Les tribulations désespérées de jeunes lycéennes japonaises...
Trois jeunes japonaises dans une cité sans pitié. Voici la trame de ce film ultra-récompensé. Filmé à la manière d'un documentaire, il suit les tribulations de trois lycéennes mignonettes aux prises avec le Japon et évidemment les japonais d'aujourd'hui.
Les "ko-gals" sont ces filles ultra-fashion-victims, frivoles, superficielles qui hantent les rues des grandes cités japonaises. Alors que les boys passent plus de temps a préparer leur avenir, à playstationner voire écouter du bon vieux rock nippon, ces jeunes filles préfèrent se réunir entre elles et parler de choses sans aucune importance (surtout pour nous les mecs). Les dernières fringues à la mode, la dernière boutique de maquillage, les mecs les plus mignons... Ceci serait parfaitement anodin si ces passions n'étaient pas aussi onéreuses. Et quelle est la plus simple manière de gagner de l'argent rapidement ? Vendre ses petites culottes (fraîchement portées siouplait), passer un peu de temps avec de vieux pervers, tourner dans des softporns... Nos trois lycéennes vont essayer de s'en sortir. Mais les pervers, les yakuzas et les souteneurs veillent au grain.
Harada prouve avec ce portrait peu reluisant de la société nippone, qu'il est bien un des maîtres actuels. Sa maîtrise formelle du cadrage et de la mise en scène est exceptionnelle. Sans poser de regard ni accusateur ni lubrique, avec un humour au couteau et une énergie cinétique incommensurable alliés à un casting mirifique, il signe là un pur chef-d'oeuvre.
25 novembre 2000
par
Chris
Visite de Shibuya ; a droite vous pouvez voir...
Destins croisés, nouvelles amitiés dans le doute et le désespoir, ce film est un fabuleux mélange d'humour, de fraîcheur, de tristesse, tout cela mis en forme avec intelligence, ne cédant pas aux clichés faciles et à la caricature de bas niveau. On est toujours surpris ; suivre ces jeunes filles tout le long de la nuit dans les rues de Shibuya réserve de nombreuses surprises et on est vraiment portés par cette relation sans lendemain. Mise en scène intuitive, souvent fluide, stylée, et également assez space par moment, suivie de musiques qui collent parfaitement, à base de hip-hop, raggae ; ajouter à cela des interprètes fabuleuse, totalement dans leur ton, montrant chacunes une personnalité bien originale et étant vraiment toutes attachantes. Ce film est la fabuleuse odyssée d'une fille au coeur de Shibuya, rencontrant des gens, les aimant, les haïssant, et finalement les quittant, le tout teinté d'une once de tendresse et d'un lac de fraîcheur.
Et le matin, la vie recommence...
Dessous brodés
Dans son élément, Harada nous livre avec Bouce Ko-Gals un film très interessant sur un aspect particulier de la société japonaise : la prostitution des jeune lycéennes.
Lisa débarque à Tokyo dans l’espoir de se faire un peu d’argent supplémentaire avant de partir à New York. Accostée dans la rue par un « scoutman » épris d’elle, elle fuit, part vendre ses sous-vêtements à un petit magasin fétichiste. La patronne lui propose alors une petite séance vidéo erotico-soft dans la journée, pour quelques centaines de milliers de yens de plus. Lisa accepte, mais la séance vidéo tourne à l’arnaque et la voilà sans un yen en poche..
Elle fuit en compagnie de Raku, une autre fille présente, qui lui propose de récuperer de l’argent en dérobant des clients, avec l’aide d’une amie à elle..
Une histoire sur 24h nous plonge ainsi dans le monde des ko-gals (call girls). Passionnant sujet de société (voir bientôt interview avec Harada) que le réalisateur traite ici avec visiblement beaucoup d’intérêt. D’un style quasi-documentaire, Bounce Ko-Gals, interdit aux moins de 15 ans au japon, y a soulevé les foudres de la censure par son sujet sensible et tabou, malgré sa réelle réalité vraie réaliste.
Mais sa vérité est justement la force du film. Un passionnant (et qui a dit « excitant » ? moi, sûrement), voyage dans les « dessous » inavouables de la jeunesse japonaise. Une génération perdue sous la caméra de Harada, perdue par son manque de repères (Louis Vuitton, mmh..) et de recul.
L’histoire, allant de bonds en rebonds, sans redites, explore en une nuit de multiples recoins et facettes du sujet, des differentes façons pour ces filles de se vendre à la réaction dubitative des yakuzas (Aah… Yakusho Koji en mafieux classe et inquiétant…).
