Dernière entente cordiale entre Nakagawa Nobuo et le Studio Union Eiga pour les comptes de la saga des Treize nuits de la terreur, L’Éventail de l’amour tragique et son sévère titre boucle la boucle. Pas difficile de trouver les raisons pour affirmer que cet épisode est l’un des meilleurs de la saga et de loin, par ses qualités esthétiques et narratives réussissant à tirer un matériau original pas vraiment fameux vers le haut. Et une fois de plus, après le macabre Peigne sanglant, Nakagawa Nobuo persiste dans les menues prises de risques nécessaires pour donner un coup de cravache à une saga contenant quelques morceaux intéressants mais jamais renversants sur le plan formel, en dehors des excès baroques et sanglants d’un Ishii Teruo appliqué. Même un peu brouillonne, la belle introduction contemplative et ses vas et viens latéraux sur les bords de rive en forme de plan-séquence attire le regard, étonne. On est à la télévision et la rigueur de la mise en scène est digne d’un long métrage d’époque en costumes. Nakagawa Nobuo sait ce qu’est une composition du cadre et le démontre ici avec certains tableaux d’intérieur particulièrement réussis.
Nous parlions de matériau de base pas fameux, Oyuki se marie avec le ronin Yoshiro après que celui-ci ait récupéré son éventail volontairement mis à l’eau par la jeune femme. Leur relation va durer une dizaine de jours avant que Yoshiro se sente dans l’obligation d’aller trouver du travail, pour le bien de sa future famille. Mais cette absence aura un prix : Oyuki ne pourra supporter plus d’un an sans son jeune époux et pour rester auprès de lui, elle lui confiera son fameux éventail. Mais sans raison particulière, son absence s’éternisera au-delà de trois longues années, laissant Oyuki seule, enfermée dans son chagrin et sa maladie. Ces trois longues années n’auront pas été bénéfiques pour un Yoshiro qui aura troqué son habit de samouraï pour celui de clochard, avant qu’un beau jour, sa rencontre hasardeuse avec une jeune femme issue d’une famille aisée ne clôt définitivement la page Oyuki. Une épouse déçue et mourante, son éventail, tous les ingrédients sont là pour anticiper largement ce qui va se passer. Une fragilité compensée par une forme solide et une narration qui, malgré les obligations du format télévisuel, sait prendre son temps. D'où cette sensation d'être en face un épisode pas si effrayant, manquant de rythme, mais paradoxalement c'est bien cette lenteur et cette faculté de ne pas vouloir précipiter les choses qui donnent tout l'intérêt à cet opus. On rappelle que le scénariste Yahiro Fuji a travaillé avec Misumi Kenji, Ito Daisuke, Inagaki Hiroshi ou encore Mizoguchi Kenji, parmi tant d’autres. Tout de suite, ça calme.