Dance machine
Le casting réunit à lui tout seul toutes les valeurs de cette curieuse coproduction: le coréen Jang Hyuk ("Volcano High", "Jungle Juice", "Windstruck"), entouré de l'actrice-mannequin-chanteuse singapourienne de descendance chinoise Fann Wong ("The truth about Jane & Sam", "Just follow law") et le americano-sino-hawaiën Jason Scott Lee ("Dragon: The Bruce Lee Story"). La parfaite combinaison pour ce qui est l'actuel rêve de l'industrie singapourienne: arriver à réunir des talents de partout dans le monde dans des productions chaperonnés par des réalisateurs internationaux. Parmi les récents exemples: "One Last Dance" de Max Makowski ou "Cages" de Graham Streeter.
Un mélange également dans les différents genres abordés. Le film est vendu sous l'accroche de "Ballroom Dancing meets martial arts", mais ce n'est pas aussi appuyé que dans un "Shaolin Soccer", par exemple. En fait, il s'agit uniquement de la rencontre entre l'artiste martial Cheng (en gros: une grosse brute) et le fébrile danseur Tae, qui sera mis au défi d'affronter le sportif en un duel pour l'amour d'une femme (quand je vous disais, que Cheng n'était qu'une grosse brute). Ces rebondissements scénaristiques donnent lieu à des délicieuses joutes verbales, comme lorsque Cheng donne RDV à Tae dans uen semaine pour un duel d'homme à homme. "Mais je n'ai jamais pratiqué les arts martiaux" se plaint Tae. "Ce n'est pas mon problème" répond Cheng, sûr de sa victoire. Du coup, Tae se met à étudier les arts martiaux de Shaolin (du Sud), qu'il réussit à maîtriser en moins d'une semaine montre en main, en plus de ses cours, répétitions pour un concours de danse et heures supp dans un garage (et accessoirement son ménage, sa vaisselle et j'imagine, qu'il va aussi aux toilettes de temps à autre).
On est dans le domaine de la fiction, mais dans celle où tout devient possible au profit de la forme. Le film es magnifiquement emballé, mais l'intrigue est risible et des nombreuses sous intrigues (Cheng menacé de mort pour ne pas avoir exécuté un "contrat" pour le caïd du coin) tentent vainement de brouiller la piste d'un fil conducteur tout tracé. Les clichés abondent, les bons sentiments dégoulinent de l'écran et le seul moment de grâce (en toute fin du film) est massacré par l'insertion inopinée de la chanson d'Enrique Iglesias (l'insupportable "Heros").
Arrgghh !
C'est de nouveau l'un de ses films d'un occidental, qui pense avoir capté la quintessence des valeurs asiatiques et qui se permet en plus de donner des leçons à d'autres en cherchant à réaliser le produit parfaitement formaté aux préados et ménagères pour faire pleurer dans les chaumières sur cette "belle historie d'amour". Non, c'est ridicule plutôt !
