boue, minéral et évolutif qui se nourrit des déchets toxiques, des gaz de centrales, des nappes de pétrole et de toute la pollution que l'Homme peut créer, une véritable création née de cette pollution. Informe bête aux énormes yeux rouges globuleux, il se transforme tour à tour en poisson géant sombreur de pétroliers, en amphibien suceur de fumée industrielle puis en soucoupe volante cracheuse de gaz mortel avant de terminer sur 2 pattes balançant quelques plus conventionnels rayons rouges explosifs. Se répandant sur les eaux comme sur terre sous forme de giclures de boue chargées d'acide sulfurique, Hedora est si explicite et affamé qu'une protagoniste ira même jusqu'à affirmer : "mais si Hedora restait, il n'y aurait plus de pollution !"...
La deuxième moitié, en grande partie le combat entre Godzilla et Hedora est vraiment, vraiment lente, molle et plate ce qui rend malheureusement la chose plus difficilement supportable. Dommage, car cette première moitié très groovy 70's est constellée de petites perlouzes inventives : une expérience de têtards qui fusionnent, une scène de discothèque monstrueusement psyché, des petites animations ludo-scientifiques ultra didactiques mais marrantes, des plans étonnamment bien composés, un mini Woodstock Nippon. Et j'oublie le pétage de câble final de Godzilla qui vaut aussi le détour. Il reste donc et tout de même quelque beauté cachée à ce 11ème Godzilla sous ses bons airs de navet.
Peace and love..... and Godzilla!
Il faut saluer l'audace de ce film qui essaie de faire plus original que le traditionnel: des extraterrestres, ou un vieux monstre sorti d'on ne sait où, et cherche à nous rappeler que la terre ne devrait pas être une poubelle géante.
Audacieux est tout à fait le mot pour qualifier ce délire kitchissime preque totalement assumé. Bourré d'idées sympathiques, et d'images qui à l'époque devaient être choquantes, il se nourrit des problèmes environnementaux, et me rappelle à ce titre énormément la bd Daredevil, période Nocenti, avec ses clips contre la pollution. Il n'y a qu'à voir le ciel noir de fumée, visuellement (et même dans le propos) le film reste plutôt sombre, et bien plus intéressant de ce point de vue que ses frères.
Les idées de mise en scène ont pour la plupart vieilli, et prête souvent à rire, mais il y a de la recherche, il n'y a qu'à voir le plan d'une horloge dans de l'eau moisie, qui sonne à la fin du générique (subtile métaphore...), où l'arrivée de Godzilla sur fond de soleil levant, imposant le lézard comme le contraste de Lucky Luke. On rit cependant moins à cette nouvelle arrivée, le réalisateur semblant avoir conscience du ridicule du costume, il a ajouté une musique de cirque à chaque apparition du monstre, ce qui fait ridicule assumé et rend l'ensemble moins drôle.
On a droit à quelques autres surprises plus savoureuses, comme les chansons écologiques (celle du générique n'ayant pas de sous titres, on se rend compte que les paroles japonaises tombent pile en même temps que chaque nom du casting ce qui est très drôle à voir.) Durant ces chansons aux paroles pleines de sous entendus ("où sont passés les oiseaux, les poissons? rendez nous la nature!") on peut admirer les splendides chemises à fleur, les coupes de cheveux très design, et les superbes costumes de scène de la chanteuse.
D'ailleurs les acteurs ont l'air très convaincus dans leur rôle, et nous assène leurs répliques niaises avec beaucoup de conviction (à part le petit qui pourrait rentrer en compétition avec le gamin de "rumble in the bronx" pour le titre de meilleure savate).
Admirons aussi les petits dessins animés (aux dessins dignes de Terry Gilliam) qui nous montre que la pollution c'est pas bien, et comme dit le petit "le pipi aussi ça pollue".
Il est intéressant de voir que Godzilla, qui est né de la radioactivité, se bat pour la survie d'une nature saine. On peut être un peu déçu par les combats d'ailleurs, moins brutaux que d'habitude.
Les humains trouveront une parade à leur propre bêtise en se réunissant sur une falaise pour bruler les déchêts et jouant de la guitare élecrique et en dansant (on croirait presque Woodstock) avec leurs chemises à fleurs.
Finalement, on se dit que le message passe malgré tout assez bien (en tout cas pour l'époque), grâce à des images fortes, et malgré le kitch, c'est sans doute l'un des Godzilla les plus réussis. Bref à voir pour rire un peu, mais pas à dénigrer tant que ça.
Plus écolo que jamais...
Moi j'ai bien aimé cet opus assez sombre, tant au niveau du propos que des images. Le monstre Hedora est intéressant. Né de la pollution engendrée par les hommes, il nage, rampe et vole en intoxicant tout le monde. Heureusement, Godzilla est là pour nous sauver, mais à l'avenir ne polluons plus sinon d'autres monstres viendront. C'est naïf mais le propos me plaît et anticipe sur les images de pollutions actuels (marées noires entre autre).