Ko-Gals, un phénomène que les yakuza ne maîtrisent pas, ne comprennent pas, et qui leur fait de l’ombre. On assiste là à deux mondes qui se rencontrent : la vieille garde (yakuza) et la jeune, instinctive et opportuniste. Le Japon, où l’homme dominait pendant longtemps la femme (comme chez nous, mais en moins sournois rassurons-nous), et où celle-ci aujourd’hui se vend de son plein gré, indépendante. Un choc des générations.
Harada aime les femmes (Inugami…) et les filme ici belles et entières, vraies. Leur parcours d’une nuit, les entraînant de l’argent facile (filmées en train de courir en sous-vêtements dans un appart’ pour 300.000 yens..) à la violence (arnaqueuses battues..), est une visite guidée dans un inconnu total pour la plupart des occidentaux (souvent chauves, mais bon, là-bas aussi). Harada réussit là un film passionnant, sensible, effrayant, mysterieux, un témoignage de son temps.
Un bon film mais qui manque de corrosif
Pour une fois que la production cinématographique japonaise ne cautionne pas un film de genre ou encore une comédie dramatique auteuriste pour s’intéresser cette fois-ci à un problème de société, je ne cracherai pas dans la soupe, d’autant que le film de Harada possède de réelles qualités, tant sur le fond que sur la forme. Bounce Ko Gals raconte sur une période de 24 heures la vie de trois lycéennes un peu paumées, sans repères parentaux ni scolaires, qui cherchent un moyen facile et « fun » de se faire de l’argent de poche. Si l’une a un but précis (partir étudier à New York), les 2 autres traînent de galères en galères avec une naïveté et une immaturité déconcertante. Profitant de l’obsession des hommes mûrs pour les jeunes filles mineures, elles ont coutume de se prostituer à des prix très élevés (l’interdit coûte cher), à s’engager dans des spectacles plus ou moins érotiques ou encore à vendre leurs petites culottes sales… Un tel constat, qui est loin d’être marginal et qui implique également des bandes de yakusa, confirme que la société nippone est sur une pente dangereusement décadente.
L’atout majeur de l’œuvre de Harada, c’est d’être un film de femmes. On ne voit pratiquement qu’elles à l’écran, ce qui n’est pas du tout courant au Japon. Mais elles évoluent de manière presque inconsciente dans un univers dirigé par des hommes - la plupart doucement allumés comme le communiste Yakusho ou l’amoureux transi -, dont elles ne sont finalement que les objets. Certaines très bonnes idées de mise en scène (contre-plongées excessives, montage rapide) et une bande originale très entraînante viennent agrémenter ce terrible constat d’un savoir-faire indiscutable.
Le reproche que l’on pourrait cependant faire à Harada est que, à trop vouloir suggérer, il finit par ne pas aller assez loin dans sa dénonciation des mœurs nippones et donne l’impression de survoler son sujet sans avoir le courage d’y plonger. Si bien qu’au final, son film ressemble à un joli portrait bien empaqueté de trois jeunes filles de fin de siècle, dont les problèmes sont préoccupants mais pas gravissimes. Sur le même thème, Kitano avait fait beaucoup mieux à mon sens avec son superbe Kids Return, montrant de manière très subtile et très efficace la voie de garage professionnelle qu’emprunte un nombre important de jeunes nippons.
A découvrir
Ca aurait pu être complètement sordide mais le film est vraiment une bonne surprise car il dégage un certain optimisme, dû en grande partie à la fraîcheur et au dynamisme des trois actrices principales qui forment à l'écran un vrai trio de copines qu'on prend plaisir à suivre au cours de leur pérégrinations dans un Tokyo obsédé par le sexe, le tout se concluant par un final plein de tendresse. Vraiment très bien.
16 septembre 2001
par
Alain
Kogarus de 24 heures
Harada dresse le portrait de plusieurs jeunes kogarus non sans apporter une touche délicieusement punk à l'ensemble. Sa caméra, virevoltante, étonne par sa richesse de composition (zoom progressifs successifs, caméra sur épaule, esthétique aux néons) et ses audaces formelles correspondent bien à l'ensemble : les filles paumées cherchent de l'argent et vont rencontrer tour à tour un yakuza qui souhaite se faire du business dessus, un vieillard taxé de criminel de guerre, un salarymen dangereux adepte du léchage d'urinoir et autres plans douteux suite aux speed-dating aléatoires. Un équivalent intéressant au déjanté Love & Pop ou au darkissime Love Hotel du génial Somai Shinji, sans doute mieux écrit et plus critique que ces derniers. On apprécie la manière dont est traité le sujet, sans forcément tomber dans le graveleux malgré un script de départ dangereusement tendancieux.
Fabuleux !!!
"Bounce ko-gals" au meme titre que "Moonlight Whispers" ( ou meme du film Coreen "Memento Mori" ) fait partie de ses rares films a avoir l'intelligence de ne pas tombé dans le piege -trop facile- de la vulgarité connu de nombreux realisateur "HK" .
