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Gama Shelter Ginger Flower

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Bastian Meiresonne 4


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Réalité étouffante

Ce film a été pensé à l'initiative même des habitants d'Okinawa – et notamment après avoir attiré une première fois le regard de la scène internationale en inaugurant en 1995 le magnifique site à la mémoire des 23.000 morts (de toutes nationalités) durant la Seconde Guerre Mondiale. Pour prolonger leur effort à se souvenir du drame humain ayant frappé forces, alliés et ennemis, ils pensent donc faire un film entièrement centré sur le témoignage des leurs, réfugiés dans des grottes typiques de corail de l'île. S'abritant des bombardements, ils ont été plus de 80.000 à avoir vécu dans ses souterrains naturels. Cette proximité entre civils et ennemis a forcement donné lieu à certaines tragédies humaines – et ce sont justement quelques-uns de ces douloureux épisodes, souvent passés sous silence, qui ont été recrées ici. La production mettra dix ans à être complétée; de 1996 à 2006. Le film – franchement réussi – a d'autant plus de mérite d'exister au milieu de l'actuelle remontée d'un nationalisme nauséabond à travers des superproductions de guerre à la gloire du patriotisme nippon; voire même la terrible "injustice", d'avoir eu à perdre et à subir les bombes atomiques. Non pas que cette dernière hérésie humaine ait été une justice; mais certains dirigeants japonais devraient vraiment faire leur MEA CULPA avant de fausser l'image aux nouvelles générations. "Gama" ne s'embarrasse d'aucun faux-semblant; au contraire, certains épisodes sont d'une cruauté revendiquée insoutenable – et notamment dans la dernière partie du film, dévoilant finalement l'horrible secret de la protagoniste principale. Et quel secret. Le film est magnifiquement éclairé et mis en images. Les rôles varient en fonction du jeu des acteurs; tous ont néanmoins tendance à reproduire le jeu légèrement théâtral des productions de l'immédiate après-guerre, contribuant davantage encore à donner à cette œuvre un côté suranné…et, par moments, de rappeler les meilleurs exemples de films de guerre (dénonciateurs), tels que "Red angel", "Des feux dans la plaine" ou "La Harpe de Birmanie"… Un film important, qui se doit d'être vu par le plus grand nombre pour se faire une meilleure idée des réelles ravages d'une Guerre sous n'importe quel prétexte. (ou "Il n'y a pas de Guerre Sainte", comme disait Imamura).

19 février 2007
par Bastian Meiresonne


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