Une tentative mitigée de Moulin Rouge chinois
« Chaque être humain est acteur de sa vie »… Sur cette réflexion confrontant la réalité et la fiction, Peter Chan tente une fresque musicale au monumentalisme mal digéré qui gâche d’autant sa portée. Engoncée dans un scénario complexe voulant aborder trop de thèmes à la fois (amour, politique, vengeance, jalousie,…), Perhaps Love manque de spontanéité, à l’image ô combien symbolique de ces scènes de danse pourtant chorégraphiées par la meilleure chorégraphe du monde (l’indienne Farah KHAN) mais dont le résultat est bien décevant à cause d’un singulier manque de rythme, de costumes embarrassants et de coups de reins plutôt disgracieux. On se contentera des prestations convaincantes du duo d’acteurs Kaneshiro/Zhou qui éclipse complètement Jackie Cheung.
Un film de funambule
Un des avantages du film pour le spectateur est de permettre à celui-ci de savoir au bout de cinq minutes s'il aimera ou non le film. Perhaps Love est un film qui ne triche pas, qui se livre entier quitte à séduire ou à repousser d'emblée. Cet abord direct n'est cependant pas lié à une simplification de la trame narrative. Le parallélisme entre l'histoire des acteurs et celle racontée par le film qu'ils tournent est bien géré par Peter Chan. Le choix d'inscrire dans le film une comédie musicale n'est sûrement pas étrangère à cette réussite en permettant aux personnages du film de prendre une distance et une consistance qu'ils n'auraient peut-être pas eu en reprenant une forme filmée plus classique. Autant le dire tout de suite, le film entier est inspiré par l'intelligence de mise en scène de Peter Chan. C'est dans ce registre que le film sort véritablement de l'ordinaire même si cela se fait en laissant en retrait l'intensité dramatique.
Peter CHAN Ho-Sun n'est pourtant pas étranger à ce type de construction qui allie à merveille différents styles, il n'y a qu'à se souvenir de He is a woman, she is a man, film unique par traitement qui réussissait en partant de clichés à aboutir une véritable réflexion humaine sur la question de l'identité sexuelle d'une manière peut-être jamais égalée. Coté romance, il avait également livré un petit bijou avec Comrades, Almost a Love Story, mais depuis rien n'était venu confirmer les espoirs que l'on pouvait placer en lui. Pire, il avait réussi avec Golden Chicken 2 à faire battre le premier sur le terrain de la médiocrité, chose pourtant difficile! Perhaps Love constitue donc plus qu'une surprise, c'est un miracle, une résurrection. Le défaut de ce film est en rapport avec ses qualités, il pourrait paraître trop intelligent, trop construit, et pourquoi pas artificiel aux yeux de certains. Ce serait négliger le fait que c'est justement la construction qui donne toute sa distanciation au film et par là même la validité du regard qu'il porte sur les personnages. Car le film porte avant tout la question de l'identité, à la fois parce qu'il met en scène des professionnels du cinéma qui retranscriront dans leurs rôles les événements de leur vécu (à moins que ce ne soit le contraire...), par les limites volontairement floues qu'il laisse entre la position d'acteur et celle de spectateur et également par un travail très bien pensé sur la mémoire et les souvenirs à la fois comme éléments conditionnant l'action présente et comme alibis pour ne pas assumer ses responsabilités. Les allégories utilisées ne se limitent pas au cinéma et aux acteurs, le film regorge de subtilités, telle l'utilisation que Peter Chan fait de l'eau et de la glace dans leurs relations aux souvenirs.
La description psychologique des trois héros du film apparaît donc comme profondément humaine, finement ciselée à mesure que le film progresse, servant ainsi de support au film tandis que l'action proprement dite n'apparaît que comme la conséquence de la vie intérieure des protagonistes. Cette réussite est à mettre aussi au crédit de la direction artistique qui confère aux acteurs une densité d'interprétation rarement atteinte. Peut-être est-ce KANESHIRO Takeshi qui surprend le plus avec un niveau de jeu que l'on ne lui avait plus connu depuis Les Anges Déchus ou The Odd One Dies. De son coté, Jacky CHEUNG Hok-Yau livre aussi une grande prestation, son personnage de réalisateur/acteur étant peut-être le plus complexe et le mieux construit car c'est lui qui apporte au film un espace de liberté indispensable pour ouvrir la relation amoureuse. Quant à ZHOU Xun dire qu'elle arrive à se hisser à la hauteur du jeu de ses partenaires masculins est déjà une performance plus qu'honorable en ce qui la concerne. Les différents récits au sein mêmes du film sont bien rendus grâce à un travail assez soigné de la photographie. Il en est de même du coté de la musique qui arrive parfaitement à définir un volume qui permet la mise en perspective des différentes histoires.
