Touchant, boulversant et terriblement fort.
Kitano nous narre trois histoires différentes, toutes tragiques, au sein d'un même film : Dolls.
Inspiré de spectacles de marionnettes japonaises, Dolls est une merveille du genre. La première histoire, Matsumoto et la sublime Sawako se voient séparés momentanément suite aux pressions de leur famille quant à leur futur mariage. Sawako fera une tentative de suicide et échouera in extremis. En apprenant la nouvelle, Matsumoto découvrira son amie dans un état d'autisme. Il fera tout pour lui redonner le sourire et le goût de la vie. La seconde histoire, Hiro et Riyuko sont deux jeunes amoureux. Malheureusement, en tant que petit ouvrier, Hiro ne veut plus de cette vie et décide de tout plaquer afin de trouver un meilleur job. Il promet à sa compagne, Riyuko, de revenir un jour ou l'autre. Cette dernière, comme à l'accoutumer le samedi, l'attendra sur un banc accompagné d'un plateau repas. Trente ans plus tard, Hiro devenu alors boss Yakuza revient comme il l'avait promis. La troisième histoire met en scène Haruna, une jeune chanteuse Pop alors au sommet de son art. Ses fans abondent, notamment Nukiu un de ses plus grands fans. Malheureusement, tout s'écroulera lorsque la chanteuse sera victime d'un accident de voiture entraînant l'arrêt de sa carrière et dans cette perspective, la tristesse de ses fans. Tout s'écroulera autour d'elle. Défigurée, la chanteuse Pop passe maintenant le plus clair de son temps au bord de la mer à regarder le néant, quand par une belle après-midi, Nukiu son plus grand fan la rencontre.
Voilà de quoi est fait cette merveille qu'est Dolls. Trois histoires en temps réel, cohérentes et formidablement bien foutues où Kitano vise notre sensibilité au plus profond. Trois histoires d'amour certes, mais toutes finalement tragiques. Il est difficile de parler de Dolls sans spoiler et c'est pourquoi je n'en dirai plus.
Bien sûr, on peut très bien parler de la sublime réalisation de Kitano, pleine de tendresse et de pudeur, où chaque cadre, chaque image est teintée d'une poésie évidente. Les grands costumes, les sublimes actrices (Miho Kanno et Kyôko Fukada), la musique d'Hisaishi tout en retenue, les fleurs, la neige, tout respire le bonheur. Un bonheur hélas éphémère au vu du sort tragique réservé aux personnages. Bouleversant et absolument merveilleux, Dolls est une fois de plus un Kitano de très haute volée qu'il faut voir attentif afin d'y déceler ses subtilités. Très peu de dialogues, juste des émotions...C’est ce qu'on lui demande.
A fleur de peau
On a d’abord peur de l’ennui face à cette histoire d’amour tragique qui fait intervenir trahison, tentative de suicide, amnésie, repentance et reconstruction du couple comme l’illustration d’une œuvre de bunraku présentée en introduction ; le rythme est en effet assez lent, et certains tics de mise en scène ne sont pas particulièrement du meilleur effet (symbolique trop lourde du papillon, courtes ellipses gênantes). On a ensuite peur du film à sketches inégal quand viennent s’imbriquer 2 autres histoires d’amour tragiques dans le récit. Mais Kitano est décidément très talentueux, parvenant au bout du compte à émouvoir avec un sens inné de la subtilité, de l’esthétique et du style. Les amateurs de contemplation de magnifiques paysages, les fans de vêtements originaux signés Yamamoto Yohji ou encore les aficionados de jolies jeunes filles comme Kanno Miho ou la chanteuse pop Fukada Kyoko y trouveront leur compte, tout comme ceux qui aiment sortir les mouchoirs à la fin…
Un film qui demande une certaine concentration, mais pour un superbe résultat
Un vrai plaisir pour la tête et les yeux! Ces trois histoires qui se suivent et s'effleurent, nous transportent dans un monde presque intemporel. On ne se rend presque pas compte de la véritable époque où vivent les protagonistes. De plus le rythme du film et les silences permettent de s'évader et de penser un peu à soi, à ses sentiments personnels voire même à faire des rapprochements sur des expériences vécues. C'est tout le contraire d'un film d'action où l'on est sans cesse emporté vers la scène suivante. Le seul petit problème, c'est qu'il faut être prêt à faire l'effort de suivre le film sinon on risque assez vite de décrocher. Autrement dit, ce n'est pas bon après une journée de travail harassante.
La dimension visuelle du film surpasse encore d'un cran sa réalisation. C'est une véritable effusion de costumes tous aussi colorés et époustouflants les uns que les autres. Et le parc avec ses arbres en fleurs est le summum des paysages, eux également tous aussi bien choisis et symboliques que tous les autres aspects visuels du film.
En conclusion, un film poétique par ses couleurs et les destins de ses protagonistes.
Radicalisant encore plus son esthétisme onirique, Takeshi Kitano réunit trois histoires d’amour déchues d’un singulier fil rouge sentimental et frappe là où on ne l’attendait pas : en plein cœur.
Matsumoto part en plein milieu de son mariage de raison pour s’en aller rejoindre Sawako, son réel amour bloqué dans un autisme forcené depuis sa tentative de suicide. Malgré son état, il s’enfuit avec elle pour une interminable balade qu’ils termineront enchaînés l’un à l’autre par une corde rouge. Hiro, vieux yakusa sur la fin de sa vie, bascule progressivement en plein spleen et part en quête de celle qu’il a abandonné des dizaines d’années plus tôt au profit de sa “ carrière ”. Nukui, otaku (fan hardcore) voué corps et âme au culte de la jeune idole pop Haruna, commettra l’irréparable pour rencontrer sa Lorie nippone. Et tandis que les deux amants poursuivent leur marche, l’automne se répand inexorablement sur l’image, phagocyte les récits croisés avant de disparaître d’un mouvement orchestré… Gérant de la façon la plus personnelle qui soit l’après Aniki mon frère, Kitano donne ici chair et poses à un triple conte, trois romances accidentées se fondant dans des décors de plus en plus ouvertement irréels, à peine balayés d’un souffle de vent leur donnant vie. C’est la part la moins accessible de son univers que le cinéaste explore ici, faisant se succéder avec une fluidité aérienne les séquences contemplatives, instaurant un rythme déconstruit pour mieux faire parler ses silences.
