Un thriller terrifiant et hypnotique
Avis express
La découverte de Kurosawa Kiyoshi en France avait une certaine gueule en cette fin d’année 1999.
Cure, grand film du vide, annonce l’œuvre tranchante d’un cinéaste comme obsédé par l’extraordinaire d’une situation ordinaire. Comme s’il n’y avait, au final, rien de normal dans une société d’apparence claire, très définie. Le Japon dans
Cure est quasi inexistant, vide, déjà chaotique. Les personnages sont comme coupés du reste du monde (superbes cadrages sur un Yakusho Koji impérial, bien seul chez lui), obnubilés dans leur enquête, piégés par un petit malin qui prend visiblement du plaisir à mettre ses cours en application. Et si
Cure fonctionne parfaitement, si l’on accepte d’être pris par cette histoire à dormir debout, c’est parce que le croisement des genres atteint sa cible, entre une noirceur à couper au couteau et un fantastique halluciné, plongeant le spectateur dans un tourbillon de doutes permanent, le film enchaîne les séquences en suspension (l’effroyable hallucination de Takebe en rentrant chez lui, le délire de son collègue psychanalyste après le visionnage de la cassette) et les ellipses pour agripper le spectateur à la gorge sans créer l’effet explosif : les séquences de meurtres sont filmées sans artifice, avec une grande économie de moyens (distance, sècheresse) car là n’est pas l’intérêt.
Cure c’est avant tout l’excellente montée en tension d’un flic épuisé, une traque sans issue, une malédiction sans fin, avec en guise de points de suspension un plan final saisissant.
Un cauchemar sans remède ...
Avec Cure, Kyoshi Kurosawa nous offre une œuvre d'une grande maturité qui restera longtemps dans les annales du cinéma moderne japonais.
Le film débute par une enquête policière des plus banal, l'inspecteur Takebe se retrouve confronter à une série de meurtres ou les victimes sont découvertes sauvagement mutilées. Parmis eux, un point commun, un large X gravé au niveau de la gorge et du torse. Mais le récit prend une nouvelle dimension lorsque Takebe (interprété ici par l'excellent YAKUSHO Koji) met la main sur un suspect frappé d'amnésie et qui s'avère de plus en plus étrange au fil des interrogatoires. Ce dernier doté d'un étrange pouvoir est la clef du récit, l'élément perturbateur qui entraîne le film vers une stupéfiante intensité dramatique.
Cure est l'occasion à son metteur en scène d'explorer les abysses de l'esprit humain et d'analyser la lente et progressive folie qui le gagne. Le personnage principal se retrouve dépassé par les évènements, son suspect répond par énigme ou répète qu'il ne se souvient de rien. A la fois intrigué et inquiété par cet homme, Takebe s'engage dans un long voyage qui l'entraînera dans le mystérieux monde de l'hypnose. Mêlant intrigue policière et drame psychologique, Cure présente tous les facteurs du genre fantastique qui confère au film une atmosphère unique. D'une part nous découvrons l'histoire sous un point de vue uniquement subjectif (Takebe en l'occurrence), le cadre est des plus normal même s'il présente des aspects du domaine de l'étrange (Tokyo sous des nuages persistants), enfin face aux évènements qu’il rencontre, Takebe persiste à chercher une explication scientifique (Ses demandes d'explication auprès d'un médecin psychiatre se multiplient au cours du récit).
Le film présente une gestuelle du corps spécifique à la souffrance (Physique et morale) qui se souligne par une palette très diverse de mouvement de corps. Dans "Cure" les acteurs(trices) portent leurs mains sur leurs front, se tordent de douleurs, s'agenouillent (Takebe lorsqu'il croit voir sa femme pendue) ou encore frappent les murs par désarrois. Outre la gestuelle, les dialogues quant à eux se limitent au minimum. Ils n'atteignent pas le frappant mutisme de l'œuvre d'un Takeshi Kitano, contrairement à son film License to Live ou tout dialogue était rare. Ici les personnages se contentent de présenter les faits, une manière épurée pour Kurosawa d'appréhender ses personnages. Pourtant tout comme les gestes, l'approche de la souffrance se fait aussi par les dialogues. Les personnages gémissent, crient, et pleurent. Une présentation qui s'avère dérangeante et « contagieuse » avec le spectateur.
