Farces et attrape-mouches
"Cicacman", sans être le film du siècle, peut au moins se targuer d'être l'un des premiers gros blockbusters, directement inspirés d'illustres modèles hollywoodiens ("Spiderman" en tête) et d'avoir au moins écrit une importante page d'Histoire dans le récent renouveau du cinéma malaysien en ayant été le film au plus grand nombre d'effets spéciaux (40 % de plans truqués), d'avoir réalisé le meilleur démarrage de tous els temps et de figurer encore aujourd'hui parmi les plus gros succès de toute l'Histoire.
Par ces temps de revival des films de super héros américians, quelqeus produceurs avisés se sont dits, qu'il était temps de créer leur propre emblème national; sauf qu'à l'image de leurs compères thaï ("Mercury Man") ou indien ("Krrrish"), les super héros ne font pas vraiment parti de leur patrimoine local et – à la différence des américains – n'arrivent pas à représenter une partie importante de la culture et mythologie nationale…Peut-être que le futur "Pandaman" chinois, puisant davantage ses sources dans – au moins – l'emblème d'un pays, réussira à tirer meilleur avantage.
"Cicaman" n'est donc rien d'autre qu'un "Spiderman" du pauvre avec un héros, qui partage quasiment les mêmes superpouvoirs jusque dans ses surprenants déplacements (se hisser d'immeuble en immeuble) très peu en phase avec le gecko d'origine. C'est donc davantage du côté du lieu (la mégalopole Metrofulus est directement inspiré de la capitale malaysienne de Kuala Lumpur) et des dialogues (énormément de jeux de mots quasi intraduisibles, se référant typiquement à la culture Malaisienne, à commencer depuis le journal télévisé en début du métrage, persiflage du monde politique, en passant par les blagues faites en rapport avec les "ori", copies pirates des films jusqu'au détournement de l'un des plus fameux slogans publicitaires en Malaisie de la marque KFC, "Original ke spicy ?") qu'il faudra chercher un semblant d'originalité.
Côté histoire, on se rapprocherait davantage des serials (et longs tirés de ces serials) de "Batman", années 1960 avec ce que cela implique de relents nostalgiques, mais également de notes d'agacement, surtout en vue des récents pas de géant réalisés en matière d'adaptation sur grand écran par les américains.
Pas assez original pour détonner par rapport à son influence première et pas assez drôle pour servir de persiflage réussi au genre, "Cicaman" se contente donc juste d'être la pâle copie de l'influence hollywoodienne majeure, la touche "exotique" pour nous, les spectateurs occidentaux, en plus. Restent le cabotinage du sympathique comique Saiful Apek et quelqeus (rares) blagues franchement réussies au milieu d'un divertissement plaisant, sans être transcendant.