Kitano avait déjà instauré une ambiance éthérée similaire dans son A scene at the sea, étrange romance déjà bercée de cette amertume s’insinuant peu à peu dans la durée pour se transformer en mélancolie précieuse. Il enrichit ici ce canevas a priori rédhibitoire d’un souci esthétique touchant au perfectionnisme rare, accordant les mouvements de sa caméra au rythme du flamboyant changement de saison. Si le cinéaste ne se met plus en scène, il n’en efface pas son style pour autant, et s’impose une discipline narrative où l’exigence picturale transcende son sujet avant de s’effacer avec grâce derrière ses personnages. Les marginaux que Kitano nous décrit s’enferment dans leur obsession sourde, accusent le coup d’une lourde erreur passée qu’ils essaient de rattraper en un ultime sursaut de passion. Leurs quêtes respectives se teintent d’une douce ironie, scandée de ces actions anecdotiques répétées à l’envi chères au cinéaste, avant de se laisser envahir par la tristesse mordante des combats perdus d’avance. D’une densité à faire pleurer n’importe quel sémiologue, Dolls frappe avant tout par sa langueur hypnotique, effaçant presque naturellement ses (nombreux) éléments symboliques pour se focaliser sur cette mélancolie galopante frappant droit au cœur, montrant notamment combien un sourire peut être tragique…
Poupées Amères
Trois ans séparent Dolls d'un Aniki mon Frère qui après Kikujiro semblait malgré ses qualités confirmer la difficulté de Kitano à gérer son statut de "phare" du cinéma japonais hors de l'archipel consécutif à son Lion d'Or vénitien. Un peu comme Eastwood, Kitano s'était forgé un personnage qu'il trimbalait dans ses films et ceux des autres (Gonin par exemple) mais dont il était à deux doigts d'épuiser le potentiel cinématographique. Outre d'avoir utilisé ce silence pour tourner dans le brulot jouissif Battle Royale, Kitano semble l'avoir mis à profit pour se lancer dans un projet qui serait susceptible de le faire évoluer cinématographiquent. En effet, meme si Dolls contient de nombreuses citations de ses films précédents, il n'en demeure pas moins une oeuvre de rupture dans la filmographie kitanienne. Ce dernier aspect explique sans doute les violentes controverses suscitées par les diverses présentations du film chez les critiques et les fans du cinéaste, certains criant au nouveau chef d'oeuvre tandis que la majorité parlait d'enfantillages, de film glacé et esthétisant, de monument d'ennui. En effet, si Hana Bi devait son coté mélodramatique au seul score d'Hisaishi, Dolls est la première incursion du cinéaste dans le mélodrame pur.
Tout d'abord parce qu'au commencement du film il y a cette soufflante séquence de bunrakus, cet art de marionettes utilisé dans des spectacles racontant des histoires d'amour impossible et où l'agitation des marionettes et les chants compensent par leur pathos souligné l'inexpressivité de leurs figures: par l'usage de travellings brusques, d'un montage sec et de plans rapprochés, Kitano pose magistralement son sujet en faisant ressentir le caractère violent de la passion amoureuse. S'en suit une scène où l'on voit deux amoureux liés par une corde déambuler sous les regards moqueurs des passants parce que vivre un amour total, c'est défier le cynisme des rieurs, ce dernier étant aussi l'attitude moderne du public face au mélodrame pur. On peut dès lors soit chercher comme le fait brillamment Todd Haynes à adapter le genre à ce public soit choisir l'option kitanienne très casse-gueule de traiter des histoires contemporaines comme du mélodrame japonais classique en toisant les rieurs.
Justement, le premier récit du film sur un jeune homme qui décide sur un coup de tete de renoncer à un mariage d'intéret avec la fille d'un businessman arrangé par ses parents pour s'enfuir avec celle qu'il aime et qui a tenté de se suicider, du Chikamatsu parachuté dans le Japon contemporain en somme. Cette histoire d'errance tragique des amants au rythme des changements de saisons devait à l'origine constituer tout le film. Vu qu'elle était trop courte, Kitano y a superposé deux histoires. Mais ce qui pourrait etre une facilité va se révéler une force du film au travers des croisements de ces trois récits. Parmi les croisements utilisés, il y a bien sur les croisements de protagonistes dans le plan qui permettent aux passages de se faire de façon naturelle, le jeu sur les couleurs de l'environnement naturel qui permet aux inserts ou aux passages brusques d'un récit à un autre de se faire de façon fluide, la correspondance entre une sonnerie de portable et la musique d'un autre récit, un peu comme si ces trois récits ne constituaient in fine qu'une seule et meme histoire d'amour tragique rythmée par les saisons. SPOILER Ce téléscopage passé/présent est aussi à l'intérieur du récit vu que les personnages peuvent revoir au travers d'une vitre un évènement de leur passé ou encore croiser comme le yakuza son ancienne maitresse qui ne le reconnait pas alors qu'elle l'attend sur un banc depuis une éternité. FIN DU SPOILER
Mais dans un meme mouvement l'éclatement narratif du récit rend compte de l'état d'instabilité psychologique des etres qui veulent vivre leur passion en quittant la société (le bonheur étant chez Kitano hors de ce cadre-là, cf Hana Bi). L'autre intérét des deux autres récits est de renouveler la fameuse approche kitanienne de la violence: lors des flash backs concernant le passé du yakuza, Kitano évoque par le son une fusillade dont on aurait vu des étincelles dans ses autres films, montre seulement le commencement ou le résultat de la violence (et non plus le surgissement subit de la violence suivi de son résultat) inséré de façon fluide dans le déroulement du film. SPOILER De meme qu'on ne verra qu'un cutter pour représenter le désir d'un fan de se crever les yeux afin de pouvoir rencontrer une pop star qui ne veut plus etre vue suite à un accident. FIN DU SPOILER Kitano ne s'intérèsse plus à l'acte de violence mais à la violence comme élément qui fait partie de l'ordre naturel de l'univers de la tragédie. Quant aux liens amoureux, ils sont scellés par des objets simples rudimentaires tels qu'une corde, un harmonica jouant une chanson fétiche ou un casse-croute.
A ce propos, il a souvent été reproché au film sa symbolique peu subtile -les papillons aux ailes brisées, les angelots, les jouets- qui plus est répétée plusieurs fois au cours du film: pour ce qui est du manque de subtilité, les symboliques à gros sabots font partie des éléments qui contribuent à la force émotionnelle des mélodrames (cf par exemple dans En Chair et en Os la poelle qui prend feu au moment où le couple Rabal/Molina est dans l'impasse sentimentale); quant à la répétition de certains motifs, elle contribue à les charger d'une force dramatique plus grande à chaque reprise. Certes, on me répondra que le lyrisme du film est un lyrisme doux et pas flamboyant, que son score n'est pas un score pathétique mais le mélange de ces deux éléments avec la répétition permet de créer un crescendo dramatique progressif sans emphase. Qui plus est, ces plans ont un coté naif, primitif qui fait écho à l'attitude des amoureux dans le film pour qui ces éléments sont les seuls moyens d'exprimer leurs sentiments retenus. Pour ce qui est du choix des costumes de Yamamoto, ils sont tout sauf esthétisants vu que les costumes peuvent créer de la correspondance ou du contraste avec le décor voire les deux mélés (le costume dont la couleur constraste avec celle du décor naturel mais dont les motifs évoquent la nature). Ils créent également une impression irréelle, de théatralité qui nous ramène aux bunrakus.