La contagion, autre thème du film, est aussi abordé dans Cure. Illustré par le suspect connu sous le nom de Imania. A la fois détenteur du mal contagieux, il est aussi celui qui le propage au moyen de l'hypnose pour des raisons peu à peu mis en évidence dans le récit. Ancien étudiant de médecine, il disparut durant de nombreux mois pour réapparaître sur une plage, comme s'il était né sur cet endroit, tel un envoyé divin (Note : une légende veut que le peuple japonais soit né de la mer) qui se doit d'accomplir une tache. Or c'est la question qui se pose dans le film, en quoi consiste t-elle ? Le réduire à un simple meurtrier serait une erreur quand on a affaire à un personnage beaucoup plus complexe. Lorsque Takebe questionne Imania, celui-ci répond par une question. Ce dernier le dit clairement, il veut savoir ce qui se cache à l'intérieur de ses victimes, une façon pour lui d'ouvrir les yeux de ces hommes aveuglés par une vie et des mœurs illusoires. Imania, est le personnage qui semble le moins cernable, d’ailleurs Takebe lui-même se révèle impuissant face à cet individu.
La relation qu'établit Takebe avec son suspect est fascinante. Kyoshi Kurosawa installe une barrière dés leurs première relation (un interrogatoire). Mais cette approche disparaît peu à peu pour laisser place à une étrange intimité entre les deux protagonistes. D'une part l'inspecteur Takebe garde ses distances (craignant déjà l'emprise de Imania). Mais la faiblesse de son enquête se reflète sur le personnage, victimes d'impressionnante hallucinations magnifiquement mis en scène, il perd progressivement la maîtrise de son enquête. Après avoir tissé le lien , dans la seconde partie, Kyoshi Kurosawa met en place une lente union des deux personnages. Comme si une fatalité avait fini par les rejoindre, cette fatalité représentée par cette simple flamme de briquet. Seul moyen pour Imania d'ouvrir la voie qui lui permettra de sonder l'âme de Takebe, telle une clef s'apprêtant à ouvrir cette étrange porte en forme de X.
Les derniers plan du film présente un inspecteur Takebe fumant paisiblement une cigarette dans un café, le cauchemar a fini par s'apaiser, mais maintenant il est définitivement ancré dans le personnage. Parce que finalement dans Cure il n'y a pas de remède possible.
Réussite mineure
Pour qui veut découvrir l'univers de Kurosawa Kiyoshi, les qualités cinématographiques qui ont fait sa gloire critique en France mais aussi les défauts au moins aussi importants qui conduisent à la relativiser, Cure peut faire office de bonne introduction. En l'état, le film n'est pas inintéréssant mais quand même loin du chef d'oeuvre claironné ici et là ou du grand thriller dont parlent beaucoup d'amateurs de cinéma asiatique.
Parmi les qualités du film, on a quelques belles observations sur le Japon contemporain -la place des femmes dans un univers de travail machiste, la haine rentrée vis à vis des collègues dans le monde du travail, quelques symboliques un peu moins univoques que les autres concernant ce qui joue le role de déclencheur du retour du refoulé (la flamme, la flaque d'eau)-. Et bien sûr le fameux travail sur le son qui a fait la réputation du cinéaste, travail fait de bruits lourds, en sourdine, de battements de coeur jamais insistants, le tout contribuant à l'ambiance très particulière du film. Question mise en scène, on peut noter un vrai sens du cadre, quelques beaux mouvements de caméra serpentant à travers le décor et un travail très particulier sur le montage dilatant certains plans pour créer une durée non pas étirée jusqu'à plus soif comme chez les Taïwanais mais tentant de se rapprocher de l'état comateux ou somnambule. A la vision alglo-saxonne du thriller comme force narrative pure, Kurosawa Kiyoshi substitue celle du thriller comme expérience sensorielle permanente qui nous fait pénétrer dans le cerveau de ses personnages. Le problème, c'est que le film atteint parfois un peu trop bien son objectif, comme contaminé par l'hypnose de son sujet, et réussit à susciter des baillements voire par moments l'endormissement.
