Voir pour croire
Parallèlement à sa riche carrière de réalisateur, Satyajit Ray est également l'auteur de bon nombre de petits livres, dont des enquêtes policières, qu'il aimait tout particulièrement.
"Le Dieu Eléphant" est en fait la seconde adaptation d'une série consacrée à un simili-Sherlock Holmes bengalais inventé par ses soins – et également la seconde portée sur grand écran après son précédent "Sonar Kella – The Golden Fort".
Aussi à l'aise dans ce pur divertissement, que dans ses œuvres bien plus dramatiques, Ray s'en donne à cœur joie dans une enquête légère et fort amusante, qu cours de laquelle il n'oublie pas pour autant d'égratigner communes, castes et thèmes religieux, comme à son habitude. Il transpose brillamment les codes du genre policier dans une Inde du Nord encore très typée et qui sert de magnifique décor à des merveilleuses séquences extérieures au cours de poursuites ou des simples vues du Gange. La religion occupant une place primordiale au sein de l'enquête, Ray filme quelques cérémonies et délivre pas mal de vérités (propres) sur cette théologie.
L'enquête lui sert avant tout pour démêler le vrai du faux: rien, n'y personne semble être celui que l'on croit. Ray met également un point d'honneur à prôner la matière grise comme meilleure arme qui puisse exister – bien plus forte que les intimidations au pistolet (ou au couteau, comme dévoilé lors d'une hilarante séquence de lancer de couteaux). Meilleure preuve en est, lorsqu'un physionomiste se disant briser du fer avec seulement ses dents, s'enfuit à la moindre intimidation, pendant que le détective Felu affronte vaillamment menaces et armes.
Dans le rôle principal, l'alter ego de Ray, Soumitra Chatterjee, traverse à nouveau l'écran avec son aisance habituelle et assure l'une des plus prolifiques collaborations réalisateur/acteur de toute l'Histoire du cinéma.
