L'amour cul-inaire
Les pinku eiga ont largement servi à des nombreux réalisateurs débutants de se faire leurs premières armes; du moment, qu'ils respectent le cahier de charges des obligatoires scènes coquines, ils peuvent broder n'importe quelle histoire tout autour.
Tel ce "Bitter Sweet". Une première fois sorti, in catimini, dans quelques salles obscures nipponnes en 2004 sous le titre de "Noko Furin Torareta Onna" (en gros: "Une femme emportée par la culpabilité de son infidélité"), ses producteurs ont décidé d'en organiser une ressortie plus officielle quelques mois plus tard devant un certain engouement critique. Une redécouverte méritée, qui aura permis à Mitsuru d'asseoir une meilleure réputation et de décrocher une bourse pour un an d'études aux Etats-Unis par le département des Affaires Culturelles…
Car derrière les – effectivement – obligatoires scènes chaudes se cache un sensible portrait de drame humain. Il n'y a rien de révolutionnaire dans cette historie d'adultère, mais Mitsuru réussit à retranscrire le désoeuvrement de quelques âmes en déperdition, entre cette jeune femme irrésistiblement attirée par un aîné la veille de son mariage, un homme blessé sur le point de divorcer et la femme trompée. Proche d'un certain cinéma dramatique français, le portrait est hyper réaliste, la mise en scène dans un style proche du documentaire parfaitement adapté. La relative courte durée du film ne laisse aucun temps mort et se termine avant de pouvoir s'étirer inutilement en longueur ou de verser dans un faux style mélodramatique.
Une œuvre empreint d'une profonde mélancolie – et notamment pour être la dernière apparition sur grand écran de la reine du pinku, Hayashi Yumika, actrice de 400 films X en 15 ans de carrière et morte en d'étranges circonstances au mois de juin 2005 à 35 ans…