De ce point de vue, certains voient dans cette déréalisation un obstacle à la force émotionnelle du film: au contraire, le choix de l'artifice permet de rendre acceptable pour le spectateur une histoire qui ne fonctionnerait pas avec un traitement réaliste (entre autre parce que les mariages arrangés n'existent plus au Japon et que l'amour-passion-destruction ne correspond plus à l'époque actuelle). Quant au choix des couleurs, il n'est pas non plus gratuit vu que le film se caractérise par une annexion progressive de ses plans par la couleur rouge, incarnation de l'automne mais aussi symbole de la religiosité dans la culture japonaise donc du lien à l'au-delà, avant de basculer dans le blanc symbole de mort. Un autre reproche au film serait son coté prétendument vide mais Kitano suscite ce genre de réactions parce que plus personne n'a l'habitude des films d'amour qui ne sont que des films d'amour: pas de commentaire social ici, juste un désir de montrer la passion amoureuse et sa violence comme un élément constitutif de l'ordre naturel, de se situer dans une tradition japonaise d'histoires mélodramatiques où les femmes sont pretes à se mettre hors la société pour vivre des amours impossibles, SPOILER où leur amoureux se retrouve obligé de partager leur folie et leur déchéance (très évident dans l'histoire oedipienne de l'idole J Pop) et où la tragédie n'est jamais loin une fois l'amour concrétisé (la superbe séquence finale dans la neige). FIN DU SPOILER Venons-en maintenant aux citations d'autres films de Kitano: outre les flash backs du yakuza, le film contient à foison les fameux plans de bord de mer qui font partie de la Kitano's touch mais s'intégrent ici parfaitement à une narration d'écoulement saisonnier et les personnages masqués qui terrorisent les amoureux ne sont pas sans évoquer par leur grotesque (ici bien intégré vu qu'il est question de peurs primitives type contes de fée qui ont cette dimension-là) certains personnages de Kikujiro.
Parmi les défauts qui empechent un film marquant un renouveau de l'inspiration du cinéaste d'égaler ses grandes réussites d'antan, on a l'usage peu inspiré sur une scène enneigée de la caméra portée, le pathos un peu forcé de Kanno Miho lors du flash back sur sa tentative de suicide, l'insupportable passage J Pop -on me dira que la chanson a un role de commentaire du récit, que le fait que le personnage soit précisément une star de J Pop légitime l'idolatrie de son fan et qu'il faut bien présenter cet état de faits, n'empeche cela ne justifie pas de torturer l'oreille du spectateur-, un récit concernant le fan moins réussi que le reste. Ainsi qu'un score très décevant de la part d'un Hisaishi Joe, les nappes éthérées de synthés lui réussisant beaucoup moins que le lyrisme ou les pianos à la pureté cristalline. Vu que ce sont les grands scores qui font les mélos marquants (ceux de Lowell Lo ou d'Alberto Iglesias entre autres) il y a de quoi avoir des regrets surtout que le score ne satisfait pas non plus Kitano. Surtout, le film a parfois trop tendance à se reposer sur sa lenteur. Lenteur moins appropriée ici que dans d'autres Kitano vu que la lassitude à laquelle elle fait habituellement écho chez le cinéaste est ici thématiquement bien moins présente.
En attendant, bien loin de marquer l'essoufflement de Kitano, Dolls lui permet d'inaugurer une seconde manière. Du coup, on trépide d'impatience en attendant son incursion dans le chambara...
Beau, mais lent
Dolls est un des rares films de Takeshi Kitano où celui-ci ne joue pas dedans. Dans ce film, le téâtre traditionnel japonais est mis en évidence. Les deux personnages principaux de l’histoire sont imagés par les marionnettes utilisées dans ces théâtres. Dolls contient de belles petites histoires, comme la relation entre star et fan, reliées les unes aux autres et contenant des décors somptueux. Seulement, le fil rouge du film, ces amoureux incompris de leur entourage et du monde, m’a détaché quelque peu du film. Dolls est déjà doté d’un très faible nombre de dialogue er par conséquent, ce fil rouge ralentit inexorablement le film. C’est vraiment dommage.
Un petit égarement pour Kitano
Joli film,
Dolls est pourtant loin de l'onirisme fascinant de
Jugatsu, de l'émotion simple et poétique de
L'Été de Kikujiro ou encore du bouleversant pessimisme de
Hana Bi. Cet assemblage de trois histoires et destinées de couples que seule l'amertume lie entre elles fonctionne assurément et nous réserve certaines scènes d'une rare beauté. De plus, décors et paysages sont souvent magnifiques, comme la coutume le veut chez Kitano. Malheureusement,
Dolls pêche par un manque de régularité dans son ensemble (d'interminables plans d'exposition et temps morts sans le moindre dialogue qui suscitent irrémédiablement l'ennui le disputent à de superbes moments de poésie et d'émotion tendrement insolites) et une photographie pâlotte quelque peu décevante venant de son auteur. La musique de Joe Hisaichi, terriblement belle et doucement mélodramatique, constitue à l'évidence un point fort de l'œuvre, comme l'interprétation, sobre et prenante. On peut déceler dans
Dolls une atmosphère étrange et feutrée par ailleurs inhérente à la plupart des films de Kitano, même si sa mise en valeur reste ici assez limitée, moins forte que dans
Jugatsu,
A scene a the sea et
Hana Bi à titre d'exemple. Au final, cette production mineure témoigne d'un petit faux-pas dans une filmographie proche de la perfection. Si elle ne démérite pas pour autant, force est d'avouer que Kitano a fait beaucoup mieux.
Trop long, trop beau, trop @!#$, trop inégal kwaaa!
Le problème principal étant que la meilleur histoire, quoi qu'il en soit reste celle du vieux yakuza qui recherche son amour de jeunesse. C'était la plus belle mais c'est une des plus sous-eploitée des trois. Dommage parceque la splendeur visuelle de Kitano est bien présente: on aurait pas demandé mieux que d'adorer ce film mais décidément c'est trop long.
Un Kitano surprennant
Kitano nous parle enfin d'amour et c'est presque génial. Les interprètes sont excellents, la photographie est sublime et le récit est original. Même Hisaishi accouche d'une bonne musique (mais Kitano n'est pas du même avis). Une belle surprise.
Sublime!le film le plus métaphysique de Kitano!!
Apres avoir vu un tel film,le seul mot qui vous viens a la bouche es sublime!Takeshi Kitano signe une fois de plus un film tres personel et magnifique:magnifiscence des paysages,car le film es une veritable traversee des quatre saisons;magnifiscence pour le jeu des acteurs,capables de nous faire ressentir une pleiade d''emotions sans meme une parole dans les 30 dernieres minutes du film;et enfin,magnifiscence de la musique signee Joe Hisaichi,qui signe une bo a la fois lyrique,poetique,dramatique et melancolique!!Le scenario est tout aussi excellent et nous amene a une reflexion sur l''absoluite de l''Amour qui ne peut etre atteint que par une chose:la mort.Sombre et desesperant,magnifique et atristant,ce film,a 100000 lieu de la happy end hollywoodienne,vous fera obligatoirement verser des larmes pendant au moins 30 minutes.Du tres tres grand Kitano!!!!