Une autre très grosse faiblesse qui empeche le film de réussir à convaincre, c'est son extreme prétention philosophique en particulier dans l'exploitation de l'idée du personnage amnésique, donnant des dialogues au double sens tellement évident dignes d'un étudiant qui viendrait pour le première fois de plonger en diagonale dans un livre scolaire de philosophie et en profiterait pour étaler avec une frime vaine sa nouvelle "science": le "Je ne sais pas qui je suis.", le tueur qui demande plusieurs fois aux policiers qui l'interrogent "qui êtes vous?", un "C'est un crime de divertissement" en forme de Pascal version méthode Assimil et un "cela doit venir du démon" incarnant avec la légèreté d'un tank la perte de repères religieux dans un Japon moderne amnésique, un "je suis plein de vide" renvoyant à l'idée du personnage se vidant de lui-même pour jouer les révélateurs des autres mais aussi au "vide de la société moderne". Sans compter la symbolique lourde de l'acharnement de l'inspecteur sur un morceau de viande symbole de sa détestation de l'humanité, le flash back "éclair" explicatif sur le singe alors que la pose simiesque d'un personnage au début et les plans insistants sur les singes en cage suffisaient à comprendre la réaction de l'inspecteur ou encore la croix symbole d'une "autre" religion. En répétant certains symboles ou objets, Kurosawa contribue à figer leur sens là où un Cronenberg en ne montrant qu'une fois des objets chargés de nombreux sens symboliques ouvre la voie à une multiplicité d'interprétations parce qu'il n'y a pas de sens premier qui s'impose vraiment.
Cet aspect révèle en outre un cinéaste raisonnant en termes de concepts philosophiques plutôt qu'en termes de personnages en chair et en os, bref qui tombe dans les travers qu'évite un Kubrick n'oubliant pas de construire des êtres en chair et en os et pas des illustrations de concepts. SPOILER Exemple: la femme médecin renverse un verre d'eau, le patient la force à se concentrer sur les formes dessinées par le liquide sur le sol, lui fait parler de son passé d'étudiante en médecine dans un monde machiste... Dans une pissotière, elle lacère ensuite un homme. Ce type de mécanique se reproduit à l'identique tout le long du film, les remèdes au retour du refoulé sont le meurtre ou le suicide. Kurosawa n'imagine pas une seconde que le retour du refoulé et la prise de conscience d'un passé pesant puissent faire à eux seuls avancer l'individu dans la vie sans passer par la réalisation de l'instinct de destruction. Cela met en outre en évidence que le film cumule deux visions de l'inconscient qui se parasitent: celle du mesmérisme (cf commentaire) et celle de l'inconscient freudien. Pourquoi? Tout simplement parce que Freud a formalisé certaines découvertes de Mesmer et que du coup les scènes du film censées concerner le mesmérisme pourraient aussi bien s'expliquer de façon freudienne sans passer spécifiquement par Mesmer.FIN DU SPOILER
Pour résumer, là où mes confrères sont fascinés par les opacités du film, je le trouve plutot trop explicite et démonstratif le plus souvent. Quant à dire que c'est un film au découpage le rendant plus accessible que ceux de Kitano, là encore je ne suis pas totalement d'accord. Au niveau rythme, on est quand meme plus proche d'un certain cinéma japonais contemplatif que d'un Usual Suspects. Qui plus est, là où la plupart des films de Kitano sont lents mais au montage épousant bien la durée émotionnelle des scènes, ce film au nom d'un grand groupe de la New Wawe eighties n'est pas toujours bien réglé rythmiquement: Kurosawa n'a jamais fait mystère de son amour de le série B américaine et son film aurait gagné à mes yeux à ne pas dépasser l'heure trente réglementaire de ces films-là. Et là où par contre je partage tout à fait l'avis de François c'est sur le côté mal développé de la relation de couple dans le film. On me dira qu'il s'agit d'un thriller sensoriel et pas narratif. Mais sensoriel ne veut pas dire sans humanité. Or un développement plus important de l'idée que le traitement (un des remèdes du titre, l'autre remède possible au passé emprisonnant l'individu étant le meurtre) subi par la femme de l'inspecteur est inefficace aurait pu apporter de l'humain -les quelques scènes de couple en apportent mais sont trop peu nombreuses pour que cet apport soit décisif- et aidé à donner l'impression d'etre en face de personnages et non de concepts.
Kurosawa se ressaisit heureusement sur la fin, tant au niveau du rythme enfin hypnotique et soutenu d'un meme mouvement qu'en amenant une certaine ambiguité vu que SPOILER si l'échappatoire est toujours le meurtre, ses conséquences sont un apaisement par l'échange d'énergies ente flic et tueur. Kurosawa fait alors intervenir pleinement la théorie du mesmérisme. FIN DU SPOILER Cette fin permet d'achever le visionnage sur une note positive et de considérer avec le recul le film comme une oeuvre prometteuse quand même loin d'être une réussite majeure.
Excellent thriller psychologique digne des meilleurs polars US
3 films de Kiyoshi Kurosawa (rien à voir avec Akira) sortent en France en l'espace de 2 mois, et Cure est le premier d'entre eux. Il oeuvre plus dans la série B que les suivants, mais les lois de ce genre sous-évalué sont habilement détournés au point que le film a été parfois comparé à Seven et Le silence des Agneaux, rien que ça!
