Un OFNI réussi.
Amélie Poulain peut retourner tisser ses paniers en osier, l'inutile film de Jeunet se voyant éclipsé sans le moindre effort pour Citizen Dog dont les racines ressemblent à s'y méprendre au film du réalisateur français avec des couleur et une âme en plus.
La trame plutôt simpliste (histoire d'amour, rencontre de personnages hauts en couleur et par moment disjonctés) met en place différentes histoires parallèles qui finissent à un moment ou un autre par se rejoindre. Pod est amoureux d'une gonzesse (Jin) maniaque de la propreté possèdent toujours sur elle un étrange livre blanc. Pod l'aime mais elle, non. Il décide alors de la suivre et d'être le plus souvent avec elle en mettant au point quelques stratégies : la suivre dans les transports en commun...oui et non étant donné que Jin attrape de l'urticaire dans ce genre d'endroit. Paumé et ne sachant plus quoi faire il décide de devenir taxi pour la transporter jusqu'à son travail et ainsi être encore plus souvent avec elle.
Durant son boulot, il fait la connaissance d'un homme dont la manie est de lécher tout à proximité...drôle de zigoto...S'en suit la rencontre d'une gamine de 5-6 ans en plein délire. Cette dernière, clope au bec se prend pour une jeune femme de 22 ans (dans un style Pop effarant) et est accompagnée de Tenshai son ours en peluche doué de la parole dépendant lui aussi de la cigarette et de l'alcool en prime. Ce dernier n'en peut plus d'être jeté aux ordures lorsque madame fait ses caprices, Pod dans son taxi est pratiquement amené à faire le psychologue de service...Drôle de vie.
Citizen dog c'est aussi des casques de moto qui tombent du ciel en guise de pluie, c'est aussi l'histoire d'un motard fantôme, d'ouvriers qui perdent leur doigt dans des boîtes de sardine, des lézards à tête de grand-mère, de véritables montagnes de bouteilles de plastique, de citoyens dotés d'une queue, de manifestations pro écolo et de romans porno gay italiens, le tout dans une atmosphère et dans des décors façon cell shading cadrés en large.
Un rêve éveillé non sans lourdeur (oh le joli panorama de Bangkok surnaturel...oh encore un autre!), mais tellement original et doté de qualités artistiques redoutables, qu'il mérite amplement d'être connu et reconnu par le grand public.
Esthétique : 4.5/5
Musique : 4/5
Interprétation : 3.5/5
Scénario : 4/5
Rêves utopiques dans une société qui use les vies
Bien qu’installant au centre de son récit un jeune homme totalement lisse et sans ambition aucune, Wisit Sartsanatieng parvient à mettre en place tout un univers - à la fois cohérent et complètement déjanté - tournant autour de ce personnage qui découvre peu à peu la valeur que peuvent avoir les rêves.
Pendant une heure et demie, le réalisateur n’aura de cesse de redoubler à chaque plan d’audace et d’inventivité pour donner vie au roman écrit par sa compagne. N’ayant à aucun moment peur des excès, il joue des couleurs, des cadres et des mouvements de caméra pour donner vie à ce monde et à ses personnages. Il n’accepte aucune limite - utilisant les effets spéciaux de manière massive - que ce soit pour animer un ours en peluche accro à la clope ou pour faire tomber une pluie de casques roses sur la ville.
Ville surréaliste, ville animée par des êtres aux existences pourtant dénuées de sens. Usines où le temps passe et les corps s’affaiblissent, transports en commun bondés où règne l’absence de chaleur humaine, une ville où des millions d’êtres se croisent sans se connaître et vivent sans rêves. Société où la notion de bonheur relève de l’utopie, société qui court finalement à sa perte dans l’indifférence.
Le réalisateur évoque plusieurs points sensibles avec finesse. Il évoque la pollution et le réchauffement climatique. Mais il dénonce surtout les conditions de travail difficiles et la misère de toute une classe qui se voit privée d’espoir. Des hommes et des femmes qui vont jusqu’à refuser de donner à leurs enfants "une vie sans rêves".
Wisit Sartsanatieng parvient à jouer des contrastes avec légèreté et confronte nos rêves utopiques à la réalité d’une société qui use les vies. C’est pourtant en ayant enfin un rêve que Pott se distinguera des zombies qu’il côtoie (au sens propre comme au figuré), rêve qui sera source de tristesse et de joie, sentiments jusqu’alors inconnus.