Une pure merveille.
Mouais, faut vraiment être luné "romantique" le jour où on décide de le regarder...
C'est bien simple, outre les quelques histoires d'amour qui s'entrecroisent, ce film n'est uniquement constitué que par de magnifiques prises d'images qui sont certes exceptionnelles mais insuffisantes pour faire d'un film un chef-d'oeuvre.
Le côté contemplatif prend le dessus sur le scénario, du coup les scènes à ralonge se succèdent. Kitano s'essaye dans un nouveau genre qui ne me plaît guère, je préférais largement ses films précédants comme
Sonatine.
kitano s'exorcise
Dans tous les films de Kitano qu'il m'ait été donné de voir, les personnages retournent toujours vers la nature au moment où ils se sentent le plus perdus, au moment où ils remettent tout en question. Si l'attention est davantage portée sur la mer, je pense que c'est de la anture en général qu'il s'agit. Elle est une sorte de finalité dans les films de Kitano, et ce film, plus que tout ses autres, en est la preuve.
C'est en effet la nature l'héroïne du film, et le seul vrai point commun à ces destins qui se croisent sans se voir. Comme le dit Kitano lui même, il a voulu filmer de beaux paysages, tout en mettant en valeur la cruauté de la nature. Les images sont magnifiques, et donnent un aspect totalement hors du temps à l'histoire des amants errants, personnages à la fois intemporels et à la fois anachroniques, comme le prouve la séance de Bunraki au début du film.
La mise en scène, très soignée comme d'habitude, contient plus de mouvements de la caméra, plus de travellings, la plupart allant de gauche à droite (est-ce symbolique?). Les images s'appuient moins sur la musique que dans ses autres films. En effet, la Bo de Isaishi (magnifique, une fois de plus, mais composée d'un seul vrai thème principal) n'apparait que très peu tout au long de l'histoire. Comme si Kitano avait voulu appuyer le retour à la nature en dénuant son film d'autant d'artifices que possible (j'entends éléments extérieurs de réalisation). L'accentuation faite sur chaque plan créé vraiment une ambiance particulière, on se croirait en plein surréalisme.
Ici, il n'y a pas d'espoir, c'est sans doute l'un des films les plus tragiques de Kitano, chacun pense pouvoir échapper à son destin, et retourne vers la nature avant de s'écrouler, "englouti" par les éléments (d'où une explication possible de l'image récurrente de la mer dans l'oeuvre de l'auteur, qui représente à la fois l'isolement et l'engloutissement). J'aime beaucoup le montage, l'alternance entre les différentes histoires se fait très naturellement, on passe d'un personnage à l'autre sans que la compréhension n'en soit gênée, et on s'attache rapidement à chacun d'eux.
Cette alternance créé un rythme contrastant avec la longueur des plans, jusqu'à la scène finale, qui doit être l'une des plus longues, si ce n'est la plus longue, où les plans sont les plus longs, l'ambiance devient alors plus pesante que jamais, le tragique prédit dès la première scène est inévitable, la catharsis reprend ses droits et toute le désespoir inonde l'âme. Un très beau film, à la fois très proche et très différent de l'ouvre de Kitano, peut être un moyen de combattre une fois pour toute ses démons avant de repartir vers autre chose...
Loin/près
Dolls, de Takeshi Kitano, pourrait être une magnifique illustration de ce que dit Deleuze de l'image-souvenir. Quelque chose comme un espace de diffraction des trajectoires narratives, une façon d'orchestrer des devenirs dans l'absence complète de déterminations. Une façon de faire céder le montage (entre le dernier Godard et Seijun Suzuki) à cette orchestration. Et quelque part, ce ne serait pas faux. Ce ne serait pas faux pour autant que l'on considère que le film lui-même trouve sa place dans une orchestration du souvenir. Pour autant que l'on considère que le drame, le pathos, hérité du théatre de marionnettes, appartienne aussi à la cartographie rhizomatique de la mémoire. Et alors, dans ce cas, il faudrait parler de Dolls comme d'un film qui va bien au-delà de ce que Deleuze trouve d'image-souvenir chez Mankiewicz - surtout All about Eve et (pour moi bien plus important) The Barefoot Contessa -; comme d'un film qui complexifie la complexité au point de faire basculer l'organisation cinématographique de l'image en-dehors de l'écran. De la faire basculer dans la vie. Le drame : le cinéma : la vie. La séquence se boucle. Et c'est pour cela, bien sûr, que comme tous les films de Kitano, Dolls est proprement cosmique. Voilà pourquoi tel arbre, telle automobile, tel objet, tel lieu, etc., y possède au moins autant d'importance que tel personnage ou telle intrigue. L'événement, chez Kitano, c'est ce qui survient. Ce qui survient tout court. Pas uniquement chez untel ou untel. L'événement, ce n'est pas ce qui arrive à. A quelqu'un. C'est ce qui survient. Ce qui survient dans l'image. Ce qui survient dans le regard (l'image, le fantasme, le regard, combien de fois faudra-t-il le répéter, c'est la même chose). Ce qui survient dans le corps de la lumière qui est aussi le corps des choses, le corps des objets, le corps du monde. Et c'est pourquoi, choses, objets, monde, ils se rêvent eux-mêmes. C'est pourquoi Dolls est leur rêve. Et c'est aussi pourquoi rien n'y est laid. Car comment proclamer la laideur des objets ? Comment proclamer la laideur du monde ? C'est impossible. La beauté est le lieu où se suspend cette impossibilité. Sans la beauté, il y aurait du sens, il y aurait de la vérité. La beauté - la beauté des visages, des objets-visages, des objets en plastique dans lesquels on souffle, des feuilles d'arbres, etc. -, c'est la seule manière d'anéantir toute possibilité de substituer au désir, donc à la vie, donc à la mémoire, donc à l'oubli, quelque chose comme une humanité. Dolls n'a rien d'humain. C'est un film pour ceux qui croient que l'humanité n'a rien à voir avec le cinéma. Dolls est le chant des objets. Le chant des marionnettes. Et la musique ? Qui sait.
Déception irritée, malgré un film au demeurant... bon.
"Dolls", ou comment faire beaucoup de bruit pour pas tant que ça.
Tout ça parce que c'est made in Kitano...
Alors là c'est bien simple, c'est la débacle totale: à cette heure, tout les spectateurs blancs non open au cinéma asiatique sont largués par ses références lointaines, ses symboles culturels et ses private joke kitaniennes (sauf quand ils sont partis pour jouer les intellectuels pluri-culturels ou pour comprendre à tout prix); tous les japonais de mon entourage épuisés par sa longueur infinie et son bunraku d'un autre âge (oui ils se posent moins de questions pour rien que nous les japonais); tous les amateurs de cinéma partagés entre l'admiration transcendée des considérables atouts du film et l'envie de dire "halte là"; tous les cinémasiens, comme cela semble être le cas, se donnant le mot pour adorer coûte que coûte le film de leur idole auteurisante anesthésiée (putain que ça fait du bien de pouvoir enfin dire qu'on aime un cinéma lointain, étranger, spécial et e surcroît d'auteur-comique-peintre!). Un vrai bordel.
