C’est un Nishimura Shogoro en forme que nous retrouvons avec ce troisième opus de la série des Flower and Snake. Enfin, la forme en question c’est d’avoir réalisé dans la foulée de Sketch of Hell ce Punishment, comme si la Nikkatsu et le cinéaste étaient conscients d’avoir entre leurs mains la poule aux œufs d’or qui pourrait freiner le sévère déclin du genre roman porno. Dommage d’avoir oublié en chemin de faire un peu de cinéma, juste un peu, et d’étaler un peu trop grossièrement les humiliations à la pelle plutôt que de structurer une véritable intrigue. En elle-même, l’histoire n’apporte pas grand-chose de plus au roman porno, un homme d’affaires refuse de prêter de l’argent à l’un de ses anciens collègues, lequel met en place l’idée de kidnapper sa femme avec l’aide de la bonne pour la faire jouer dans un porno amateur fait à la va-vite. D’ailleurs, il n’y a ici point de « film dans le film », le cinéaste n’essayant même pas de manger à tous les râteliers histoire de questionner entre deux scènes de pisse, le statut de réalisateur de film pornographique et le rapport à l’argent. Trop lourd, trop intellectuel.
A croire que Nishimura aime se complaire dans le respect des cahiers des charges : une scène de fesses –ou plutôt d’humiliation- toutes les dix minutes, 71 minutes de péloches, scénario prétexte. Le respect à la lettre du roman porno de base ferait presque froid dans le dos, créant un espèce de malaise à l’écran. Il y avait pourtant de quoi rire maintenant à notre époque avec les délires peu baroques du metteur en scène : un sosie de Wakamatsu humilie l’épouse kidnappée en lui raccourcissant la toison, la caméra à hauteur du fessier de la jeune femme filme le visage curieux de l’homme plutôt satisfait de son travail. Mais il manque à ce genre de séquence la distance et l’ironie nécessaires pour faire de ce Punishment autre chose qu’une punition. La pénétration au knacki ou le gavage d’eau pour que la victime s’en libère immédiatement font davantage penser à un défilé complètement désaxé de saloperies plutôt qu’à de réelles idées aboutissant ainsi à des idées de cinéma : la mise en scène particulièrement plate n’arrange rien, et ce n’est pas ce dernier plan gratuit esthétisé qui nous aura. Un rape movie sans le revenge, c’est tout de suite moins sympathique.