Le shôjô-manga dans toute sa splendeur
Dans Waterboys, des garçons s'essayaient à la nage-synchro avec beaucoup de succès malgré les brimades. C'est terriblement drôle et particulièrement couillon. Dans Give it all, des nymphettes aux cuisses de grenouilles (sauf une) tentent désespérement de monter une équipe d'aviron et personne ne se presse pour les aider. Deux versions d'un thème similaire : le manga shônen et le manga shôjô. Les garçons de la piscine font beaucoup de conneries et se sont lancés là dedans pour impressionner une chouette minette. Ici, les motivations sont plus raisonnées et beaucoup plus fines.
Est-ce pour autant une raison pour sortir les étiquettes "drame larmoyant pour jeune fille en mal de petit copain" ? Pas du tout ! Surprise extrêmement agréable, Give it all est aussi terriblement drôle. Bien sûr, ici ni coiffure afro ni entraînement délire sur le dancefloor, l'humour utilisé ici est infiniment moins graphique mais tout aussi efficace (tout en étant moins omni-présent évidemment !). Celui qui s'attendait donc à du Niagara lacrymal se surprend donc à rigoler franchement devant les aventures passionnantes de ces donzelles dynamiques.
La structure narrative efficace d'un Jeanne et Serge vient se greffer sur ce récit léger mais hautement passionnant. Les personnages sont très bien écrits et aussi bien interprétés. Pour qui sait apprécier les bienfaits des shôjô-manga, Give it all est un excellent moment, révélant le talent déjà monumental de Rena Tanaka ainsi que le charme et la beauté impressionnants de Tomoko Nakajima. A certains moments, on se sentirait comme devant un Olive et Tom de l'aviron, et ce qui serait ridicule dans un mélo occidental est fabuleusement mis en images par le réalisateur de Asatte dance, qui sait aussi exploser les limites et contraintes du genre sportif made in Japan pour réserver de nombreuses surprises et conserver un intérêt constant voire crescendo (quelle fin !).
Film sportif et mélo rigolo, Give it all fait donc mieux que Trois zéro ou Les petits champions et apporte une strate de lecture supplémentaire en décrivant malicieusement les fantasmes japonais d'accomplissement de soi et de détermination. Indispensable ?
01 juillet 2002
par
Chris
Mignon... et puis?
Que dire d'un pareil "divertissement", volontaire, innocent et ciblé, doté du charme d'un shojo manga, vu d'un oeil de cinéphile exigeant? Si on aime le shojo manga, on saura apprécier un minimum ce "Ganbatte Ikimashou".
Je dis un minimum... car même pris dans son genre, "Give it All" fait preuve de nombreuses lacunes: petite love-story inaboutie (c'est la vie, d'accord...), personnages secondaires laissés en plan (la grand mère amusante mais zappé, le premier amour de l'héroine très peu travaillé, le mystère sur la coach jamais révélée, sans compter les persos des camarades déjà vus), réa de série b (quelques petits ralentis sympas mais beaucoup trop de plans fixes frustrants), même musique simpliste trop récurrente... c'est loin de satisfaire l'amateur rompu aux mangas de Mazakatsu Katsura. De plus, dans ce genre de films, on s'attend inévitablement à une fin larmoyante, et belle comme Rasta Rockett. Même pas! l'absence de climax confine "Give It All" au bord de l'ennui... Give it que dalle, oui!
Mais bon... Tanaka Rena, plutôt kawaii (sans être belle), fait preuve d'une maturité bienvenue. Son talent naissant et celui de Tomoko Nakajima sauvent le film de la banalité obscure pour midinettes en manque.
Mignon... et c'est déjà ça!
L'important n'est pas de gagner...
Une autre incursion dans le domaine de la réussite sportive : une équipe féminine d'aviron partie de zéro tente à tout prix de remporter une course inter-lycées.
Schéma connu de différents éléments extraits de leur environnement naturel pour s'attaquer à un sport moins bien connu et plus particulièrement réservé aux hommes.
De la difficile composition d'une équipe, en passant par les séances d'entraînement, des intrigues parallèles se surajoutent à la voie toute tracée de la victoire finale.
Au contraire d'autres exemples récents de films de même genre, ITSUMICHI s'attache moins à vainement brosser le portrait caricatural des différents individus composant l'équipe - que ce soit de manière loufoque ("Water Boys") ou plus formatée ("Sumo do, sumo don't") - il se concentre quasi exclusivement sur sa seule protagoniste principale. Est evidemment abordé la volonté de se surpasser, mais pas seulement : Etsuko est une adolescente comme une autre; ses difficiles relations avec ses parents et le spleen de l'adolescence ne lui donnent autre raison de vivre que sa seule passion de l'aviron - du moins doit-elle encore faire le difficile apprentissage de la vie et de trouver du positivisme dans d'autres facettes du quotidien. Ses blessures physiques la rappellent bien évidemment à l'ordre, mais ne font que la faire sombrer d'avantage dans son mal-être.
La coach féminine en face ressemble à une Etsuko grandie trop vite, qui n'a jamais pu se débarrasser de ce même mal-être; si son passé ne sera jamais relevé, il est facilement devinable.
C'est une autre force du film : au lieu de se complaire dans un simple spectacle familial et populaire pré-mâché, beaucoup de choses s'expriment par des silences et non-dits, magnifiquement exprimés par les seuls inserts de plans fixes parlants par eux-mêmes.
En contre-partie, el réalisateur choisit tout de même la facilité en introduisant trop d'éléments insuffisamment traités, comme les personnages des parents, de la sœur adulée d'Etsuko ou de l'amoureux (transi ? passé ? timide ?).
Quant aux autres filles de l'équipe, si elles ne sont peut-être pas assez présentées pour être réellement attachantes, elles ont au moins le mérite de ne pas être de caractères stéréotypés habituels des autres films du genre, mais des simples adolescentes tout à fait normales.
Divertissement tout à fait réussi, où la preuve ultime est faite, que '"l'important n'est pas de gagner".