Mélo sublime
DANCES OF FLAME fait partie d’une série de 10 films tournés dans les années 70 et mettant en scène Momoe Yamaguchi et son partenaire à l’écran comme dans la vie Miura Tomozaku. Il s’agit essentiellement de romances filmées, ou le kitch et la naïveté sont de mise, mais d’un bon niveau d’ensemble avec deux ou trois perles ressortant du lot, dont justement ce DANCES OF FLAME.
Takuji, jeune étudiant habitant un village de marins dans les années trente finissantes, rencontre la jeune et farouche Kyoko qui vit dans les collines proches et il finit par se marier avec elle. Il part au front et en revient blessé à la jambe. Il sera malheureusement rappelé au combat avec moins de chance…
La trame est donc celle d’un parfait mélodrame en temps de guerre, et si la réalisation de Yoshiuke Kawasaki respecte complètement les codes du genre, elle compose un ensemble d’une perfection formelle rare dans ce genre de productions.
La reconstitution de l’époque est réussie, la guerre n’étant qu’une toile de fond, c’est la vie de cette région reculée qui est au centre de l’action, avec ses coutumes et son quotidien. Dans des décors naturels superbes, la passion amoureuse de ces deux jeunes gens prend toute sa dimension, et certaines scènes sont de magnifiques tableaux, comme ce couple sur un pont suspendu au-dessus de la voie ferrée et dissimulé par la fumée d’une locomotive de passage, ou la scène du départ au front sous la pluie avec la belle héroïne et son fragile parapluie regardant le départ du convoi de la gare. Si les clichés sont au rendez-vous, ils sont toujours utilisés avec justesse et n’alourdissent pas le scénario. Et l’onirisme n’est parfois pas loin, comme ces scènes de Nô, ou lors des vagabondages nocturnes de Kyoko drapée de parfaits kimonos, pour une dernière partie du film touchant au sublime.
Les interprètes sont évidemment au centre du projet, et leur charisme est incontestable,
tant le dynamique Miura Tomozaku que sa partenaire féminine. Et c’est peu de dire que Momoe Yamaguchi est jolie, d’une beauté quasi-surnaturelle, quelques années plus tard Gong Li dégagera ce même style de noblesse et d’élégance. Découverte encore adolescente au début des seventies comme chanteuse, elle débutera à moins de quinze ans au cinéma dans une énième adaptation de la nouvelle de Kawabata, LA DANSEUSE D’IZU, ou elle rencontrera d’ailleurs Miura Tomozaku. Cette première collaboration donnera un pur chef-d’œuvre lumineux et aérien. Star de la décennie, elle quitte pourtant le métier au début des années 80 pour se marier avec son partenaire et élever ses deux enfants, ne s’étant jamais vraiment épanoui dans le show-biz, mais gardant une place énorme dans la mémoire de ses fans et devenant l’objet d’un culte fervent plus de vingt années après sa retraite.
DANCES OF FLAME est de l’authentique cinéma populaire, mais avec une véritable ambition artistique qui va bien au-delà du simple « film véhicule de stars », et la beauté des images s’avère être en parfaite harmonie avec l’émotion distillée par cette histoire digne des meilleurs drames classiques.