Après avoir été un peu brisé dans les critiques des magazines, je dois dire que le film m'a agréablement surpris. Bien sûr, ce n'est pas un chef d'oeuvre, mais c'est un très bon polar, bien filmé, bien interprété, avec un scénario certes un peu compliqué, mais je préfère ça à une histoire à 1 euro 25 de collaboration entre le flic blanc et le flic asiatique qui ne peuvent pas se voir au début et qui finissent comme cul et chemise.
En bref, j'ai trouvé que le duo principal (Yun-Fat et Mark) était assez intéressant, surtout le personnage du flic blanc. Yun-Fat a un rôle un peu plus classique, mais qu'on ne lui avait pas tellement vu jouer. On pourrait penser à Tequila de A Toute Epreuve, puisque les deux personnages ont en commun des méthodes assez expéditives (voir première scène du film avec Yun-Fat). Mais là où Tequila était un flic intègre, Chen est plus gris que blanc. Le film joue en permanence sur des histoires de corruption, qui se répètent dans tous les sens. C'est un peu à qui trahira ou corrompra l'autre le premier.
La réalisation de James Foley est assez efficace, avec des choix d'angles de vue assez sympathiques parfois. Les nombreuses scènes d'action sont plutôt bien filmés, même si Foley ne possède pas la vista de John Woo. La poursuite en voiture est le morceau de bravoure du film à ce niveau. Grâce à une alternance de scènes d'action et de dialogues, le film reste assez vivant à regarder, alors que les histoires de corruption et autres alliances avaient de quoi le rendre rébarbatif.
Terminons par la musique, assez sympathique dans le style mix asiatique/tubes du moment, et par la touche de mode de Yun-Fat . Il est habillé toujours aussi classe, costard cravate ou long manteau de cuir. Il arbore le traditionnel pansement sur le visage une fois dans le film, et fume des cigarettes. Par contre, je ne me rappelle pas lui avoir vu de lunettes de soleil. Enfin, oh joie pour les fans, ils utilisent des automatiques, et même deux à la fois dans une scène de fusillade au ralenti. Agréable aussi voir quelques ébauches des thèmes chers à John Woo, avec ici la relation entre Wallace et Chen qui voyage entre amitié et trahison.
Cette histoire de flic blanc plongé en plein Chinatown pour tenter de faire respecter la loi dans un milieu culturel complètement différent m’a fait irrésistiblement pensé à L’Année du Dragon de Michael Cimino. Et même si ce dernier est de bien meilleure facture que Le Corrupteur (Mickey Rourke a quand même un peu plus de style et de présence que Mark Wahlberg, malgré le talent évident de l’ex-chanteur des New Kids on the Block), le film de James Foley (un réalisateur qui n’a pas signé que des chefs-d’œuvre…) vaut pourtant vraiment le détour. Ce n’est pas un film d’action basique comme tant d’autres, mais plutôt un bon vieux polar, efficace et nerveux, avec un bon vieux duel de personnalité entre 2 personnages au centre de l’intrigue.
Il faut dire que la ville, New York City, le quartier, Chinatown, et l’acteur principal, Chow Yun-Fat, sont des éléments importants de la bonne appréciation du film. Les 2 premiers installent l’action et la tension dans un endroit tout à fait propice à ce genre d’histoires, le troisième est étonnement expressif et crédible, chose dont on n’avait plus eu l’habitude depuis quelques temps, et arrive ainsi à imposer son charisme. En face, Mark Wahlberg oppose un contrepoids à l’hégémonie chinoise dans le film tout à fait satisfaisant.
En clair, Le Corrupteur est un bon film ; il comporte suffisamment de rebondissements, de face-à-face et de scènes d’action (très oubliables c’est vrai) pour garder l’attention du spectateur intacte.