Au final on obtient un grand film , intelligent , interessant , beau , emouvant , parfois choquant ou parfois attendrissant , la fin du film est tres emouvante .
Carrément bluffant dans son genre
Trois étudiantes japonaises un peu rêveuses en quête d'argent facile, un réseau de pseudo-prostitution à la mode dans les grandes zones urbaines japonaises, des adultes paternels en apparence mais bien jetés en réalité...
Ca pouvait être frimeur, complaisant, et trash; ça pouvait montrer du cul pour rien et faire de la violence pour amuser; ça pouvait être racoleur, tout simplement; il n'en est rien.
Asbolument rien: "Bounce Ko Gals" est un film attendrissant et formidable, touchant et réaliste, fun quand il faut et sombre quand il a besoin de l'être; à ce titre, il pourrait sembler un brin manichéen, ou simpliste dans son procédé; mais encore une fois il n'en est rien; "Bounce Ko Gals" est très, très bon.
Voire excellent. Masato Harada, cinéaste touche-à-tout rompu au milieu, aurait pu filmer à la mode, c'est à dire avec sa DV et n'importe quoi; au lieu de ça, il a filmé comme au cinéma; le vrai cinéma. C'est une odyssée urbaine qu'il nous livre, les histoires croisées de trois jeunes filles paumées; leur parcours est plein d'embûches mais aussi plein de beauté, d'amourettes furtives et de rêves innocents... et si "Bounce Ko Gals" arrive à en mettre plein la vue, c'est parce qu'il arrive à combiner avec tout ça le réalisme le plus neutre. Dans "Bounce Ko-Gals", lorsqu'une DV morose filme la perte de repères pathétique d'une génération perdue sur fond urbain glacé, et que l'aspect docu nous désaxe de son intérêt cinématographique, on se tape illico après un yakuza bourré éructant des chansons paillardes avec une écolière jouasse sous le bras dans un décor n'ayant rien à envier au Lucernaire. Ecclectique, vivant. Un film sur l'adolescence, en voilà un sujet casse-gueule... mais pas pour Harada; le cinéaste filme l'accouchement difficile au monde de ses héroïnes, et c'est simplement beau; un peu à la manière du "Scoutman" de Ishioka, mais différent formellement (un peu moins dur et plus artistique).
Au milieu de tout ça, les trois apprenti-comédiennes, Hitomi Sato, Yasue Sato et Yukiko Okamoto, sont resplendissantes. Elles illuminent cette froideur citadine et s'accrochent au coeur du spectateur, icônes malgré elles de la jeunesse oubliée et donc symboles pour toute une génération de leur mal-être; et en acting support, Yakusho Koji prouve qu'il n'est jamais meilleur que dans des second rôles: en plus d'avoir un personnage fort, classe, que l'on croirait vil mais en réalité bourré d'éthique et de passion (donc attachant), il livre là une performance jouissive toute en demi-teintes. Son face-à-face avec les trois mômes n'en est que plus remarquable, et bourré de sens.
Optimiste comme un "Kids Return", le film de Harada est un vrai beau film sur la jeunesse et les désillusions. Si l'on exclue le fait qu'il n'est pas du grand cinéma (ce n'était pas son but), on peut même dire qu'il est, dans son genre, parfait.
C'est beau la vie!!
Oui, c'est beau la vie quand on est une lycenne japonaise!
Pas de problemes d'argent, il suffit d'escroquer des vieillards lubriques en usant de ses charmes : vente de petites culottes et d'uniformes, karaokés, dinés, voire prostitution.
AAHHH, c'est beau la vie!!!!
Ce film montre parfaitement la beauté de la vie japonaise...
jeune fille qui rêve...
Dommage que
Bounce ko-gals prenne parfois trop la forme d'un "film qui parle de" (rendez-vous rémunérés, prostitution adolescente, trafic pervers en tous genres,...). J'émettrais peut-être aussi quelques réserves sur la fin un peu "(presque) tout est bien qui fini bien", mais c'est chipotter. Parce que quand il n'essaye pas de donner dans le signifiant (voir militant) le film est très beau :
Harada sait s'y prendre avec une caméra et ses actrices sont magnifiques.
19 janvier 2008
par
Epikt
bon film
la vie de lycéennes se prostituant est ici montrée de façon dure mais romancée, de manière pas trop radicale. des bonnes actrices, une ambiance, il manque quand même quelquechose pour en faire un excellent film, mais Bounce ko-gals est un BON film
Ecoeurant mais émouvant
Les jeunes lycéenne du Japon actuel, intéressé par l'argent et tout ses artifices n'hésitant pas une seconde a être l'objet sexuel de vieux pervers attiré par tout ce qui a moins de 16 ans et en uniforme à la recherche de sensations fortes. Tel est cette grande folie dans l'ombre de la société japonaise qui est dénoncé ici avec beaucoup de clarté. Bounce Ko-Gals est une belle oeuvre, intéressante au niveau de certaines scènes et de sa réalisation qui fait très documentaire. Avec
Yakusho Koji, un acteur exceptionnel qui n'est pas trop a son avantage dans ce film mais dont la présence apporte déjâ beaucoup au film.
