Ghost Dog | 2.5 | Ermo, une femme chinoise... |
Dans la lignée du cinéma du grand ZHANG Yimou, voici Ermo de Zhou XiaoWen. Le moins que l’on puisse dire, c’est que ce film comporte à bien des égards des similitudes avec Qiu Ju par exemple, et le cinéma traditionnel de Chine populaire en général : en prenant le cas d’une paysanne vendeuse de nouilles tressées qui doit se battre chaque jour pour faire survivre sa famille (un fils de 8-10 ans et un feignant de mari qui passe son temps à la maison sans rien faire), XiaoWen a pris le risque du déjà-vu (en mieux) même si c’est une cause noble qu’il défend et dénonce : la condition de la femme chinoise, sur les épaules de laquelle tout l’avenir de la famille semble tenir, et l’effet de la mondialisation dans les campagnes au moyen de cet objet de culte moderne, j’ai nommé la Télévision…
Et ce n’est pas au point de vue mise en scène que l’on sera époustouflé par le souffle d’originalité régissant ce film : reproduisant les schémas classiques de nombreux autres œuvres chinoises récentes, à savoir (im)planter une caméra dans une enceinte familiale subissant le régime en place plus que le renforçant, le cinéaste a fait un choix, celui de filmer de façon « juste » et sans effets dramatiques quelques moments de ces vies pas toujours faciles à vivre (voir la tête d’Ermo à la fin du film, sur les rotules après tant d’efforts pour dégoter une TV qui ne diffuse que les programmes formatés, faux et estampillés US, contrairement au film qui la met en scène). Ca peut rebuter certains spectateurs, mais ça aura au moins le mérite de concentrer l’intérêt du film sur son propos et sur ses acteurs qui, non professionnels pour la plupart, remplissent admirablement leur tâche.