Un mélange de Shojo et d'aventure avec une pointe d'humour
Un classique parmi les classiques: que des beaux garçons (presque efféminés) et des grands yeux à tous les coins de page. Et devinez quoi ? L'héroïne se trouve transportée dans un monde parallèle où elle va devoir accomplir une mission importante. Du déjà-vu ? Juste un peu dans Magic Knigth Reyearth, Escaflowne et plus récemment Inu Yasha. Toutefois l'histoire n'est pas désagréable pour autant, bien au contraire. Ce qui relève bien le niveau, c'est le coté garçon manqué de Miaka, qui apporte une pointe d'humour et rend le scénario plus attrayant pour les lecteurs masculins.
Sur le plan graphique, c'est vite vu aussi. Les visages des personnages doivent prendre tellement de temps à dessiner (yeux, cheveux, ...) qu'il ne reste plus grand chose pour le reste. les décors ne sont présents qu'une case sur deux et se limitent le plus souvent au simple nécessaire. Mais c'est le style qui veux ça.
Un must du shôjo manga
Considérée par beaucoup comme l'œuvre de référence de Yuu Watase, Fushigi Yugi est un shôjo manga qui vaut vraiment le détour, pour peu que l'on ne soit pas complètement allergique aux histoires d'amour tumultueuses. Ce manga a en effet beaucoup d'atouts pour séduire un public non seulement féminin mais également masculin.
Première raison du succès : l'humour qui est très très présent et assez irrésistible. Watase aime partir dans des délires visuels et réussit vraiment à entraîner le lecteur dans ses petits trips, le prenant souvent par surprise au détour d'une case à grands coups de perso en SD et d'yeux excessivement ronds. Il faut dire aussi que Miaka est une très bonne cliente. Dès les premières images, le ton est mis : Miaka ne pense qu'à la bouffe. Sa devise : "jamais le ventre vide" et, dans le genre comique de répétition, on ne se lasse pas de voir ses yeux s'arrondir et sa bouche se mettre à baver à la moindre apparition de beignet dans son champ de vision. Il en va de même pour de nombreuses petites phrases glissées dans les coins de cases et qui détendent tout de suite l'atmosphère après de grandes scènes particulièrement difficiles. Cet aspect de l'œuvre laisse déjà un bon souvenir dans les esprits mais sans un bon scénario et des personnages particulièrement bien construits ça ne marcherait sans doute pas aussi bien.
Watase dit avoir eu l'idée de Fushigi Yugi tout au début de sa carrière mais à l'époque son éditeur n'avait pas été très convaincu. L'histoire a donc eu le temps de mûrir au fil des années et l'auteur n'a pas hésité à potasser pour rendre son univers crédible au niveau des décors et des costumes même si elle avoue avoir eu parfois la flemme de recopier tout à l'identique et avoir simplifié pas mal de motifs. Vu le résultat, on ne lui en tiendra pas rigueur. Car même si le découpage et le dessin sont encore un peu chargés par rapport aux oeuvres actuelles de Watase, on reconnaît déjà bien son coup de crayon, encore un peu jeune mais déjà tellement fin, précis et cohérent tout au long des 13 volumes de la première partie. Son univers est tellement bien construit que l'on en oublie rapidement que l'on est dans un livre à l'intérieur du livre. Aux décors se rajoutent les personnages avec un monde très masculin peuplé de jeunes hommes tous aussi beaux les uns que les autres, à la frange dans les yeux et aux traits fins et légèrement féminins, comme dans tout bon shôjo qui se respecte. Ne serait-ce qu'avec les 7 étoiles de Suzaku, il y a déjà suffisamment de visages et de caractères différents ainsi que de passés dramatiques pour que chaque lectrice féminine y trouve son préféré (Aller, je l'avoue, c'est Nuriko en ce qui me concerne). Même dans les étoiles de Seiryu, qui sont tout de même censées être les méchants, il y en a peu qui n'ont pas bénéficié d'un traitement de choix. (Que les fans de Nakago lèvent la main).
Courage, détermination, dévouement. Voilà les mots d'ordre pour les chevaliers de Miaka, jeune fille innocence, un peu bêtasse par moment et un peu garçon manqué à d'autres. Qu'on se rassure tout de suite, la damoiselle va beaucoup mûrir au cours de sa quête. Et comme on n'est pas chez Kastura ou tout autre auteur qui aime faire durer le plaisir de la découverte des sentiments pendant des plombes, au moins là c'est clair, Tamahome et Miaka sont des âmes sœurs dès le premier tome et la trame de l'histoire va être leur histoire d'amour compliquée. C'est sans doute l'aspect "Je t'aime mais il ne faut pas, c'est mal mais je ne peux pas te résister donc je m'en vais loin de toi oh mon amour...blablabla et bla" de la relation entre les deux tourtereaux qui va en énerver plus d'un. Pour patienter, ils pourront toujours se rincer l'œil avec Miaka en petite culotte toute poitrine dehors. Pour les autres, on trouve déjà certains schémas de mise en scène que l'on retrouvera par la suite dans les autres œuvres de Watase. Comme la dynamique lors des scènes de baisers qui font pulser l'adrénaline dans les veines du lecteur. C'est clairement un phénomène qui ne se produit pas dans n'importe quel shôjo manga.
L'histoire ne se résume bien-sûr pas à la vie amoureuse de nos deux héros. Dans son rôle de prêtresse, Miaka a la lourde tache d'invoquer le dieu Suzaku afin de sauver le pays de Kônan d'une guerre certaine, tout en n'oubliant pas de sauver sa meilleure amie Yui qui n'a pas eu la chance de tomber du côté des gentils. Certains passages sont particulièrement dramatiques et Watase ne recule devant rien pour donner du piquant à son histoire. Ça viole, ça tue des innocents, ça trahie, ça se bat, ça saigne. Les personnages se déchirent. C'est triste, c'est beau, on pleure, on rit, on vibre, on tremble. On peste contre les énièmes rebondissements de fin de tome et on tombe dans le piège parce que, mine de rien, Watase est une sacrée scénariste et sait rebondir à merveille. Et quel beau final à cette première partie. J'en aurais presque encore les larmes aux yeux tellement ce passage est émouvant.
Alors, c'est triste à dire mais ça aurait été sans doute mieux si Fushigi Yugi c'était arrêté là, au 13ème tome. Car même si, dans la deuxième partie (aussi appelée Eikoden), les personnages sont sensiblement plus vieux en apparence et que le dessin semble alors plus mature, ça fleure fort la commande d'éditeur qui veut profiter du bon filon. Même Watase qui était déjà étonnée de faire plus de 10 tomes, est épatée de faire revivre ses personnages dans une seconde partie. Alors bien-sûr ça se laisse lire mais les rebondissements sont nettement moins palpitants et la fin est bien moins belle que celle de la première partie. Certes ça permet aussi d'inverser les situations et d'amener le monde des "Ecrits des 4 Dieux" dans le monde de Miaka mais était-ce vraiment nécessaire ? Le résultat est un espèce de mélange entre Dragon Ball avec la recherche de 7 boules et de jeux vidéos et ce n'est malheureusement pas à la hauteur de la première partie. Maintenant il reste à espérer que la préquelle Genbu Kaiden saura nous replonger dans l'univers de Fushigi Yugi en nous faisant profiter de l'expérience acquise par Watase pendant les 10 ans qui séparent les deux œuvres.