Bounce Ko-Gals en divient très touchant avec cette solidarité qui lie les trois lycéennes, ce qui donne un certain sens au film.
Printemps précoce
BOUNCE KOGALS est à coup sûr un film qui a eu le mérite de pointer un fait de société et de provoquer des réactions au-delà de sa valeur cinématographique:se basant sur la réalité de la prostitution adolescente japonaise ,le réalisateur choisit pourtant de gommer l'aspect sordide du sujet pour préférer adopter un ton léger,voire fleur-bleu.
On est loin du constat brut sur la jeunesse nippone,il s'agit plus d'une comédie de moeurs,d'un portrait de trois filles un peu paumées.Et ce qui arrive à ces gamines sympathiques,un peu hystériques mais touchantes et toujours spontanées,manque franchement de vraisemblance,à commencer par la bienveillance improbable des Yakuzas.
Si l'on ajoute un traitement cinématographique un peu trop mode,un côté balade appuyée dans les quartiers branchés de Tokyo,quelques longueurs au milieu du film et une fin qui a tendance à s'étirer,on a alors les défauts les plus évidents de l'ensemble.
La trés grande qualité de BOUNCE KOGALS repose en fait sur son casting féminin:trois jeunes actrices pleines de fraîcheur,et si on se doute qu'il ne s'agissait pas pour elles de rôles de composition,elles sont parfaitement dirigées et réussissent à rendre le film intéressant et parfois émouvant par leur seule présence à l'écran.Les protagonistes masculins sont par contre caricaturaux,volontairement semble-t-il puisqu'il est clair que Masato HARADA veut nous raconter son histoire du point de vue des trois seules héroines.Dommage quand même d'avoir confié le personnage du chef de gang à l'habituellemnt excellent Koji Yakucho,pas trés à l'aise ni crédible pour le coup.
Une oeuvre qui se contente donc d'esquisser une toile de fond sans retranscrire parfaitement le manque d'avenir de cette génération précoce.On peut alors lui préférer des projets plus aboutis,comme UNE ADOLESCENTE,cette fable poétique que Eijo OKUDA nous donnera en 2001,ou le regard sur la jeunesse sans concession(avec sa part autobiographique) d'un KITANO avec son film KIDS RETURN en 1996.
Tentative intéressante,BOUNCE KOGALS ne parvient jamais à ces niveaux-là,en restant pour sa part au stade du film agréable mais qui n'assume pas totalement son idée initiale.
Mitigé :|
Avec du recul, c'est assez difficile de donner une note pour un film comme
Bounce Ko-Gals, l'ambiance y est, le scénario est en place, et pourtant... J'ai une impression de quelque chose qui manque dans ce film :/ Malheureusement je n'arrive pas vraiment à trouver quoi. Enfin, je mieux c'est peut-etre de le regarder à nouveau pour se refaire une idée plus précise ;)
les vacances de l'amour?
La "jungle" de Shibuya à Tokyo et ses lycéennes aux moeurs dépravées se livrant à la prostitution. Un film vendu comme subversif mais finalement relativement conformiste et surtout très, très prévisible. La ville, qu'on voudrait vendre comme une "jungle de luxure", n'apparaît guère crédible, notamment en raison des acteurs sensées symboliser le "milieu": Yakusho Kôji est aussi crédible en Yakuza que ma grand mère en lycéenne, et le reste est à l'avenant. Comme rien n'est montré et que les tribulations des 3 jeunes filles dans la ville rappellent plus une partie de Mario Bros (on tape les blocs pour les sousous, on fonce au stage suivant en rossant le boss de mi-niveau, puis on recommence) qu'une course-poursuite contre la mort et le chrono (d'ailleurs affiché à l'écran), le tout baignant dans une atmosphère qui se voudrait "rebelle" mais qui finalement est tout juste bon enfant (cf la fin, très guimauve...), il est difficile de croire à ce nouvel avatar du "nouveau cinéma populaire pour djeuns" japonais... Le film de plus souffre du syndrôme de "fin prolongée" venant ajouter 15 bonnes minutes à la suite d'une scène qui aurait largement pu clore le film.
Un an plus tard, Hideaki Anno réalisera LOVE AND POP, une oeuvre autrement plus ambitieuse et risquée sur le même thème.