Sujet clos
La mise en chantier de l'ambitieux projet de l'adaptation de al véritable biographie de Dowsawai Pijitr avait fait grand bruit en 2002. Le réputé critique de cinéma et romancier Sananjit Bangsapan allait assurer sa première mise en scène et le public était curieux de savoir comment il allait pouvoir aborder les nombreuses scènes sulfureuses du matériel d'origine. Pas une mince affaire, lorsque l'on apprend, qu'en 2005, deux candidats du "Loft" local avaient ouvertement dû présenter leurs excuses à la télévision thaïe pour s'être embrassé sur la bouche...
Bangsapan ose exploser toutes les frontières de la pudeur par quelques scènes assez chaudes et un peu de chair nue à l'écran; il évite pourtant de verser dans du sensationnalisme ou le graveleux (dont s'occupera le "remake" très hot "Khung 8 - Narok" la même année). Bon parti pris pour préserver toute la dramaturgie que nécessite l'ambitieux projet - et qu'il ne saura pas rendre par ailleurs.
En choisissant de raconter son histoire d'une manière volontairement alambiquée par de nombreux flash-back, il finit par perdre toute cohérence - jusque dans son dénouement. Démarrant sur la mort de la mère au présent, un long flash-back relate sa difficile incarcération avant de la montrer dans son "après-vie". Vers la fin du film, le réalisateur décide de revenir au présent pour lancer une nouvelle sous-intrigue (qui est donc le véritable père du fils), qui - non seulement - ne sera jamais élucidé, mais revient à nouveau à l'épisode de la prison sans rien apporter de neuf. L'intrigue s'embarrasse du coup d'une inutile lourdeur, alors que la trame générale est relativement simpliste. Certes ambitieux - notamment pour un film thaï - la mise en scène est malheureusement plombée par l'académisme de sa mise en scène et le jeu / la direction des acteurs totalement approximative. Nécessitant une large palette de gammes de couleurs pour savoir rendre toutes les teintes et nuances de jeu, la plupart des actrices ne savent malheureusement rendre leurs personnages crédibles. La faute également à une inutile multiplication des personnages, qui ne permettent aucun approfondissement nécessaire, donc dont les drames certains n'impliquent en rien l'émotivité des spectateurs.
D'autant plus dommage, que cet ambitieux projet avait un fort potentiel de dramaturgie et que de s'essayer à un réel film d'auteur dans une cinématographie autrement commerciale présentait un sacré pari.
Depuis, Bangsapan a réalisé "Hit Man File", un film autrement plus léger et peut-être plus à la portée d'une première réalisation.