Maitrise technique impressionnante et acteur principal très convaincant
L'affiche fait très peur, et les rumeurs sur le film donnaient l'impression d'une comédie sur fond de colonisation japonaise et je me demandais comment le réalisateur pouvait bien intégrer une vache à son histoire. Finalement, le scénario est plutôt bien géré, notamment grâce à un montage captivant, même si dans les dernières minutes, il se prend un peu les pieds dans ses flashbacks incessants et perd le spectateurs pendant quelques scènes, ne sachant situer exactement le récit dans le temps. Autrement, il est remarquable de voir une qualité technique impressionnante, une photo superbe, empruntée très largement au genre du film de guerre, avec ses couleurs sèches faisant ressembler le paysage à un monde post-apocalyptique, et une maîtrise du cadre fluide et intuitive. De son coté, Huang Bo conquiert nettement le film avec son jeu convaincant du pauvre paysan, seul rescapé (humain) d'un massacre, et entretenant une relation d'amour/haine avec la vache étrangère, elle aussi rescapée. Les militaires japonais sont montrés comme d'habitude comme des monstres sans pitié, sauf un (il faut respecter certains quotas quand même) et les chinois en prennent aussi un peu pour leur grade. Autrement, la musique reste beaucoup au second plan, et revient brièvement dans quelques scènes un peu dramatiques mais sans s'imposer lourdement, ce qui est plutôt agréable et étonnant pour un film de ce calibre. Au final, une très bonne surprise, un film techniquement réussi, et surtout un acteur qu'on ne va pas oublier.
08 février 2010
par
Elise
Voilà un film qui repose en grande partie sur les épaules de son interprète principal, HUANG bo (Crazy Stone, Crazy Racer...), ici dans le rôle d'un paysan limité. Celui se voit confier la garde d'une vache par l'armée, en attendant leur retour prévu 7 jours après. S'en suit l'invasion par les japonais de ce petit village du Shandong et de multiples péripéties pour NIU Er et sa vache.
Le film commence de manière directe et nous plonge tout de suite dans l'ambiance. Les qualités visuelles et d'interprétation sont évidentes et le mélange tragi-comique fonctionne pas trop mal, même si les passages censés être émouvants ne le sont pas vraiment finalement.
Au niveau comique le spectateur non-chinois perdra l'humour véhiculé par l'utilisation de différents accents/dialectes, en particulier celui du Shandong ou le film se déroule.
Pour conclure le film est une bonne petite surprise, il ne faut pas s'attendre à des gags non stop, ni à un scénario très complexe mais la seule performance de HUANG bo suffit à justifier l'intérêt du film. Et encore un réalisateur mainland à suivre, GUAN hu, qui accède avec ce Dou Niu à la reconnaissance, tout du moins en Chine.
Le prisonnier et la vache
Superproduction étonnante au sein de l'actuelle cinématographie chinoise, qui prend une nouvelle fois pour cadre la Seconde Guerre Mondiale et revient notamment sur l'invasion de la Chine par le Japon.
Contrairement ce à quoi ferait penser l'affiche et la participation de l'acteur Huang Bo, il ne s'agit absolument pas d'une comédie, mais d'un vrai gros mélodrame, par moments franchement terribles. La guerre est décrite dans toute son horreur dans les superbes décors d'une ville en ruines entièrement reconstruites pour les besoins d'un film, les balles ratent rarement leurs cibles et le charnier au début du métrage est 'lune des scènes de guerre les plus glaçantes jamais réalisées avec ces dizaines et centaines de cadavres (femmes et enfants y compris) calcinées par l'explosion d'un obus au milieu du village.
Les flash-back au début du film, qui expliquent notamment le pourquoi du comment font d'autant plus regretter l'absence des personnages par la suite du film et leur incessant vacarme tranche avec le silence relatif, seulement entrecoupé par le sifflement des balles et bruit des explosions au loin.
Puis arrive cette seconde partie, où la vache devient carrément la métaphore des dangers d'un capitalisme envahissant, qui diviserait les peuples déjà durement atteints par la guerre. Le propos est terrible et même si l'on devine que le réalisateur n'est même pas conscient du matériau, qu'il a entre ses mains (de même que les censeurs, qui semblent avoir coupé dans le tas en expurgeant notamment une mise à mort, mais laissant des très nombreux sous-entendus politiques), il signe un film assez puissant, qui rend franchement inconfortable.
Une vraie curiosité, qui est – une fois de plus – passé totalement sous les radars de la scène (et des festivals) internationaux (VIVA VESOUL !!), alors qu'il aurait mérité meilleure attention pour encourager ce genre de productions, qui lie brillamment l'art et le commerce.