Citizen Dog est un film unique, comme il n’en existe aucun autre. Un film drôle et touchant. Un film complètement barré mais pourtant incroyablement juste et fin. Un gros coup de cœur, avec un cœur gros comme ça…
Citizen canne + chien d’aveugle = Citizen dog...
…exacerbant les couleurs afin que l’on puisse mieux voir. Sympa le chien.
Il est clair qu’Amélie P. (Montmartre, Paris) a inspiré sieur SARTSANATIENG Wisit, tant l’actrice principale a des airs d’Audrey Tautou et tant certaines scènes fleurent bon l’imaginaire exacerbé de notre bienfaitrice. Comme le démontre ce chemin tortueux que suit la réincarnation d’une mamie, aussi tordu que celui suivit par Amélie lorsqu’elle imagine ce qui peut arriver à son homme, si loin, et … et non, car dans Citizen Dog la carte du délire est constamment mise en avant là où Jean-Pierre Jeunet ne s’en sert que pour booster un mélo éclipsant tout le reste le moment venu.
Le rythme est mieux géré que sur Les Larmes du Tigre Noir et "Citizen Dog" gagne en fluidité ce qu’il perd en passages gores. Les scénettes s’enchaînent comme par magie sur ce scénario casse-tronche abusant largement du collage de sketchs au dépend d'un drame tenant joliment le coup grâce à ses idées toujours bonnes, très nombreuses, optimisées par une mise en scène inventive mettant en avant annexes, seconds rôle et figurants. Ces renforts autorisent le film à surmonter l’absence totale de charisme du couple au premier plan. L’auteur s’en moque ainsi gentiment, de tout et de tout le monde au passage et bien qu’il soit difficile d’être véritablement ému devant l’amourette du jour, il est surtout très difficile d’empêcher ses zygomatiques de s’exprimer pleinement devant pléthores potacheries, qu'il s'agisse d'un nounours en peluche alcoolique et dépressif jeté par sa jeune maîtresse, version trash des jouets délaissés de Toy Story, ou d'un chauffeur de taxi-mobilette devenu zombi après s’être mangé une pluie de casques roses bonbons sur la tronche.
Wisit Sartsanatieng développe un monde à part, critiquant les citoyens du monde pour mieux leur déclarer sa flamme, ceci en seconde lecture derrière ce qui reste avant tout une comédie hilarante, nettement plus accessible que le cultissime « les larmes du tigre noir ». Sur ce, je vous laisse, faut que j’aille chanter un truc thaï dans un bus avec un pote transsexuel en allant à une manif’ contre des sacs en plastique.
De l’art du saugrenu
Sarsanatieng continue avec Citizen Dog de creuser son sillon dans son univers irréel et saugrenu, donnant lieu à des scènes aussi jouissives et cultes (la fabrique de sardines, la réincarnation de la grand-mère) que lourdes et répétitives (les manifs contre les sacs plastiques, l’homme-chien). Trop long d’un bon quart d’heure, ce film saura néanmoins satisfaire l’amateur d’idées saugrenues et d’originalités esthétiques – qui font par ailleurs singulièrement penser à Amélie Poulain, merci JP Jeunet…
Coup de coeur !
Vu au festival de Deauville 2006.
Enorme claque que ce nouveau film de Wisit Sasanatieng ! Après "Les Larmes du Tigre Noir" dont j'avais noté l'originalité sans avoir pu le savourer (faute de scénario), voici enfin le film que j'espérais de lui à tous points de vue, "Citizen Dog" !
On peut parler de film à mi chemin entre "Amélie Poulain" ou "Survive Style 5+", mais ne vous y trompez pas, l'histoire racontée est unique. La note thaï est d'ailleurs bien présente et empêche toute comparaison possible.
C'est pour moi le meilleur film que j'ai pu voir durant le festival de Deauville 2006, mais aussi un film qui entre dans mon TOP5 !