Et c'est vrai que c'est une réussite, un film d'atmosphère, ici plutôt clinique et inquiétante, à la grande joie du spectateur. Il est inspiré, comme Jin-Roh, d'un conte pour enfants qui sous-tend et gouverne l'histoire: Barbe Rousse. Et qui plus est, il est tout à fait abordable pour n'importe quel spectateur, car le rythme est soutenu, à la différence de Kitano qui a imposé son style par des temps morts.
Venons en au serial killer - car oui c'est une histoire de serial killer. C'est un personnage fascinant: il est amnésique. Ca signifie qu'il vit complètement dans le présent, c'est-à-dire que ce qu'on lui dit s'efface automatiquement de son esprit, ce qui a le don d'énerver les inspecteurs de police. Seul Takabe s'accroche jusqu'à laisser entrer ce personnage en lui lorsque ce dernier mourra (c'est du moins ce que laisse envisager une fin ambigue à souhait).
Bref, un très bon moment de cinéma. N'hésitez pas et jetez-vous dessus.
Un thriller très intriguant et complexe
A tous les déçus des Seven-like, Cure pourrait être un remède efficace. Alors qu'il est de plus en plus difficile de réussir à innover sur ce sujet, les japonais réussissent à étonner, un peu comme ils ont pu le faire pour les films de fantômes. Cure n'est pas parfait, mais il se démarque suffisamment de ses "collègues" pour mériter la ou les visions.
Son intérêt principal vient évidemment de son scénario, très énigmatique et qui se montre très peu explicatif. Le film en devient parfois frustrant, tellement on se demande s'il y a vraiment une explication construite derrière tous ces mystères, ou si le scénario ne brasserait pas que du vent. La limite entre ces deux choix doit être assez souvent franchie à mon avis, spécialement par ceux qui préfèrent les explications à la réflexion. Pourtant il est évident qu'il y a un vrai travail sur ce tueur très mystérieux, un homme qui répond par des questions, et résume à lui seul le film : Cure ne répondra pas à vos questions, mais vous en retournera de nouvelles. Et tout comme l'inspecteur, le spectateur pourrait commencer à s'énerver. Au moins on ne peut retirer au film son pouvoir d'implication.
Chacun pourra donc disserter sur le pourquoi de ce pouvoir mystérieux du tueur, sur ce qu'il réveille dans chacune de ses victimes, sur ce qu'il dévoile de l'âme humaine. En cela le film se démarque déjà beaucoup, il amène à réfléchir sur les motivations du tueur, même s'il est peut-être difficile de conclure. L'autre point fort de Cure est que cette histoire intéressante est bien servie par une réalisation et une interprétation de bon niveau.
Il faut déjà souligner la qualité de la narration mise en place par Kurosawa Kiyoshi, puisqu'il choisit de dévoiler les meurtres et le meurtrier progressivement, en partant de la fin de chaque histoire. Pratiquement, on ne voit de la première "victime" que son traitement en clinique bien après les évènements tragiques, on voit le deuxième meurtre et l'enquête qui suit, on assiste à la préparation du troisième meurtre, etc... A chaque fois on en apprend un peu plus, ce qui permet de maintenir un intérêt croissant pour cette énigme. Idée simple, mais idée efficace.
Continuons avec le traitement de la lumière et du son, également intéressant. Il y a beaucoup de jeux de lumière, avec évidemment beaucoup d'obscurité, et quelques passages assez oppressants. Kiyoshi livre une réalisation très classique mais efficace, son scénario et les quelques jeux de lumière et son suffisant à construire l'ambiance. La musique reste étonnament absente, laissant la place à des bruitages très communs mais très stressants dans les situations de tension du film. Le plus souvent ce sont des bruitages répétitifs (comme un ventilateur), qui agacent au plus haut point. Résultat garanti ici aussi. Rarement la musique ne cherche à pousser le volume et les effets gratuits pour provoquer le spectateur. Tout est amené en finesse.
Enfin, on peut aussi souligner la bonne tenue des acteurs, notamment des deux rôles principaux, l'inspecteur et le suspect. Les deux héritent de rôles difficiles, le premier devant intégrer ses problèmes conjuguaux, alors que le second doit inquiéter en posant toujours les mêmes questions et en ayant l'air totalement perdu. Le résultat est probant, et les seconds rôles sont tous sobres et efficaces.