Dolls, à mon sens a quatre atouts énormes: sa distribution aux 3/4 magistrale (Miho Kanno est à s'immoler sur place) ; son cadrage millimétré et respirant ; sa photographie absolument dantesque (la véritable oeuvre d'art du film) ; puis enfin les idées de bases de ses trois petites histoires, très belles.
Ah oui, sans oublier deux scènes (entre certaines autres) qui, comme indépendament du reste, subliment totalement le spectateur, jusqu'à le bouleverser étant donné la relative bonne conduite du scénario dans l'ensemble: celle du flash-back montrant le vieux yakuza jeune assis sur un banc avec sa fiancée (ou comment désarmer définitivement avec un plan fixe, trois arbres, un jeune homme désolé et le visage immaculé d'une jeune femme en pleurs, version jap), et celle où Miho Kanno montre à Nishijima le collier qu'il lui a offert, se passant de mots. Ainsi que des petits plus indéniables, comme l'humour typiquement Kitanien (le coup de la mandarine pour appâter le poisson est excellent) et la Penguin Walk de la Kanno!
Et avec tout ça? eh bien pas grand chose. Ah, si, trois choses:
Une belle démonstration du plantage number one des faux-bons réalisateurs japonais, tout en plans de 5 mn alors que 30 secondes étaient suffisantes (ça m'a fait penser à ce pauvre Aoyama), ou LA bourde du film, cet espèce de vide concret soi-disant plein dans lequel baigne la moitié du film, faisant du dernier Kitano quelque chose de trop éloigné des canons de l'efficacité...
Une bande originale oscillant entre le totalement grotesque (limite foutage de gueule) et la nullité navrante: je n'ai jamais été fan de Hisaishi, sa musique étant bien trop minimaliste et redondante (en dehors de ses orchestrations très très intéressantes), mais j'ai toujours sur apprécier ses bo des Miyazaki (très plaisant dans Kiki, entrainant dans Totoro, excellente dans Laputa, et sympathique le reste du temps) et quelques uns de ses boulots pour Kitano (certaines pistes de Hana-Bi sont très belles). Cela dit, là c'est absolument irrévocable: ce qu'il a fait pour "Dolls", mon canari en aurait fait autant. Chiante, en désaccord total avec la photo et l'ambiance du film, comportant trois notes mal agencées et rien de mélodieux, il ne s'agit plus là de minimalisme, mais de nullité. Ca plombe le tout.
Pour finir, un agencement de scènes bordélique la moitié du temps (alors que l'autre moitié du temps, les séquences se suivent admirablement); passant du coq à l'âne sans crier gard, et sans la moindre élégance. Le tout servi par une réalisation très pro de la part du padre Kitano, mais manquant cruellement de personnalité. N'est pas Mizoguchi qui veut, Beat...
Mais cela dit, la vraie faute, finalement, est au scénario. POUR l'évolution dramatique et psychologique des amants maudits, tu repasseras (c'est dessiné à la tractopelle), sans oublier les baffes que tu as envie de donner à ces deux blaireaux se promenant amorphes à travers les saisons sans crever de faim ni de silence (pardon pour ce manque de sensibilité)! Egalement POUR cette impression que ces trois histoires n'ont pas grand chose à foutre ensemble (ah oui, okay, elles disent toutes que l'amour c'est dur et qu'il ne faut pas passer à côté des belles choses, putain le lien!), et que si l'on remplaçait celle de Fukada Kyoko (sympatoche) par une autre ça n'aurait strictement rien changé. Et sans oublier POUR cette triste et abrupte fin sentant le forcing lacrymal, alors que rien ne les obligeait à jouer les "maîtres de l'absurde" (ça me fait penser à un sketch de Gotlib sur la mort).
Au final, je suis donc révolté. Révolté parce que Kitano avait une Miho Kanno éblouissante de naturelle et qu'il aurait pu la filmer quand elle parle aux fleurs pendant deux heures que ça aurait été presque mieux; révolté parce que le scénariste a noyé la partie du vieux yakuza (la mieux foutue pour moi) sous celle de l'idole, très vaine; révolté parce qu'il avait tant à montrer avec ses amants maudits d'autre que deux cons marchant pendant trois plombes sous la neige; révolté parce que Kitano a voulu se la jouer et qu'il est parti jouer.
A ceux qui me diront que je n'ai rien compris au film et que la lenteur était le véhicule du désespoir et la longueur la traduction de l'absurdité de la vie et qu'en fait je suis pas prêt pour le choc des cultures etc, je dirai: en puisant bien dans ma culture, je pense sincèrement qu'on peut faire d'énormes films, des monstres d'émotions exacerbées, des chef d'oeuvres cinématographiques ET lacrymaux, sans être obligé de faire lent, statique, muet et silencieux pour marquer sa différence, et tabler sur la subjectivité d'un public conditionné.
Et ce n'est pas cette belle idée de départ (la mise en chair d'un spectacle du Bunraku, Bunraku d'ailleurs terriblement servi par un prologue bluffant) transformée en prétexte paresseux (c'est du Bunraku - donc nos personnages ils sont inexpressifs - donc c'est long - et si vous comprenez pas retournez à Guignol) qui sauve les meubles, malgré le magnifique et ambigu plan final (malheureusement bien en dénotation avec le plan d'avant, très moche, montrant nos deux gus accrochés à l'arbre).
Les yakuzas à la plage sous l'objectif de Kitano: très bien, très harmonieux. Une tragédie grecque dont on attent fureur et émotion: par pour Kitano. Vous imaginez, vous, "Il était une fois dans l'ouest" ou "L'année du dragon" réalisé par Pialat? ou ce qu'aurait donné "Love Letter" sous les accords pathétiques de Isaishi...
Ca sent bon le film d'auteur....
Et bien...voici une petite critique en 3 temps...
ONE...une salle de ciné : 20 personnes, 7 jeunes filles, 1 jeune homme, 2 cinephiles, quelques asiats en couple, moi et un pote.Debut du film...rien d'anormal... 30eme minute, 3 jeunes filles nous quittent prematurement (oh snif!!)...40eme minute, je commence à m'endormir... 55eme minute, 2 autres jeunes filles nous quittent (rolalaaa)....110eme minute, 2 jeunes filles accompagnées d'un jeune homme nous quittent aussi (ça alors!!).....fin du film, mon pote dit "c'etait magnifique" (!!!!), et moi je me dis "mouais....................."