Je le recommande évidemment :)
Ma vie de chien
Merveilleux second essai largement transformé par le réalisateur du cultissime "Les larmes du Tigre Noir". Plutôt de réitérer dans le même genre, SARTSANATSIENG change de fusil d'épaule en ancrant sa farfelue intrigue dans un univers actuel plus proche de nous...tout en préservant son particulier et délirant univers. Démarrant sur une p'te séquence musicale du meilleur effet, puis montrant une maison re-peinte d'une ancienne affiche du cinéma thaï, les seules similitudes avec le précédent ne se retrouvent que dans certains codes de coloris totalement uniques. Le reste est une fable onirique difficilement résumable, où s'entrecroisent des motards mort-vivants après avoir été tué par une pluie de casques de moto; un ourson en peluche accro de la cigarette et abandonné par sa "maîtresse" de 22 ans (alors qu'elle semble n'en avoir que 6) et autres doigts coupés mis en boite de sardines et qui continuent de s'agiter...sans oublier la grand-mère re-incarnée en gecko. Le tout forme pourtant un merveilleux monde imaginaire, fait de rencontres insolites, de problèmes de communication, puis de retrouvailles et où l'Amour finit par triompher sur l'uniformisation et les malheurs écologiques du monde.
Injustement boudé par un public thaï local et - plus surprenant - lors de ses récents passages à divers Festivals (dont Londres) à travers le monde, il n'est à espérer que le film ne s'endorme pas des années durant dans les tiroirs d'une célèbre maison de distribution française, qui n'a pas manqué d'acheter cette pure merveille dès sa sortie...
Dans le pur style d'un "Survive Style 5+", mais en plus onirique et moins prétentieux, "Citizen Dog" est l'une de ses rares réussites thaïes, qui donne envie de mordre la vie à pleines dents.
surprenant!!
En fait, j'ai été tellement surpris que je n'ai quasiment rien compris au film. Mais ça pourrait aussi être du au fait que je me suis endormi, je sais pas.
Attention, je cherche pas un moyen détourné de dire que ce film était tellement mauvais que je me suis endormi. Je me suis juste endormi comme ça. Bref, tout ça pour dire qu'en ayant raté la moitié du film au moins, je l'ai quand même trouvé bon. C'est vraiment une comédie d'un genre que je regarde pas souvent. En fait, il y a une histoire qui ne veut rien dire, dans laquelle se succèdent des scènes et des actions sans aucun sens. Chacun seul ne veut rien dire, mais tout ensemble, ça mène tout de même à quelque chose.
il faut ajouter que le film est assez riche en couleur. Si vous n'avez pas vu le film, vous serez surpris dès la première minute.
Et puis la blague "hey pod" qui je pense ne fait marrer que moi, mais tout de même une blague d'antologie.
Donc voilà, un grand film thai (et il y en a pas beaucoup).
Wisit confirme
Après le très beau, mais légèrement ennuyeux,
Les Larmes du Tigre Noir, le réalisateur revient avec un film graphiquement aussi réussit, mais également plus équilibré sur le plan narratif. Je trouve que l'histoire reste encore assez légère, mais beaucoup d'excellentes trouvailles et quelques gags vraiment très drôles viennent donner le change. Les scènes à la campagne rappellent vraiment
Les larmes du tigre noir. Le reste du film m'a pas mal fait penser à
Kamikaze Girls, sortit sur les écrans français quelques semaines auparavant. J'avais par contre totalement zappé
Amélie Poulain, auquel beaucoup de critiques font ici référence. Il y a pourtant un point commun qui me revient après coup. Dans
Citizen Dog les rues de Bangkok sont aussi désertes que celles de Paris dans
Amélie Poulain. Le bus bondé est quant à lui assez réaliste. Le point commun des 4 films cités dans cette critique est qu'ils sont un délice à savourer sur grand écran, mais
Citizen dog semble être celui qui survivra le mieux à une rediffusion TV. J'ai malheureusement revu
Les larmes du tigre noir et
Amélie Poulain à la TV et ça a eu pour conséquence de ruiner tout les bons souvenirs que j'avais gardés de la vision ciné.
confirmation d'un talent cinématographique
ce réalisateur a un sens de l'esthétique personnel et original. ici moins prononcés que dans "les larmes", les jeux chromatiques sont néanmoins très présents.
certaines critiques le comparait à Amélie poulain version thaie, il serait injuste de résumer ce Citizen dog à cela mais aveugle d'écarter toute comparaison.
Ce film est à voir pour son originalité, sa fraîcheur et pour la vie qui s'en dégage.