Au chapitre des défauts, mis à part le problème du scénario aussi frustrant qu'intéressant, il y a l'intégration des problèmes conjuguaux de l'inspecteur, qui laissent un petit goût d'inachevé. Leur développement sonne un peu trop léger ou un peu trop important, avec le risque de voir ça comme un récit annexe au début du film, avant qu'il ne s'intégre dans le propos par la suite. Peut-être qu'un peu plus de temps passé avec le couple aurait permis au spectateur de plus s'impliquer. Mais comme le film bénéficie d'un rythme très lent, on risquait alors la lassitude. L'absence de musique et l'espèce de léthargie qui habite les personnages impliquent une bonne attention pour ne pas décrocher.
Cure n'est donc pas le thriller psychologique du siècle, mais son originalité est évidente, au milieu des dizaines de films du même genres sortis depuis quelques années. Il est également d'un accès plus difficile, et justifie pleinement le terme "psychologique". Si vous vous êtes lassés des histoires de tueur où tout vous est expliqué trois fois, essayez ce traitement qui vous laissera avec plus de questions que de réponses.
Interessant!
Ce film pourrait etre vraiment excellent si il y avait moins de longueurs: le scenario étant vraiment interessant et original et les interprétations des deux principaux personnages étant irréprochables. Je dois avouer avoir dû revoir plusieurs fois la fin pour vraiment bien comprendre et le petit reproche que je ferais est que la scene pourtant importante de la mort de la femme de l'inspecteur Takabe est bien trop breve et il suffit de quelques secondes d'inattention pour la rater. Mais je conseille vivement ce film noir et étrange qui prete à reflexion.
Surprenant
Un très bon thriller excellement bien mené par son réalisateur. "Cure" met vraiment mal à l'aise.
Le seul problème est que le film n'est plus le même quand on le regarde une deuxième fois.
A voir absolument. Au moins une fois.
Ambigu. Du cinéma de genre intellectuel, réussi comme seul Kurosawa pouvait le faire.
Grand film.
Ca démarre comme un « Seven »-like glauque, et ça tient en haleine, Kurosawa Kiyoshi (« Charisma », « Kairo ») sachant installer les atmosphères urbaines oppressantes avec un rien. Le tueur tête-à-claques remplit parfaitement son contrat de tête de turc du flic de service, et on croit au départ à une sorte de film fantastique sur la manipulation psychique. Puis très rapidement, autre chose est distillé, une sorte de malaise viscéral, et on sent que la vérité est ailleurs : « Cure » n’est pas un film de serial-killer, ni un film fantastique, mais rien d’autre qu’une des oeuvres du triptyque (avec les deux autres films de Kurosawa cités plus haut) sur l’incommunication meurtrière de la société de consommation actuelle, dite civilisée. L’ « assassin » ne contrôle pas les esprits, mais laisse au contraire ses victimes faire ce que leurs dictent leurs inconscients (et non leurs conscients) ; et dans la plupart des cas, leurs inconscients (leurs VRAIES pulsions échappant à la logique - une logique empirique? - et la Morale) leurs dictent soit le suicide, soit le meurtre. Une manière de dire que la société actuelle, avec ses codes et ses numéros de sécurité sociale, n’est qu’une façade permettant à une bonne partie de ses membres de se voiler la face et de se mentir à eux-mêmes en agissant comme des êtres normaux. Encore faut-il définir la normalité ?
Délibérément pessimiste et désagréable (son « hypnotiseur psychopathe » est littéralement insupportable), « Cure » n’est pas un film à voir entre amis autour d’une bière, mais est une véritable expérience à réfléchir, portée par un scénario psychologique dantesque et un acteur principal (Yakusho Kôji – « Charisma ») excellent. Mais une expérience à ne surtout pas réserver aux dépressifs…
Cure, film tourbillon, plus on s'approche de son centre et plus c'est inéluctable...
Le film est un véritable trou noir, un véritable tourbillon.
Oui tout le monde a cette image en tête, vous voyez un tourbillon d'eau (dans l'évier, dans un cours d'eau), mettez un petit bout de papier. Le petit bout de papier va tout doucement se déplacer vers le centre du tourbillon, puis il est pris dans la spirale, la vitesse s'accélère, et finalement le petit bout de papier est aspiré dans l'eau, sans qu'il n'est pu s'en sortir...
C'est vraiment cette image qui m'ait venue à l'esprit quand j'ai vu CURE, elle caractérise le film entier et l'effet qu'il a sur nous, et ses personnages.
