Power Rangers
Yukol, la "voix de la raison thaïlandaise" use une nouvelle fois de son statut privilégié de membre de la famille royale pour aborder un sujet délicat du système dans ce qui est aujourd'hui considéré comme un "classique" de l'Histoire du cinéma de son pays. "The Elephant Keeper" aborde le déboisement sauvage des forêts (de tek) du pays, qui entraînent des graves perturbations écologiques pour le seul appel de l'argent. Si plus de la moitié de la Thaïlande était encore une zone boisée avant la seconde guerre mondiale, n'en subsistent aujourd'hui plus que 20% - et ce discours d'introduction date quand même de 1987…
L'histoire principale prend place en 1967, une période à laquelle les déboiseurs illégaux ne se contentaient plus de simplement fuir à leur découverte par les gardes, mais à tenter de les tuer pour continuer à mener leurs activités illégales. Un travail mené au périple de leur vie, pour un salaire de misère et sans aucun véritable soutien de l'Etat: les têtes pensantes pouvaient agir en toute illégalité en raison de leur notoriété et la police était souvent corrompue et relâchait les principaux suspects sous prétexte de "preuves insuffisantes".
Yukol en tire donc une sorte de fable, où des affrontements dans un pur style de western (et annonçant ceux de son futur "Gunman 2") s'opposent à une conclusion fantasmée incroyable, impliquant un éléphant. Jamais cet animal majestueux n'aura-t-il connu de meilleure exposition que depuis "Chang l'éléphant" et la scène finale est tout simplement in-croy-able.
Quant au reste, Yukol ne convainc pas toujours. Sa mise en scène n'est pas des plus inspirés, le rythme très irrégulier et le scénario pas assez tendu. Il aurait été salutaire de couper une bonne vingtaine de minutes, de re-centrer l'action et d'éviter certaines répétitions inutiles. Aussi la relation particulière entre le garde forestier et Boonsoong aurait-elle mérité meilleur approfondissement.
Reste quand même un film profondément thaïlandais et absolument unique en son genre.