Tout cela contribue à faire de Perhaps Love un film fortement marqué par la volonté d'un homme, Peter Chan, un film qui témoigne d'une réelle idée artistique, parfaitement maîtrisé techniquement, très bien servi par un trio d'acteurs au mieux de leurs possibilités. Même les adversaires de ce film ne pourront pas ne pas lui reconnaître son impressionnante qualité de conception. Ensuite, ceux que la forme narrative adoptée rebutera trouveront certainement au film un coté artificiel, mais pour peu que comme moi vous soyez séduit dès les premières images, ce film apparaîtra alors comme un des rares à oser une vision personnelle de qualité. En ce qui me concerne je ne connais que deux films qui peuvent prétendre à marquer l'histoire du cinéma depuis 2000, 2046 qui marque la fin d'une époque et Perhaps Love qui à défaut d'être le début de quelque chose (ne rêvons pas!), marque néanmoins le retour au premier plan d'un grand nom du cinéma hongkongais, M. Peter Chan.
Flamboyante Nostalgie Cinématographique
Eh Bien ...
Je viens de quitter le film dix minutes auparavant, et j'ai du mal a trouver les mots justes pour etre à la hauteur des qualités du films. Une seule idée me taraude, je veux y retourner !
Le film débute sur la théorie que la vie est un film et que nous en sommes acteurs.
Voici ce qui va porter le film : la relation entre le cinéma et la vie.
La grande réussite du film réside dans la relation entre le cinéma et la vie réelle, au niveau de l'écriture et du montage, la mécanique est parfaite. Les scènes du film dans le film ont toutes une influences directes sur les personnages du films, qui vivent une histoire parallèle similaire. Avec tout ca, un soupçcon de nostalgie et un chef d'oeuvre est né.
Certaines scène sont du pur génie, lorsque le réalisateur discute du scénario avec sa compagne et dit ("Arrêtons nous là"), un grand moment.
La photo est très belle, la mise en scène grandiose et la musique géniale.
Les acteurs sont d'une grande justesse, le trio est excellent. On ne peut s'empecher de penser à "La rose pourpre du caire", mais même si je suis un grand fan du film de Woody Allen, 如果爱 est un plus grand film encore !
Courez !
Agréable moment de cinéma.
Car oui, Perhaps Love c'est du cinéma, du cinéma au sens propre et figuré tant le réalisateur se joue de nous en manipulant les ficelles des différents genres (mélodrame, romantisme, comédie musicale) pour les détourner de leur chemin jusque là très classique, et ainsi étonner son spectateur par le biais d'une trame souvent décousue mais au final très cohérente. La force de Perhaps Love réside dans l'accumulation souvent juste de petites scénettes dont l'espace temporel est constamment détruit ou contredit sans que cela choque. Il faut voir cet enchaînement malicieux de séquences se déroulant au présent puis au passé pour se rendre compte de l'excellent boulot sur la chronologie des choses, des évènements, sans pour autant que le spectateur soit perdu. Pour cela rien de plus simple, et c'est du cinéma, on rend Kaneshiro Takeshi et la troublante Zhou Xun pas très élégants, vêtus de grosse lunettes et de bonnets pour évoquer le passé, puis on leur enfile costard et tenue de soirée pour parler du présent, leur carrière ayant radicalement changée entre temps. Oui, c'est du cinéma, et Peter Chan use et abuse de tous ces petits clichés d'habitude redondants pour les rendre carrément crédibles au vu du côté féerique voir déjanté de l'univers qui s'offre à nous.
Visuellement en tout cas le pari est réussi dans la mesure où les décors fourmillent de petits détails, les couleurs forment des nuances appréciables (couleurs froides pour le passé, teintes chaudes et rassurantes pour le présent), la mise en scène est plaisante et souvent ingénieuse (le plan aérien de la dernière séquence tournée ficherait presque la trouille) tout comme le montage, bien foutu malgré les nombreux détournements chronologiques. Car Perhaps love c'est un film dans le film. Sorte de film fantastique d'amour possible/impossible comme tout bon mélo qui se respecte, mettant en scène un trio de bonne facture, avec un Kaneshiro pas trop gonflant (voir même touchant), la sublime Zhou Xun (quels yeux!) et le vétéran Jackie Cheung aux faux airs d'un Choi Min-Sik des mauvais jours. En tant que bon divertissement, Perhaps love contient son lot de scènes où la larme est facile, et étrangement on ne rigole pas plus que ça malgré son sérieux penchant pour la comédie musicale à grand spectacle sans forcément l'être tant les chorégraphies semblent ne pas apporter grand chose au final. Elles sont même plutôt décevantes dans l'ensemble, ce qui n'est pas le cas des chansons interprétées par les acteurs, agréables et bien fichues. C'est déjà ça.
Esthétique : 3.5/5 - Du bien bel ouvrage avec une belle photo.
Musique : 4/5 - Ca chante bien (heureusement) et Peter Kam répond présent.
