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Le Détroit de la faim

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les avis de Cinemasie

5 critiques: 4.7/5

vos avis

16 critiques: 4.27/5

visiteurnote
k-chan 5
Mounir 5
mattMAGNUM 5
Hojo 4.75
OshimaGosha 4.75
Chip E 4.5
Cuneyt Arkin 4.5
zybine 4.5
Miyuki 4.5
hkyume 4.25
Omerieux 4
Bastian Meiresonne 4
Pikul 4
ikoo2mi 4
Anicky 3.5
Scalp 2


classer par notes | date | rédacteur    longueurs: toutes longueurs moyen et long seulement long seulement

La vérité gît dans les cendres

Superbe fresque criminelle par un auteur méconnu du cinéma classique japonais. Il y a dans ce film de près de trois heures une force dramatique qui n'a d'égal que celle de certains exercices de Kurosawa dans le genre comme Entre le Ciel et l'Enfer, où l'enquête policière prenait de semblables allures de cauchemar éveillé. Uchida pousse même le concept encore plus loin avec une narration judicieusement éclatée, elliptique, qui s'étend sur dix ans et opère d'incessants allers-retours dans le passé, brouillant les pistes les plus évidentes sans jamais nous éloigner des personnages. Le souffle épique opposé au plus profond intimisme, la qualité romanesque et la portée sociale à l'unisson, l'esthétique quasi documentaire de certaines scènes (celles du bordel ou des flics en plein travail) et la folie psychédélique d'autres (les meurtres, les flashbacks imaginés par l'inspecteur Yumisaka), la caméra virtuose d'Hanjiro Nakazawa (admirable scope tantôt porté, tantôt à la grue), la lente régression du tempo (des dix premières minutes menées tambour battant au fastidieux interrogatoire final d'Inukai), autant de caractéristiques qui font du Détroit de la Faim une œuvre à la fois audacieuse et captivante, exigeante et populaire, d'une incroyable modernité et du plus beau des classicismes. À voir et revoir sans hésiter.   

17 octobre 2012
par Chip E


Impressionnant dans sa première partie, mais légèrement décevant dans la deuxième

La première partie du film est géniale, et à bien des égards. Débutant comme une cavale dans une nature en furie, elle se prolonge dans un portrait cinglant du Japon de l'immédiat après-guerre. A ce stade l'enquête proprement dite est laissée en retrait. Dans sa première moitié, le film est d'une puissance incroyable, réellement hallucinante. Ensuite la partie investigation prend le pas sur le récit et ce tableau violent comme un taifun s'appaise pour s'achever dans les eaux calmée du détroit. Ici je ne peux pas m'empêcher de penser que le film perd en intensité: on a une petite impression de descente de produit, ou alors la torpeur après l'orgasme. On se retrouve ici dans un cadre plus traditionnel de polar. Si le film gagne en profondeur psychologique il perd intensité dramatique pure. On reste dans du très haut niveau mais la déception peut être réelle (elle le fut pour moi). Pour sa première moitié certainement, le Détroit de la faim est un incontournable, d'une intensité formidable. La deuxième partie, si elle m'emballe moins absolument ne démérite pas du tout et permet au film de rester un chef-d'oeuvre indiscutable sur la longueur.

26 septembre 2006
par Cuneyt Arkin


Le juge et l'assassin

Une réussite très impressionnante, qui rappelle fortement les grands films policiers et moraux de Kurosawa (les salauds dorment en paix ou Entre le ciel et l'enfer notamment). Les traits sont cependant distincts : le héros de Uchida est une brute, sans conscience morale et apparemment sans remords (encore que, la scène finale...). En revanche, comme Kurosawa, Uchida alterne admirablement l'épique voire le dantesque (admirable reconstitution du typhon et du chaos qu'il engendre entre Hokkaïdo et Honshu) avec la miniature et le huis clos (les très impressionnants interrogatoires de la fin). L'interprétation est de premier ordre.

29 juillet 2006
par zybine


Ongle de vue

En recevant le feu vert par les studios de la Toei de pouvoir adapter l'ambitieux roman de MINAKAMI Tsutomu, UCHIDA peut finalement concrétiser l'un de ses rêves d'aborder franchement les conséquences de l'immédiat après-guerre. Puisant une très large influence de l'immense succès du précédent "Entre ciel et l'enfer" d'Akira KUROSAWA (et - dans une moindre mesure - du "Chien enragé" du même cinéaste), il poursuit ses thématiques toujours récurrents, mais dans un cadre plus contemporain : personnages rattrapés par leur destin, protagonistes esseulés, différences sociales, oppression des instances en place, déchaînement des éléments naturels métaphoriques de l'état d'âme des personnages (thème commun avec - là encore - KUROSAWA)... Faisant une nouvelle fi de la prétendue règle essentielle cinématographique, comme quoi toute histoire doit de s'attacher à un unique personnage, la complexe intrigue suit tout d'abord trois malfrats, avant de ne se focaliser que sur l'unique survivant, avant de dépeindre la vie d'une prostituée avant de basculer sur l'enquête policière et de revenir à des protagonistes du début de l'histoire. La boucle est ainsi bouclée, le passé rattrape toujours les destins des personnages. Ce procédé particulier ne gène pourtant nullement, tous les personnages étaient parfaitement définis et - par conséquent - assimilés par l'audience; procédé déjà exploré dans de nombreuses oeuvres du cinéaste, tels que "Le Mont Fuji et la lance ensanglantée", la trilogie du "Col du Grand Bouddha" et - dans une moindre mesure - dans la série des "Miyamoto Musashi" toujours en cours du tournage à la finition du présent film. La mise en scène bénéficie d'un étonnant dynamisme (tournage en 16 mm, permettant une caméra plus mobile; des expérimentations au niveau de l'image et du son), prouvant que le "vétéran" n'a encore rien perdu de sa fougue et de son inventivité face au talent des jeunes créateurs de "La Nouvelle Vague". Une magistrale leçon de cinéma.

28 mars 2006
par Bastian Meiresonne


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