TWO...mon avis personnel sur le film:
Dans l'ensemble, c'est tres tres lent, mais tres tres joli, c'est un film qui est son propre propos, il se contemple lui-meme et nous force à le contempler...par certains cotés, c'est d'ailleurs plus une peinture qu'autre chose, une suite de jolis plans sous fond de jolie musique, quand à savoir si cela peut plaire, et bien oui, mais pas au plus grand nombre, preuve en est de ces nombreux jeunes ayant quitté le navire en cours de route....quand à moi je reste loin d'etre convaincu...les bonnes idées du films, son coté mysterieux, illogique, irreel, décalé m'ont plu, et c'est ce qui le distingue d'une horreur du cinema d'auteur francais comme "vendredi soir" (je n'ai jamais rien vu de pire comme film...), mais le tout reste definitivement trop lent, beaucoup trop lent, beaucoup trop "auteuriste"...
THREE...quelques considerations inspirées par dolls:
Tout d'abord, je suis loin d'en etre sur, mais je crois que au Japon les mariages arrangés existent toujours!!
Ensuite, dolls est quand meme loin d'etre un film vide, si ça amuse quelqu'un il peut l'analyser en tant que reflexion sur le cinema et la fiction en general, voir sur la realité (ouais faut avoir de l'imagination pour ça mais bon...)
Petite remarque gratuite, le theatre de marionettes japonais, ça a l'air atroce, voix stridentes et histoires d'amours dechirées, mon dieu!!!!
Un petit coup de gueule pour finir, je vois mal comment on peut trouver chungking express surfait, et ce film tres reussi...sans vouloir imposer mes opinions, un film peut difficilement etre plus "surfait" que ce dolls...(certe vendredi soir a reussi cet exploit, mais c'est pas du Kitano vendredi soir!!!!).
Excellente surprise
J'y suis allé à reculons. Mauvaise intuition car ce film est une réussite totale.
Un excellent Kitano qui n'a rien envier à ceux plus encensés par la critique.
A ne pas manquer.
Une peinture animée
C'est incontestable, kitano est doué pour l'esthétique. Chaque plan est magnifique. Le probleme c'est qu'un film ne se résume pas seulement à ca. Les 3 histoires sont originales, soit, mais certains plans sont d'une longueur infinie (notamment sur l'histoire des clodos en laisse). Le film aurait pu durer beaucoup moins longtemps et quelques elipses auraient ete bienvenues.
Une belle critique sociale avant tout
Le film est plus un constat des conséquences de la renonciation à l'amour qu'un film d'amour à proprement parler, et c’est l’inaccessibilité de l'amour qui donne à ce film cette incroyable beauté mélancolique.
Kitano est certes poétique, mais surtout cynique, en montrant comment des hommes peuvent se détourner de l'amour des autres, mais surtout de l'amour de soi, au point de devenir des pantins velléitaires.
Les protagonistes masculins (qui représentent des grandes tendances de la société nipponne ; l’arrivisme, le banditisme essoufflé et l’otakisme), sont incapables d'agir et de survivre lorsqu'ils se retrouvent détachés de leur illusion sociale. "Dolls" est finalement une critique amère du conditionnement du comportement amoureux par la société nipponne, filmée de façon sublime.
Oeuvre d'art ???
Beau,emouvant, touchant ... Pendant les deux heures qu'ont durées ce film, j'ai l'impression d'avoir comptemplé une fresque muralle . Des couleurs et des costumes magnifiques et éclatants dignent d'un tableau impressionniste, couleurs vives et en contrastes avec le thème du sujet : histoire d'amour, mais des amours sombres et tragiques . Encore une fois, Hisaishi Joe signe une bande son magique, superbe et inoubliable . L'intèrprétation des acteurs est nuancé et juste avec une mention particulière pour le jeu tout en finesse de Kanno Miho . Cependant, petit bémol ,Kitano Takeshi aurait dû faire un film plus court d'une demi-heure car seule la première histoire d'amour est réellement développée, les deux autres étant à peine survollées ou en donnant la même importance à toutes ces histoires . Finallement, bien que bon, Dolls laisse un goût amer et un sentiment d'inachevé .
Au coeur de l'amour... la mort
On a cru Kitano en manque d'inspiration, après l'apothéose d'Hana Bi, consécration du réalisateur. L'été de Kikujiro sonnait comme une récréation pour le réalisateur qui par la suite nous paraissait recycler ses gimmicks dans Brother. On avait tout faux. Si brother lui permettait de boucler la boucle, l'été de Kikujiro annoncait un tournant dans la carrière du réalisateur qui va accorder ses procédés formalistes (mise à distance, rigueur géométrique du cadre, minimalisme du jeu, destructuration du cadre narratif et temporel etc.) à de nouveaux motifs thématiques inattendus, chose admirable pour cet iconoclaste aux mille facettes qui décidément ne se trouve jamais où on l'attend. C'est ainsi que Dolls transcende l'arsenal cinématographique de son démiurge, démultiplie son champ thématique et sublime son impact émotionnel (par ailleurs ce n'est certainement pas un hasard si Hana Bi, son oeuvre la plus forte lorgne du coté du mélo).
Pour parler de dolls, il faut inévitablement évoquer son prégénérique, scène de bunraku (théatre japonais de marionnettes) qui inscrit évidemment la symbolique de son principal récit. Le travelling latéral et furtif nous décrivant le public du spectacle (à l'évidence reflet de notre condition d'alors) trouve une résonance peu après, alors que l'on découvre les mendiants enchainés. Cette fois, le même travelling nous montre une foule de rieurs. Comprenez que le cinéma vérité, le réalisme social n'a pas sa place dans dolls . Voir Dolls, c'est assister à un bunraku, c'est dénicher dans le coeur froid et artificiellement animé d'une marionnette l'émotion, la pureté. C'est faire implicitement un pacte avec le réalisateur, faire confiance à un médium, le cinéma. Plus dur, il nous est demandé d'accepter ces acteurs comme des marionnettes, figures iréelles pour ensuite les reprendre comme des êtres doués de sentiments, les plus beaux qui soient. Mieux, en inscrivant son film dans le cadre du bunraku, soit dans l'abstraction la plus totale, Kitano n'a d'autre désir que se placer dans un état hors du monde, du temps pour nous en faire saisir sa beauté; son cinéma tout entier tend vers cela.
