Avant d’être une starlette glamour de Taïwan, Guey Lun-Mei était l’adolescente incertaine de Blue Gate Crossing, sa première apparition au cinéma. Autant dire que Tsui Hark et ses producteurs auront attendu de voir le Secret de Jay Chou (entre hurlements de groupies hystériques et jets de tomates) pour caster cette belle plante. Mais revenons à Blue Gate Crossing, donc, toute petite chronique adolescente qui n’a plus d’intérêt aujourd’hui, à l’heure où les histoires d’adolescents qui se découvrent sont monnaies courantes, en particulier à Taïwan et dont le Miao Miao en est l’un des échos les plus récents. A défaut que la mise en scène et les enjeux du film de Yee Chih-Yen ont quelque chose d’éthéré, d’épuré. La caméra souvent à bonne distance, le choix d’un montage qui ne privilégie ni la durée complaisante ni la rapidité pubeuse sont autant de bonnes trouvailles pour narrer l’adolescence que des preuves d’épuration stylistique. Et si à l’époque le film a voyagé à travers les festivals, dont Cannes dans la section Un Certain Regard, il paraît aujourd’hui dépassé et d’un niveau qui l’obligerait à rester à l’intérieur de ses frontières. C’est d’autant plus dommage que les jeunes acteurs sont plutôt convaincants. Mais son absence de prouesses et de prises de risques l’empêche d’aller au-delà d’une simple chronique d’une jeunesse taïwanaise, celle où l’on se moque des jeunes amoureux, où l’on interdit d’être trop démonstratif au niveau des sentiments (attention aux mimines), et où l’homosexualité est déjà un risque de rejet social. Du reste les amusantes séquences de bassin, de courses à vélo ou de questions intempestives sur les sentiments des adolescents sont les rares éclaircies d’un ensemble qui ne se démarque pas, ou plus.
PS : attention aux images présentes sur le site, la photographie du film est terne.
Impossible de dire le moindre mal du film, son approche des émois adolescents est si simple, si sincère et si naïve que le sens critique en est anesthésié. Malgré le coté réaliste des situations décrites, le film nous incite à une certaine torpeur qu'aucune variation de rythme ne vient rompre. La propreté de la photographie engage encore un peu plus dans cette voie, satisfaisant nos sens sans que l'action ne nous implique véritablement. Il en résulte un film d'atmosphère, trop éthéré pour remporter l'adhésion et dont les longueurs finissent par se faire sentir, mais qui malgré tout garde un certain charme feutré qui peut plaire.
Plein de bonnes choses dans ce petit film taiwanais ravissant sur l’adolescence, période difficile mais passionnante de la vie où l’on découvre sa sexualité, ses rêves et ses craintes en l’avenir, et l’évolution de son rapport à l’autre. Les ados se reconnaîtront peut-être dans la cool attitude du pourtant timide Shihao, dans les questionnements de Kerou sur son lesbianisme ou sur la passion secrète de Yuezhen pour Shihao, les plus âgés se souviendront sans doute avec nostalgie de cette période de leur vie passée trop vite. Car la grande force de Blue Gate Crossing est de mettre en scène un triangle amoureux charmant et attachant en évitant soigneusement les clichés du genre et en le baignant dans une insouciance et une sérénité qui rappelle Holiday Dreaming, Grand Prix de Deauville 2005, soulignées par un score composé de notes de piano et qui se clôture par le surprenant et excellent « Accidently Kelly Street » du générique final. Au-delà de cette thématique de l’adolescence, YEE Chin-yen, comme HSU Fu-Chun après lui, brossent le portrait d’une île de Taiwan où il fait bon vivre et qui invite inconsciemment au voyage. Dommage que ce soit si court...
Délicat, intelligent, sensible, un regard frais sur les amourettes adolescentes, peu original certes, mais beau, timidement beau, essentiellement beau. Un pendant réaliste et optimiste au "Memento Mori" coréen, visuellement bien moins performant, mais singulièrement attachant. Avec en prime une formidable jeune actrice principale.
J'ai d'abord cru que ce film était un énième conte d'adolescent comme on en voit beaucoup dans les pays anglo-saxon!!! Mais ce film est émouvant, drôle (un humour quelquefois proche de celui de Kitano: cf le prof de sport ou encore l'attitude de l'amie de Kéru quand elle se retrouve en face de notre héros) et il fait même réfléchir (ça fait plaisir!!!)!! L'innocence des personnages fait tout l'interêt du film dans la mesure où même le "beau gosse" n'est pas caricaturé comme dans les films américains (ce n'est pas un boys band à lui tout seul, il possède des aspects "tocard" ce qui le rend attachant...et proche des spectateurs ;-))!!
En clair, je vous encourage à aller voir ce film sans état d'âme!!! Sachez que vous ne retrouverez pas dans le cinéma en présence d'ado attardé fan de "lorie" car ce film n'est pas pour eux!! Les plus agé se rappelleront avec nostalgie leur jeunesse et les autres remettrons peut être en question leur relation amoureuse avec le sexe opposé.