En tant que spectateur, le film nous submerge peu à peu, mais une fois qu'on est pris, impossible de s'en sortir. L'intrigue est vraiment prenante, les personnages ont quelques choses d'attachants, ils sont tellement humains, ils ont tous un côté lumineux et un côté obscur (le héros qui bosse pour la police, et sa femme complètement psychotique, etc.). Faut avouer que cette histoire de tueur qui n'agit pas directement (vous comprendrez quand vous serez face au film) est véritablement intriguante et Kyoshi K. qui joue la dessus délivre de plus plus d'indices au fur et à mesure des meurtres.
Que dire aussi de ces scènes d'une incroyable banalité qui tout d'un coup en un millième de seconde vire à la dramaturgie la plus totale. Imaginez, un plan d'ensemble, un petit commissariat de campagne, deux flics. Ils sortent en même temps, l'un prépare son vélo (pour partir en ronde), l'autre sort la poubelle. Le flic pose la poubelle, se relève, regarde le soleil, sort son flingue ajuste et tue son collègue d'une balle dans la tête avec une froideur qui surprendra les plus endurcis. Le cadre et la mise au point n'a pas bougé d'un poil, tout est dans le cadre, pas de montage, ça assomme réellement. Pour tout vous dire j'ai remis la scène en arrière parce que j'y croyais vraiment pas, je pensais que j'avais raté qqch. C'est là une preuve d'une grande maîtrise, tout va bien, tout va bien, ça continue d'allez bien, et BANG, tout va mal. En un millième de seconde tout bascule, c'est grandiose.
Le film témoigne d'une grande maîtrise narrative qui vous scotche véritablement à l'écran, c'est du grand art.
Pour revenir à nos histoires de tourbillon, le personnage principal, subit ce phénomène. Plus le héros, pénétre dans l'univers du tueur, et plus il est pris au piège. Au fur et à mesure de l'histoire et des découvertes, le héros est pris dans un tourbillon dont il ne peux plus sortir, ce qui l'amène à un affrontement inévitable avec le tueur. Affrontement qui sera lourd de conséquences pour les deux protagonistes. Les deux foncent vers le mur, lequel s'en sortira. Le pire c'est que nous spectateur, on va aussi droit dans le mur et on se demande comment tout cela va terminer. Oui mesdames et messieurs, c'est film véritablement éprouvant. Un seven bis, à la sauce japonaise, plus fine et plus intelligente.
Oui c'est bête, mais on pense à SEVEN, à croire que le film de Fincher a traversé la tête des réal. Asiat. et leur a laissé à tous des séquelles. Il y'a eu Tell Me Something, qui était moyen mais pas mal, et avant il y'a eu Cure : FABULEUX. Cure non seulement s'est un peu inspiré de SEVEN dans son récit, dans cette fin inéxorable et noire, mais il développe des choses véritablement plus poignantes que son modèle. La relation Brad Pitt/ Guyneth Palthrow, même s'il est belle et poignante n'est pas aussi forte que celle de Cure, de son flic héros et de sa femme psychotique, qui fait vraiment mal à voir tellement ça va loin de la dépression et tout ce que ça entraine. La relation Flics/criminel dans seven est excellente, mais celle de Cure s'affine tout au long du film, elle devient sombre, on pense des fois à de l'amitié, à du respect entre les deux hommes, à une relation patient/docteur, à une relation dieu/homme ou bien mensonge absolu/vérité terrifiante. Le modèle SEVEN est dans le cas de CURE surpassé, et magnifié. Cure pourrait être un SEVEN 2, un diamant noir et envoutant.
Cure est un véritable Thriller noir d'une excellence rare, qui ravira les fans de FINCHER et de takeshi MIIKE pour ne citer qu'eux.
Cure est un véritable chef-d'oeuvre, passionnant et envoûtant, faisant preuve d'un narration hors pair.
A VOIR, et à REVOIR, un véritable choc.
Kyoshi Kurowsawa, s'est fait un nom avec ce film, ne passez pas à côté.
That's all folks. Saz.
FASCINANT ET DEROUTANT, MAIS ...
Un film à l'ambiance fascinante et déroutante mais qui ne m'a pas tenu réellement en haleine. De nombreuses questions restent sans réponse une fois que le générique de fin se met à dérouler sur l'écran. Un chef d'oeuvre pour les critiques et pour les spectateurs avertis, certes. Ca m'a simplement paru bien compliqué ...