La scène d'ouverture de bunraku lance le thème prégnant de Dolls: l'attachement passionnel. Symbolisé par le cordon rouge des mendiants, ritualisé par la vieille femme qui n'espére même plus le retour de son amoureux, mué en aveuglement au sens propre pour le fan. D'aveuglement c'est bien de cela dont il s'agit, plus précisément de coupure du monde, qu'elle soit consentie (le fan et le yakuza prisonnier de leur désir monomaniaque) ou non (l'autisme de Sawako), et dès lors du temps. Cette destructuration psychologique est logiquement mise en abyme par le jeu du montage, des enchevètrements temporels. Le réalisateur n'a eu de cesse, en effet de nous plonger dans des univers hors-monde (la plage de Sonatine) par les truchements du montage (voir le début de Hana Bi). Limpide. Dans le premier récit, c'est alors que le héros est sur le point de se marier qu'il apprend la tentative de suicide de celle qu'il a délaissée, devenue folle. Le tumulte qui saisit le personnage est magnifiquement mis en forme par la succession brutale d'images fantasmées du suicide, de souvenirs de l'idylle passée, montées brutalement, regorgeant de plans de coupe de souvenirs qui rompent la continuité d'un autre souvenir. La perte de repères est totale, Kitano use de ralentis, joue de la subjectivité et du fantasme par ses procédés habituels qui trouvent leur utilisation transcendée. Sa rigueur géométrique, sa facon unique de filmer la nature (sublimée, elle tient à sa quintessence, jamais je ne l'ai vue filmée de facon aussi admirable, bruissonant, irradiant, enveloppe révélatrice à la beauté tantot éclatante, tantot diaphane) nous plonge jusqu'aux larmes dans le récit de ses 2 amants. Récit surnaturel, libéré peu à peu de tout ancrage avec la réalité, les amants quittant l'hotel, puis la voiture pour errer au gré des saisons jusqu'au passage symbolique où ils traversent la rivière sur une poutre (considérez les comme morts dès lors) pour finalement rejoindre le linceul (cette neige qui est à lier avec le fond noir du bunraku) et devenir ces sublimes marionnettes. Dans le plan final, éclate l'invraissemblable beauté du film, un moment de pur lyrisme auquel on était pas habitué chez Kitano, où la larve accrochée à la branche se mue en papillon (le visage du héros qui lentement se relève).
On pourrait cependant penser que cette mise en parallèle plombe le film dans le lourdement signifiant, la paraphrase symbolique. Il n'en est rien car Kitano sait trouver des contrepoints habiles ancrés dans la réalité qui magnifient le bunraku monté en parallèle. Le premier récit, celui du yakuza parait nous sortir au début des autres films de Kitano (scène de l'ascenceur qui nous rappelle Brother, Sonatine ou violent cop, burlesque de l'handicapé et son ami). Mais rapidement, le récit rejoint celui des 2 mendiants, faisant la part belle au dérèglement psychique du personnage: de même, vision fantasmée du passé et éclatement chromatique qui relie les 2 histoires et plus fort encore, dans cet effet inédit où le héros se voit plus jeune par un effet de champ/contrechamp (idem avec le héros qui se voit annoncer son mariage plus tard).
Le deuxième, celui de l'otaku ne s'ancre cette fois pas dans le système kitanien mais dans la réalité. Une réalité qui perd tout statut de réalité: alors que c'est la nature qui peuple les 2 autres histoires (notamment le parc et le jardin foisonnant du yakuza), cette histoire commence par la vue d'un plateau télé. Un monde artificiel de l'image, de l'écran (voir comment le fan apprend l'accident de son idole). Là encore le récit est destructuré et c'est à coups d'ellipses lapidaires que Kitano fait émerger du sens de même que nos sens. Car c'est privé de l'un de ses sens (l'aveuglement matérialisant l'amour) que le fan accompagné de l'objet de son désir monomaniaque se rendra compte de la beauté du monde dans un parc fleuri. Pour le spectateur, c'est un véritable réseau de sensations qui se tisse, les nappes éthérées de la musique s'accordant aux gros plans floraux. Cette scène sonne sans doute comme l'apothéose contemplative de l'oeuvre, avant que les 2 héros se prennent dans la spirale de la mort.
Ces 2 histoires, tout en contrebalancant la symbolique des 2 mendiants la servent dès lors merveilleusement. Passage de la réalité ou de l'univers kitanien à un état hors-monde, cosmique qui fera éclater sa dimension par le récit des 2 mendiants qui eux aussi ont quitté ce stade (cf. flashbacks). L'amour. Si fort, si beau qu'il ne peut se clore que par la mort. Le tragique. Et qu'alors jaillissent les larmes. Vision insoutenable d'une vieille femme qui attend son amoureux qui ne viendra pas. L'amour entrevu a été rompu. Par la mort. Au coeur de l'amour l'éternité. Dans Dolls j' ai trouvé l'amour.
Une longue promenade...un peu ennuyeuse
En nous promenant de paysages en paysages, d’histoires en histoires, Kitano nous surprend puis finit par nous ennuyer.
D’abord la surprise : A l’image de l’affiche (somptueuse), Kitano a fait des miracles avec sa palette de couleurs. Du rouge, du rose, du blanc…c’est magnifique comme un feu d’artifice, la musique est envoûtante, les costumes sont remarquables et l’actrice Kanno Miho est tout à fait fascinante.
Et puis 113 min à pieds ça use…ça use… 133 min à pieds, ça use les souliers. Les personnages se traînent et l’histoire n’avance pas. Le japon c’est beau mais ça on le sait déjà. L’histoire centrale est assez pénible à suivre avec des séquences interminables sur les démarches nonchalantes et les regards inexpressif des personnages.
Bref, on s’ennuie et on sent que le réalisateur japonais n’a plus d’inspiration. Pour combler le temps restant…une seule solution : parler d’autre chose. C’est ainsi que Kitano nous raconte deux autres histoires (plus intéressantes que l’histoire principale à mon goût) avec comme fil conducteur «la souffrance intérieur ». Le procédé est intéressant mais hélas certainement pas innovant (rappelez-vous Chunking Express) et tout cela ne suffit pas car on retourne vite à l’histoire principale et voilà la promenade continue…j’en ai mal au pieds rien que d’y repenser.
Dolls est un vrai plaisir pour l’œil, d’une qualité esthétique digne des plus grands peintres On reconnaît bien là le génie qui sait se jouer des saisons. Cependant cela ne suffit à cacher le manque d’inspiration du réalisateur japonais qui doit avoir recours à plusieurs histoires afin de combler ces 113 min.
sublime!
je ressort tout juste de la projection et pas indeme! j'ai été envouté par ce film! moi qui suis fan des films de Kitano , je n'ai pas été decu! on retrouve bien sa touche perso. le film est d'une lenteur exceptionnel (comme tous ses autres films dramatiques), pourtant on se laisse porter agréablement tout le long sans s'ennuyer une seconde, passant d'un sentiment de bonheur a un sentiment de peine en fonction des situations.
les 3 histoires en parallele sont toutes aussi touchantes les unes que les autres et s'alternent merveilleusement bien.
j'ai aussi beaucoup apprécier la presence de la sublime Kyoko Fukada dans le role de la chanteuse de jpop (qui lui va tres bien vu qu'elle l'est reellement^^). son histoire est elle aussi tres touchante et triste a la fois (comme les 2 autres me direz vous).
voila! encore un film choc dans la filmographie de Takeshi Kitano! ;=)
ps:il me semble que Kitano fait une apparition a un moment; dans la scene ou il y a une personne qui filme avec un camescope dans la neige vers les 3/4 du film, on ne voit pas son visage car il est tout le temps de dos mais j'ai cru reconnaitre sa voix et sa presence m'a rappelé celle de kitano. a vérifier en le revoyant!^^
La tristesse des poupées
Kitano est désormais un cinéaste en pleine maturité,il peut se permettre un film du calibre de Dolls,qui ne sera pas assurément un gros succés public,mais ravira les amateurs de la première heure.Car c'est bien sur à Scene at the sea que l'on pense en premier lieu.Par sa langueur,le temps qui prend le temps de s'écouler,les nombreuses scènes contemplatives,bien sur avec la mer face à soi.Le fan est en territoire connu,les autres passeront leur chemin devant un tel manque d'"action"...