Interprétation : 4/5 - Belle composition d'ensemble. Gros penchant pour Zhou Xun...
Scénario : 3.75/5 - Classique bien qu'usant de passes passes carrément réussis.
Si, sur le papier, la dream team réunie autour de Peter Chan sur ce projet qu'on pourrait qualifier de second effet Crazy Kung Fu (*) avait de quoi faire rêver, le résultat sur pellicule est quant à lui fort décevant. La faute à un récit co-écrit par Aubrey Lam (auteur du très neuneu "Hidden Track", rappelons nous), à une Farah Khan visiblement hors du coup lorsqu'elle n'officie pas pour du Bollywood, et à un Peter Chan rééditant les limites de son déjà très nian-nian "Comrades...". Reste un casting s'en sortant honorablement avec la toujours sympathique Zhou Xun, ainsi qu'une photo soignée. Mais on est définitivement loin de la flamboyance potentielle que pouvait acquérir "Perhaps Love" s'il eut été dirigé par un cinéaste plus talentueux, sachant quoi faire de son équipe.
* On l'a vu cette année avec "Fearless" de Ronny Yu, le filmage assisté par ordinateur (premier effet) surexploité dans le dernier film à ce jour de Stephen Chow fait des émules. Et l'autre "conséquence" de "Crazy Kung Fu" pourrait bien être l'idée de se lancer dans la comédie musicale, puisqu'il incluait un passage du genre.
Les voltiges de l'amour
Voilà de l'ambition pour tenter de donner un nouveau souffle à une cinématographie HK dévastée en cette année 2005/2006 ! Peter Chan, excellent réalisateur des meilleures comédies des années '90s par le biais de la mythique société de production U.F.O, tente de ranimer un genre totalement tombé en désuétude depuis les années '50s dans l'archipel : la comédie musicale.
Réussissant à former la plus importante co-production pan-asiatique jamais réalisée, il combine - tous postes réunis - des talents de Taiwan, Chine, HK, Thaïlande, Japon, Inde, Corée et j'en passe et j'en oublie les meilleurs ! Le tout sous la supervision d'André Morgan, mythique "découvreur de talents", ayant introduit Bruce Lee aux Etats-Unis.
Superproduction à la hauteur de ses ambitions, "Perhaps Love" respire les importants moyens dès la séquence d'ouverture : un homme remonte une rue déserte des années '50s et sera accueilli par une foule dansante en délire. Décors somptueux, costumes superbes, nombre de figurants imposant et une scène musicale très réussie donnent le ton. La suite sera de même acabit jusqu'au dramatique dénouement.
Ce qui fait tout le charme de cette production est pourtant l'ambitieux scénario : si la trame reste classique, les scénaristes décident d'expliquer les surprenantes scènes musicales par le tournage d'une comédie musicale, dont le ton et la ligne conductrice rappellent étrangement l'affaire dans la réalité. Et de constituer un passionnant triangle amoureux entre trois personnes (2 hommes pour une seule femme). Dans les trois rôles principaux, Tony Leung, Takeshi Kaneshiro et - surtout - Xun Zhou tous trois convaincants à tous les niveaux.
Qu'est-ce qui fait, que je n'ai pas donné de meilleure note ? Tout d'abord, il faut aimer le genre de la comédie musicale; puis les tragiques (et classiques) histoires d'amour (qui finissent mal, en général). Ensuite la superbe et la grandiloquence de l'ensemble : tout paraît presque trop énorme, trop propre et parfait; peu de place n'est laissé au hasard et parfois, le film ressemble trop à une belle démonstration sur papier glacé plutôt qu'au drame intimiste voulu. Enfin, les belles séquences musicales...ne sont pas parfaites. Les chansons moyennes et les chorégraphies sans grande inventivité, ressemblant davantage à un long numéro de cabaret.
Courageuse initiative, Peter Chan a voulu trop bien faire en en perdant l'âme première d'une bonne comédie musicale : la joie et le naturel pour accepter le principe du genre même. Espérons, que ce soit à venir dans d'autres productions de même type !
le film démarre plutôt bien, avec une première partie rythmée, mais ensuite ça reste un peu plat à mon gout, et la lassitude s'installe, dûe en partie aux chansons qui sont vraiment fades (Jacky chante très bien mais la musique est franchement oubliable). reste un trio d'acteur béton (ZHOU xun toujours aussi craquante), quelques caméos sympas (Eric TSANG et Sandra NG) et une belle réalisation.
pour résumer je l'ai trouvé pas mal mais en dessous de sa notoriété.
Perhaps not
Trois problèmes majeurs dans Perhaps Love :
1. La perruque de Takeshi Kaneshiro.
2. La direction artistique à la Moulin Rouge.
3. Les quinze fins successives à la Retour du Roi.
Sinon, chouette titre.