Complexe et bizarre
Polar complexe et original. Un film qui vous hante quelques minutes après sa fin. Le scénario est différent et étrange. Le personnage du tueur et du policier sont très intéressants. Un film qui vaut vraiment le coup d'oeil.
Un thriller tres prenant
bon le film n'est pas que fait de qualité il a aussi quelques défauts
1) le film est et semble bien long a des moments
2) Une fin qui a première vue peut sembler bizarre.
mais le principal c’est que l’histoire soit bien et nous soyons prit dans son ambiance, et sa c’est justement très réussit
Intéressant
Un bon polar sur un thème original. Rappelle parfois "le 6ème sens" de Micheal Mann, dans le sens ou le détéctive s'identifie progressivement au psychopathes. Trop de longueurs et autres petits défauts n'en font pas un chef d'oeuvre. Reste un polar froid et intriguant.
Hypnose.
Malgré une lenteur très "hypnotique", le film laisse un sentiment de malaise. Une intrigue dépeinte sans la frénésie sous-jacente habituelle du genre, ici point d'excès, tout est dans le déroulement. La confrontation des deux principaux protagonistes est captivante. Et voilà un Kurosawa qui prouve qu'il n'y a pas qu'Akira dans la vie.
Un bon mélange des genres
Bon il faudrait que je revoie ce film pour être un peu moins évasif dans ma critique, mais le souvenir que j' en ai est celui d' un bon thriller flirtant avec le fantastique.
Et c' est principalement ce qui m' avait plus, ce mélange de genre traité de façon si naturelle.
Maintenant il vrai qu' il a un parti pris un peu intello qui peut être rebutant, mais personnellement cela ne m' a pas dérangé, car je pense que ce qui est prédominant est quand même l' originalité de ce film.
Par contre je ne l' ai vu qu' une fois et déja à l' époque je m' était dit qu' une seconde vision ne serait pas de trop.
Abscons, mais sympa!
Ben oui, le bon vieux Kyoshi il ne veut pas faire simple. Pour certains c'est de la frime, pour d'autres, c'est assez fascinant. Moi je trouve ca bien parceque je n'ai pas peur de ne pas comprendre, mais ce n'est pas le cas de tout le monde. Tout le monde ne supporte par non plus la lenteur de ce genre de films.
intriguant et prenant!
bon film psychologique (plus "psycho" que "logique" d'ailleurs lol) avec une fin plutot surprenante où il faut vraiment etre attentif car j'avoue ne pas avoir compris a ma premiere visualisation ce qu'il s'etait réellement passé! il a fallu que je me repasse la fin.
je trouve aussi l'interpretation de Takebe par Koji Yakusho vraiment remarquable. c'est un acteur qui a beaucoup de charisme.
film a voir absolument.
peut être le plus accessible
c'est le premier KURO que j'ai vu et je pense que c'est pas mal de découvrir avec CURE. moins bancal que d'autres, assez prenant et psychologiquement angoissant, on n'atteint pas des sommets de frissons mais c'est bien étrange et trippant. plujtôt bien accroché avec même un peu d'humour
Implicant, maitrisé mais certains points ne sont pas à la hauteur.
Film noir, dans tous les sens du terme, Cure réussit à plonger le spectateur dans le tourbillon de ses événements, et de ne le relâcher qu'une fois le générique de fin terminé.
L'une des principales forces du film est de créer une ambiance particulière, de nous faire rentrer dans un univers trouble, à la limite de l'irréel, voir presque du phantasmagorique. Finalement, plus qu'un polar, c'est une sorte de film fantastique qu'on visionne.
Il y a également beaucoup de scènes fortes et marquantes, de par la violence (plus morale que physique la plupart du temps) qui s'en dégage, et l'implication qui en découle, et pour les personnages, et pour le spectatcuer.
La réalisation est dans l'ensemble très inspirée, avec un travail méticuleux sur les décors et les éclairages, qui servent le propos et l'ambiance, qui l'illustrent en fait.
La musique est également employée judicieusement, ni trop présente, ni trop muette, elle renforce le côté inquiétant et surréaliste de certaines scènes et contribue à faire peser l'ambiance.
Le jeu des acteurs est dans l'ensemble convaincant, avec un yajusho koji qui une fois de plus donne vraiment vie à son personnage. J'ai en revanche beaucoup moins aimé le suspect, dont le rôle et le jeu sont beaucoup trop stéréotypés.
Mais si Cure joue habilement sur son ambiance et sur les implications des protagonistes, la mécanique reste finalement trop classique, et certains effets sont beaucoup trop faciles pour qu'on y adhère totalement. si bien qu'on resterait presque sur sa faim. Disons que tout est dans l'apparence, le discours étant beaucoup trop caricatural et peu approfondi.
