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The Blind Woman's Curse

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2 critiques: 2.25/5

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3 critiques: 2.75/5



Xavier Chanoine 1.5 Esthétique travaillée pour un résultat encore grossier
Ordell Robbie 3 Trouve ses limites et son charme dans un mélange des genres en roue libre.
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Esthétique travaillée pour un résultat encore grossier

Avec Blind Woman's Curse, il est évident que le cinéaste nippon avait déjà une certaine longueur d'avance sur ses concurrents transalpins dans le domaine du bis. Si par moment, Ishii Teruo semble évoquer par son filmage et son attrait pour le bizarre une certaine image du film d'épouvante gore italien que l'on connaîtra au cours des années 70 et au début des années 80, c'est parce qu'il savait déjà être à part et ce malgré ses défauts innombrables que n'auront pas ses camarades italiens, Lucio Fulci ou Dario Argento (première époque) en tête. Ainsi, certains plans de Blind Woman's Curse annoncent déjà L'enfer des Zombies de par ses corps ensanglantés, ses gros plans sentant la pourriture, ses corps que l'on relève sous la terre ou sous une paillasse dans un rituel quasi vaudou, cette recherche de l'esthétique sombre et guère rassurante. L'utilisation du chat, bancale et bricolée, rappelle aussi les utilisations d'animaux chez Fulci, souvent utilisés pour créer la peur et une surenchère de violence du fait d'un montage très rapide lorsque les animaux sont à l'écran. Ainsi, lorsque la belle aveugle de The Beyond se fait égorger par son propre berger allemand (scène aussi présente dans Suspiria d'Argento), cette image renvoie immédiatement aux attaques du chat noir du film-ci, car si elles sont bien maladroites (l'on pourrait presque distinguer la ficelle le balançant), elles provoquent un certain effroi car leur impact est fort (ignobles miaulements) et visuellement bien trouvé (le chat se jetant sur la caméra). En dehors de ces quelques séquences bien travaillées d'un point de vue bis, le film d'Ishii ne provoque hélas aucun malaise tant le cinéaste insiste à faire défiler sous nos yeux un festival de tout et n'importe quoi à l'instar de son Effrayant docteur Hijikata réalisé un an plus tôt. C'est bien simple, Blind Woman's Curse est au film d'épouvante paillard ce que Suspiria est au film d'horreur baroque : une référence.

Les grossièretés inimaginables se passeraient presque toutes de commentaire, comme les quelques apparitions d'un sabreur cul nu refoulant, d'un sabreur benêt nommé face de moutarde, un serviteur bossu (nécrophile?) toujours interprété par l'affligeant Hijikata Tatsumi, ou les quelques excès de folie d'un membre du clan Tachibana insultant la caméra. Un programme plutôt navrant tant ils plombent l'entreprise toutes les minutes. Cette entreprise avait pourtant un certain potentiel, personne ne peut nier les qualités artistiques d'un Ishii en bonne forme sur un tel projet : alternance de mise en scène, audaces formelles parfois brillantes impliquant jeux de lumière travaillé et scène de théâtre surréaliste (l'homme faisant cuir des pauvres enfants dans une marmite, les corps nus simulant des automates) et quelques relents moyennement digestes de séquences quasi pompées sur L'Effrayant docteur Hijikata mais qui fonctionnent ici étrangement mieux. Ceci dit, cette forme estimable ne cache pas les faiblesses d'un scénario trop convenu -et confus- et cette absence totale de direction d'acteurs : Kaji Meiko est sous-employée comme rarement (alors qu'elle reste honorable dans Wandering Ginza Butterfly pourtant pas fameux), la sabreuse aveugle lui volant ainsi la vedette sans trop de soucis, et l'ensemble du casting cabotine méchant. Les hurlements du fond de gorge et les "bakairo" semblent aussi rendre hommage aux films de samouraïs, mais se vautrent là aussi par leur surenchère et leur exagération plus que théâtrale. On aurait pu compter sur un final dantesque pour se remettre d'un tel gâchis, mais là aussi il faudra repasser : l'avant-dernier combat d'une violence graphique notable éclipse la nullité du duel entre Akemi et la sabreuse aveugle, heureusement sauvé par une morale pleine de sens -enfin- digne d'un bon film de samouraï humaniste, sous la troisième courte chanson de Kaji Meiko que l'on retrouvera avec plus de grâce et de charisme dans les années à venir.

12 octobre 2007
par Xavier Chanoine


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