Savoir filmer le désir, soutenu, sous entendu, la gêne, un regard, le doute et le trouble. Blue gate crossing, dans sa manière de voir, lui ou elle, des personnages, concrets, denses, pronfonds, dont on ne sait rien mais que l'on devine, que l'on souligne, s'en charge avec élégance. C'est l'histoire d'une aventure de cinéma maintenant un peu convenue, déjà vue comme on se dit, pas en cachette, d'un scénario que l'on croit connaître, et qui n'en est rien car il est à l'image de nos amours : communes et terriblement singulières.
C'est une histoire à trois, et vraiment à deux, où l'on fantasme, se cache, s'évite ; où l'on tient ses distances, puis on se rattrape, pour flirter, voler, caresser une idée qui nous fait frémir dans un corps en devenir. C'est l'adolescence, naïvement on laisse sa trace sur les murs de l'école; avec intelligence un film en laissera l'empreinte. On se livre des secrets, loin, dans une école beaucoup trop grande pour nous tous seuls et des espaces qui nous concentrent, reflètent dans nos états d'âme autant de doutes que d'incertitudes. Dehors, le soleil de fin de saison d'un été se joint à nous pour nous accompagner lentement vers des plaisirs inconnus, à l'unisson. Sa chaleur étreint nos corps, sa lumière glisse sur nos visages, et le cadre apprend à nous voir avec la pudeur de nos amours contrariées, qui ne servent jamais à être étalées pour servir leurs bonnes causes.
Ici il n'est question que d'histoire de désir doux amer, que rien ne vient jamais figé dans les catégories d'usage. On veut croire au possible, on est aveugle et lucide, on se promet sans savoir que croire, et la force d'un sourire d'une simplicité aussi confondante que touchante, nous invite aux illusions des peut être.
On ne sait jamais vraiment où se situe la porte qui nous mène vers le monde adulte, quel est ce passage, et Blue gate crossing sait filmer cette absence. Ce flottement trouble où nos questions ont la douceur âpre d'une incertitude lointaine et mélancolique, toujours trop romantique.
La porte bleue, son passage, est-elle enfin ce point à l'horizon vers lequel ses yeux à elle se sont perdus, lors de ce premier baiser qui n'a jamais eu lieu, face à la mer ? Lorsque son regard se chargea alors d'une absence et d'un mystère aussi indéchiffrable et émouvant que l'intériorité de tout son être, dont le reflet incarné devint la surface d'une lecture d'un monde en soi ?
De sa beauté délicate et fragile, Blue gate crossing filme des espaces vides et sensibles, ouverts, corps, âmes et matières, où les êtres cherchent à vivre, comprendre, et laisser leur trace dans le monde, juste pour un autre, au moins pour un autre, en souvenir de sa propre histoire à soi.
Blue Gate crossing est un film tout en douceur, qui se regarde avec passion et avec nostalgie. Guey Lun-Mei joue le rôle d’une lycéenne un peur rude, Maeng Kerou. Elle est très touchante dans son interprétation. Pour une fois, le triangle (A aime B qui aime C, mais par contre, C aime A) ne s’essouffle en aucun cas dans ce film et n’est absolument pas redondant. Evidement, la sexualité et surtout l’homosexualité y sont évoquées, mais ce thème n’est pas traité comme s’il s’agissait d’une lourde chape de plomb qui aurait pu ternir l’ensemble du film. Le réalisateur, Yee Chin-Yen, permet d’intégrer ses idées tout en souplesse dans Blue Gate Crossing grâce à la tendresse, la naïveté et la fougue des jeunes acteurs. Il peut être fier d’avoir offert à Taiwan un petit bijou cinématographique.
Comment Yee Chin-yen est-il parvenu à rendre les années de l'adolescence avec tant de sensibilité, de vérité, de pudeur, de pureté et de beauté ? Là où la plupart des films américains et français nous montrent leur jeunesse avec une vulgarité et une bêtise immense (quelques exceptions bien sûr comme Welcome to the dollhouse de Todd Solondz, les Roseaux sauvages d'André Téchiné), le cinéaste taiwanais évite tous les clichés mais n'oublie pas de retransmettre tous les sentiments et sensations de cette période clé de la vie. Les deux comédiens principaux sont géniaux. Les personnages sont touchants et complexes (même le garçon qui à première vue pourrait sembler simple). J'ai vu ce film en salle et ça faisait tellement longtemps que je n'étais pas sorti d'un cinéma avec tant de bonheur dans le coeur. Pour résumer: de jeunes comédiens excellents, des décors simples et familiers à tout spectateur, une belle musique discrète, des dialogues justes et une mise en scène subtile. Ne vous fiez pas à son apparente simplicité, réussir un film comme ça est dix mille fois plus difficile qu'il n'y paraît. J'espère qu'il sortira en DVD.
il s'agit d'un film d'ambiance, un regard sur l'adolescence, ces émois, ces doutes....
l'image est belle, lisse, colorée, tout cela coule bien naturellement et sans heurt; malheureusement c'est encore une fois trop mou, trop léger, il manque de la substance. dans ce genre de films (BLUE SPRING, VIRGIN SUICIDE...), je trouve que shunji IWAI est celui qui connait le plus de réussite, avec ALL ABOUT LILLY CHOU CHOU, FIREWORKS ou PICNIC.
BLUE GATE CROSSING a sa propre personnalité, cela respire le cinéma taiwanais, mais je n'ai pas été entièrement séduit, meme si il y a des qualités évidentes (photo, acteurs, ambiance)