Mais Dolls défriche de nouvelles voies,ne se contentant pas de recycler les vieux thèmes.
Picturallement,c'est assurément le plus beau Kitano,la dernière demi-heure automnale proposant des plans à couper le souffle.Filmer "classique",c'est une nouveauté chez l'ami Takeshi.Mais le propos,s'il repose sur ces images en grande partie(toujours peu de dialogues),n'oublie pas le fond.Et là,force de constater que nous sommes dans la tristesse la plus mélancolique qui puisse etre.Le thème de l'amour passionné,passionnel,impossible,est décliné en trois chapitres,meme si le fil rouge (au sens propre) reste le couple de la première histoire.Ici,nous ne baignons pas dans un réalisme contemporain,cynique et second degré,mais dans des sentiments authentiques,épurés de toute contingence sociale.Le symbolisme est omniprésent mais n'alourdit jamais l'ensemble,que ce soit l'emprunt au théatre de marionnettes,aux costumes théatraux du couple maudit,à leur gestuelle meme.
Les personnages réagissent donc au premier degré,et c'est ce qui renforce l'émotion voulue par Kitano.Mais le réalisateur n'oublie pas sa légendaire pudeur,aucune scène de sexe,beaucoup d'élipse y compris dans les rares séquences d'armes à feu.
Kitano renouvelle aussi ses thèmes favoris,ici c'est un yakuza,certes,mais en fin de parcours et guère intéressé par la conduite des affaires.Quant à l'otaku fan de la vraie idole Kyoko Fukada,le cinéaste le filme avec énormémént d'humanité.Son aveuglement volontaire rappelle la nouvelle de l'écrivain Junichiro Tanizaki"l"histoire de Shunkin",encore un clin d'oeil à la culture nippone classique.
Au passage,on retrouve les duos de personnages qui commentent l'action,rappel des débuts au théatre de Kitano avec son duo comique Two Beat:les deux copains du futur marié et les deux handicapés "potes"du chef yakuza;Des personnages qui renvoient aussi aux deux copains du surfer muet de Scene at the Sea,à la fois minables mais touchants.Rappel aussi de quelques figures kitaniennes:Ren Osugi, et l"épouse" habituelle de Takeshi,Kayoko Kishimoto.Et meme le chauffeur du vieux yakuza,vu dans Aniki(le yakuza vindicatif qui pousse Ren Osugi à se faire Seppuku).
Les interprétes sont judicieusement choisis,les deux amants sont vraiment sublimes,et le chef mafieux ou l'otaku remarquables.Inexpressifs?Sobres en tous les cas,nécessaire qualité car vu le sujet avec sa métaphore omniprésente,on aurait vite fait de tomber dans le ridicule avec un jeu outrancier.
Quant à la musique,elle se révèle parfaitement dans le ton et la couleur du film,mais là on sait ou l'on met les oreilles vu que la collaboration Hisaishi-Kitano dure depuis sept longs-métrages.
Un bien beau film donc,ou la tristesse laisse souvent percer la culpabilité des personnages,peut-etre finalement le thème central du scénario.Comme dans Hana-Bi,les héros font ce qu'ils peuvent pour réparer leurs erreurs passées,en tous cas ce qu'ils estiment etre une erreur,pour finir par se confondre aux marionnettes,manipulés par les aléas de la vie -meme.
Et c'est avec un sentiment d'amertume que le spectateur voit défiler le générique final, quittant ces personnages romantiques au premier sens du terme,et cette oeuvre certes flamboyante dans sa forme,mais particulièrement sombre dans son esprit.
Fabuleuses et envoûtantes poupées
Ce film est formidable ; troublant de poésie, de beauté et de romantisme. On voit très rarement des œuvres aussi jolie du point de vue esthétique, au point que certaines critiques n’ont vu là que le seul intérêt du film. Leurs yeux étaient tellement fasciné par la splendeur de l’image qu’ils n’ont apparemment pas pu comprendre la mélancolie se dégageant de ces trois histoires habilement entremêlées. Les personnages sont attachants, l’ambiance est envoûtante, le scénario est travaillé sur les moindres détails ; et le style Kitano est bien présent. Il a même évolué : on retrouve bien sur quelques uns de ses personnages fétiches (le boxeur Yakuza de Kid Return notamment), ses plans figés, son humour si particulier et sa façon de suggérer les actes pour laisser au spectateur la liberté d’interpréter l’histoire à sa guise…Mais il ressort cette fois encore autre chose de ce film, ce « plus » qui manquait à « A scene at the sea » et qui emplit le cœur du spectateur de milles émotions et sensations (mélancolie, tristesse, bien-être, joie etc…). Cette œuvre apporte la beauté que l’on ne trouve généralement que dans les livres (du fait de l’interprétation du lecteur justement) et est donc un régal pour le cœur, l’esprit et les yeux… Les acteurs sont sensationnels et les « flash-back » sont courts et utilisés à bon escient (on s’y perd moins que dans Hana-Bi mais ils restent tout de même très pertinents et intéressants pour le spectateur). Le seul bémol à apporter à ce film résiderait peut-être dans l’histoire concernant la star de la pop (voir une jeune fille dansée façon « Utada Hikaru » dans un film de Kitano…ça surprend ! !) puisque je trouve qu’elle apporte moins que les deux autres…Cela est bien entendu insignifiant par rapport à la beauté du film ! ! Le spectacle de bunkaru (marionette japonaise) du départ incitera le spectateur à réfléchir sur sa condition et lui permettra de mieux apprécier le lien de ces trois histoires (et lui donnera également envie de retourner voir Dolls si il a eu la bêtise , comme ce fut mon cas, de se désintéresser de cette ouverture). Ce film a donc d’énorme qualité et est a conseillé au fan de Beat Takeshi et aux autres ! !
du grand du beau Kitano
Je sors à peine de la salle de cinéma et je ne peux résister à l'envie de parler de ce film majestueux !!
Il y avait du pour et du contre mais pour moi c'est DU POUR !!
Les paysages sont grandioses, une effervescence de couleurs... Ce rouge omniprésent est terriblement prenant.
Les premieres minutes du film sont à ne pas manquer, le spectacle Bunraku est impressionant et assez étonnant. Les trois histoires d'amour de ce film sont belles dans la tristesse. On entre en plein coeur de la culture japonaise et c'est un vrai bonheur...
L'amour parfait n'existe peut être pas d'après Kitano, mais une chose il nous implore à travers ce film, de profiter de l'instant présent...
Merci Strasbourg et tes avant-premières...