De pire en pire
Le film débutait bien. L'arnaque à l'assurance ; le film commence à montrer les enquêteurs d'une manière plutôt honnête, cherchant réellement ceux qui fraudent, avec certains clients jouant faussement les innocents ; et évidemment certaines fois les assurances emploient les grands moyens, avec menaces et compagnie pour que les clients résilient leur contrat. Mais on passe rapidement sur cet état de fait pour se concentrer sur une histoire un peu glauque : un homme fait venir l'assureur chez lui pour parler de son contrat, quand l'employé tombe sur le fils, pendu par une corde dans sa chambre. Après avoir récupéré du choc, il est persuadé que le client a tué son fils pour récupérer la prime, maquillant le tout en suicide. On s'attend ainsi à une enquête stressante, à un thriller bien noir, mais il y a un truc qui cloche dans l'histoire : on ne voit personne. Pas de passant dans la rue ; le personnage principal ne croise jamais personne à part les gens avec qui il interagit directement, et tout cela marque une certaine irréalité agaçante. On n'y croit pas, et encore moins au fur et à mesure qu'on avance vers la chute. Et là - et je vais obligé de révéler des éléments de l'histoire - il est regrettable de constater que dans un film, si on ne voit pas le méchant mourir explicitement, cela veut nécessairement dire qu'il est encore vivant et que le film n'est pas fini. La surenchère de faux suspense dans les dernière 20 minutes est pompeuse et donne vraiment envie de tout arrêter et d'abandonner complètement les thrillers coréen.
On notera tout de même que Hwang Jeong-Min et Kang Shin-Il sont excellent dans leurs rôles, alors que Yu Seon est particulièrement agaçante, notamment à la fin. Bref, un thriller tout ce qu'il y a de plus ennuyeux tellement il correspond ni plus ni moins au cliché habituel des films de suspense.
23 septembre 2007
par
Elise
d'évidentes vertues pédagogiques
Au début on se dit qu'on tient une nouvelle fois un de ces nombreux films inutiles, dont l'idée même n'a aucun intérêt et qu'on avorterait volontiers si on était un brin fasciste, plutôt que de les voir envahir les salles obscures et les vidéo-clubs (même si finalement nous sommes tolérants : un film, même non mis en scène, développant un scénar déjà vu cent fois et cultivant les poncifs, en un mot inintéressant, a le droit de vivre).
Mais ne nous y trompons pas,
Black House n'est pas de ces films anonymes et quelconques, non, c'est (dans sa dernière moitié) la compilation ultime de ce qu'il ne faut pas faire dans un film d'horreur/suspense, de tous les mécanismes grossiers et de toutes les figures usées jusqu'à la corde qui vous garantissent un film navrant. A ce titre il devrait être étudié dans les écoles de cinéma, rien que ça.
In gore we trust
Dans un autre "été de l'horreur" (la période estival est généralement reconnue comme la plus propice pour passer des films d'horreur, capables de donner des "suées froides" au spectateur et ce depuis le très bon succès surprise de "Memento Mori" et – avant ça – le phénoménal succès des séries télé horrifiques), "Black House" détonne parmi une ribambelle de titres plus "convenues ("Evil Twin", "Epitaph", "Muoi"…) et pout cause: on tient là un authentique petit slasher-like avec des purs effets gore rarement entr'aperçus dans le récent cinéma coréen.
Mieux encore: la première heure ne laissait absolument pas entrevoir la tournure grand-guignolesque de la seconde partie du film.
Au lieu de cela, on commence tout doucement par l'introduction du sympathique héros principal (impeccable Hwang Jeon-min), traumatisé par un douloureux épisode de son enfance un peu téléphone, qui va commencer un nouveau travail comme enquêteur d'assurances pour déterminer si les soi-disant victimes disent vraies et méritent vraiment la compensation qui leur est due. Dans un coin reculé, il va être confronté à l'apparent suicide d'un petit garçon, auquel il a beaucoup de mal à croire.
Avec son rythme assez lent et – surtout – une mise en place assez poisseuse, le tout début de "Black House" rappelle un certain cinéma nippon de la fin des années 1970 – pas étonnant d'apprendre, que le scénario soit adapté d'un roman ultra-primé du japonais Yusuke Kishi, qui avait déjà lieu à un premier "Black House" réalisé par Morita Yoshimitsu en 1999…Un livre ou une première adaptation, qu'il n'est pas plus mal d'avoir vu, autant certains détails de la présente version sont torchées ou inabouties: le rôle du copain, spécialiste des psychopathes, est absolument torché; l'épisode du père de famille s'arrachant son propre pouce à coups de dent maladroit, sans parler du finale totalement déviant.
Mais voilà, "Black House" est l'un de ces nombreuses et délicieuses erreurs de parcours dans un actuel cinéma coréen au plus fort de son investissement…et qui permet de donner le feu vert à des projets aussi insensés que "Black House". Soit une production à fort budget (décors et lumière sont incroyablement soignés) pour un – finalement – tout petit marché de niche; car l'insuccès du présent film donne raison à croire les coréens très peu friands de films gore.
La dernière demi-heure est donc un sommet du cinéma grand-guignolesque avec tous ses torts et travers: personnage, qui se fourre dans les situations les plus incroyables (il pat seul chercher sa fiancée; il se rend directement dans le repaire du grand méchant sans être armé, ni rien; il s'enfonce toujours plus dans le bâtiment au lieu de chercher de s'en sauver au plus vite; il va se cacher dans un placard, etc…) et un méchant plus coriace encore que Jason des "Vendredi 13" (et Dieu sait à quoi ce croquemitaine a déjà survécu…). Ceci dit, il y a des nombreuses délicieuses séquences d'une violence totalement gratuite, avec – notamment – une clé de voiture enfoncée en grand plan dans un œil (et retirée par la suite, pour mieux fouiller la plaie de son doigt pour une raison totalement inconnue) et divers autres coups de couteaux infligés dans tous les sens. Au diable toute logique et conclusion satisfaisante…
Moi, en tout cas, je suis fan du climat oppressant de la première heure et ne rechigne jamais devant un bon petit slasher – alors avoir les deux en un, quel bonheur…et quel merveilleux suicide artistique!