En voulant jouer sur la fibre psychologique des personnages et les divers cheminements, on arrive à un résultat bâtard car trop simpliste. Finalement, de par son détachement, le tueur parvient à être en paix, alors que le flic (peut être le plus déséquilibré après tout) ne parvient jamais à distancier son travail de sa vie et finit petit à petit par sombrer dans la violence.
Propos trop souvent vu et pas suffisamment exploité pour être intéressant. Malgré tout, un film marquant de part son ambiance, sa réalisation inspiré et l'implication de certaines scènes, mais tous ces éléments font qu'on est déçu!
Sans remède...
Excellent thriller dépeignant parfaitement le mal-vivre japonais, voire mondial (le manque de communication, le repli sur soi et le sentiment de "vide" et lassitude ne sont-ils pas caractéristiques de toute société de (sur)consommation ?!!).
Plus proche du "Silence des Agneaux", que de "Seven" (dont ce thriller n'en garde que l'idée de parachèvement de l'oeuvre du "tueur"), le jeu du chat et de la souris entre le bad guy (terrifiant) et l'inspecteur est tout simplement magnifique : tandis que l'un admire véritablement la force du policier à se glisser dans sa peau, ce dernier est constamment sur un maigre fil invisible prêt à tomber tête la première dans la logique de pensée de l'autre. Ce n'est que l'Amour et la compassion pour son prochain (sa femme), qui lui permette de (sur)vivre et de contenir violence et colère - sa femme mise à l'hôpital signifiera clairement l'amorce de sa descente inexorable.
*********SPOILER**********
La fin du film me semble par conséquent très noire, l'inspecteur ayant "assimilé / integré" le personnage du tueur en lui pour délaisser un "vide" (refoulement) pour un autre (plus de retenu = in-sensiblité face à la violence). Tout un pan positif aura donc été gommé au profit d'une haine relachée, sans doute une arrogance et superiorité vis-à-vis du prochain clairement affiché...Je ne sais, si cette histoire ne sera pas plutôt une "Infection", plutôt qu'une "Cure". Ou alors, la vie est sans remède à tous nos maux...
Avis avec spoilers
Kiyoshi Kurosawa semble s'être inspiré des écrits d'un médecin atypique appelé Franz Mesmer (1734 - 1815). Ce dernier est à plusieurs reprises nommé dans "Cure". Sans parler de l'asile abandonné (à la fin du long-métrage) apparemment plutôt ancien et que l'on voit pour la première fois à travers l'esprit de l'ami psy de l'inspecteur.
En Voici (sources Wikipédia) les trois principaux axes : 1/ Un fluide physique subtil emplit l'univers, servant d'intermédiaire entre l'homme, la terre et les corps célestes, et entre les hommes eux-mêmes. 2/ La maladie résulte d'une mauvaise répartition de ce fluide dans le corps humain et la guérison revient à restaurer cet équilibre perdu. 3/ Grâce à des techniques, ce fluide est susceptible d'être canalisé, emmagasiné et transmis à d'autres personnes, provoquant des « crises » chez les malades pour les guérir.
Le "fluide" (premier axe) serait, dans le film, lié au manque de communication et de mémoire sans lesquels la civilisation ne pourrait pas avancer dans le bon sens.
Le présumé assassin amnésique (axes deux et trois) est étudiant en psychologie et étudie Mesmer avant de commettre ses crimes par hypnose (dont Mesmer serait l'un des précurseurs ou ayant aidé à sa naissance de manière indirecte).
Il est atteint donc d'un très grave déficit de mémorisation et de communication semblant être véridique (s'est-il laissé prendre à son propre "piège" lorsqu'il a travaillé sur ce "médecin" ?).
L'amnésique s'en prend (par procuration / hypnose) à différents "corps" de la société : prostitution (activité), policier/médecin du corps et de l'esprit (métiers en relation avec la sécurité sociétale)/un couple (fondement relationnel de la société).
L'inspecteur devient, au fur et à mesure, plus tendue et violent, car sa femme (qu'il aime) est atteinte d'une forme de pertes de mémoire imprévisibles et épisodiques. Il est, dans le cadre de son enquête, comme elle toutes proportions gardées. Il ne sait plus où il en est, dans le privé ainsi que dans son domaine professionnel.
L'amnésique, individue errant comme une silhouette sans âme, se prendrait-il pour le "remède" ?
11 octobre 2020
par
A-b-a