drélium | 1.75 | Caricature de Sasori |
Xavier Chanoine | 1.75 | Parfois halluciné comme involontairement drôle et ridicule |
Ordell Robbie | 1.75 | NATSUKI n'égale pas KAJI et KOHIRA filme en ITO du pauvre. |
Deuxième incursion de Kohira Yutaka dans l’univers des cellules moites du Japon rendues célèbres avec la série des Sasori, le cinéaste n’a visiblement pas encore décidé de faire du cinéma, le film étant une accumulation de bizarreries formelles et narratives oscillant entre le nanar le plus décomplexé qui soit et le film d’exploitation usant de ses thématiques jusqu’à plus soif. On retrouve les classiques séquences de torture ici poussées très loin sur la longueur sans pour autant être « osées » (on a vu bien pire chez Suzuki Norifumi avec Terrifying Girls' High School: Lynch Law Classroom par exemple) et même si elles ne représentent qu’une infime partie de l’intrigue, leur présence finit par lasser même le spectateur le plus cool. A titre de comparaison, l’interminable course-poursuite en pleine nature, faisant office de dernier tiers, ne propose rien de palpitant ni de transcendant formellement bien qu’atrocement étirée sur la longueur. Le cinéaste a beau intégrer quelques éléments classiques et plutôt drôles du road-movie clandestin (l’échange des vêtements avec les autochtones du coin) rappelant les bandes nanar exotiques que l’on trouvait par paquet à cette époque, rien n’y fait et le film n’y gagne ni en tension ni en intérêt. D’ailleurs cette saga a gravement perdu en intérêt depuis l’absence définitive de Kaji Meiko, rien de plus normal lorsque l’on sait que tout le charme des films reposait essentiellement sur les épaules de l’actrice en dépit des qualités louables, esthétiques et narratives, que l’on devait à Ito Shunya. Cachot X débute sur le retour de Nami en prison, retrouvée par les sbires d’un agent de sécurité redoutable. Cette dernière va essuyer les humiliations de ses compagnes de cellule sans que les agents ne fassent quelque chose, logique lorsque le directeur de la sécurité s’est juré d’en finir avec cette « pomme pourrie » qui risque de contaminer tout le panier si on ne la jette pas.
Les métaphores ne manquent pas dans Cachot X, bobine d’exploitation à la finesse d’un sanglier ardennais, enchainant les séquences que l’on a déjà vu auparavant dans la série avec un sens de la répétition quasi exclusif à la saga. Rien à faire, impossible d’éprouver grand-chose face au sort de Nami (Natsuki Yoko, très loin d’égaler Kaji Meiko en charisme et en beauté) et d’éprouver quelconque haine face aux autres prisonnières et policiers dans la mesure où chacun fait preuve d’un comique détonnant. Les compagnes de cellule de Nami sont toujours aussi chiennes, mais cette fois-ci les forces de l’ordre remportent le pompon, il n’y a qu’à voir l’un des hauts dirigeants de la prison parler sérieusement tout en faisant des exercices d’étirement pour se convaincre du ton involontairement léger ruinant les principes mêmes de la saga : dépeindre la prison comme un lieu de corruption et de non-droit, préparer la vengeance, souffrir pour échapper au pire, et faire de chaque climax un authentique lieu de délire visuel se rapprochant du giallo (attendre au coin d’une rue que la proie s’approche d’une lame de rasoir). La plupart des climax de chaque épisode était un vrai moment de plaisir jubilatoire, ici il n’en est rien malheureusement, rien de bien étrange car Cachot X est le premier vrai nanar de la saga, celui qui se rapprocherait le plus d’un Suzuki Norifumi peu inspiré qui accumulerait les gaffes dans un pur esprit bis assumé. Ici, le bis ne respire qu’à travers les personnages grand-guignolesques peuplant le film, entre le chef du pénitencier lâche et amateur de chair fraîche, la jeune terreur aux lunettes de motard grimaçant pour avoir un air menaçant (il faut le voir pour le croire), ou la pauvre petite sœur de sang de Nami au sort dramatique. La musique a peut-être son petit rôle dans l’esprit bis du film, mais rien de transcendant, la mise en scène de Kohira étant aussi incohérente dans tous les domaines : comme un gosse, le cinéaste s’essaie à tout un tas de mouvements de caméra sans logique (le montage est un modèle de gaffes), sorte de copycat sous cellophane de ce que Ito Shunya faisait en bien mieux. Le film semble d’ailleurs moins bien filmé que Prisonnière 701, comme ça c’est fait.
Mais attention, tout n’est pas à jeter dans Cachot X, on est juste très déçus de la nouvelle trajectoire prise par la saga (on y apprend d'ailleurs que Nami était une ancienne infirmière!). Le fait que la première moitié du film soit aussi bizarre et aussi hystérique par moment peut remporter des suffrages auprès des spectateurs occasionnels qui débarqueraient sans rien savoir : les flash-back sont affligeants mais baignent dans une atmosphère quasi satanique, très proche de celle que l’on trouvait chez Nakagawa Nobuo ou Ishii Teruo, et les effets particulièrement cheaps (le cinéaste étant incapable d’incruster des idéogrammes à l’écran, il les collent sur une vitre et la bouge de droite à gauche pour le défilement, hallucinant) et autres faux décors affluent dans un pur esprit libéré de toutes contraintes artistiques. Les mannequins en peluche pour les personnages jetés dans le vide sont aussi une marque de ce que le cinéma bis italien faisait de plus navrant, mais aussi de plus drôle. Les producteurs de la Toei s’en contre-fichent pas mal, l’essentiel est de perpétuer la saga sur des années (elle continue même aujourd’hui), aubaine financière exempte de quelconque restriction artistique. Dommage, avec un bon cinéaste aux commandes et une vraie actrice charismatique, La Femme Scorpion aurait pu planter son dard dans bien des cœurs.