Pékin et le Roi vélo
On entend de plus en plus parler de l'ouverture du marché chinois aux véhicules de marques européennes, mais le moyen de transport par excellence reste incontestablement le vélo. Bien sûr, c'est moins cher, plus pratique pour passer dans le trafic dense, mais là-aussi on découvre des classifications sociales. Comme pour les voitures, il existe de nombreux types de vélo et bien sûr certains sont plus performants que les autres. Ainsi, toute cette histoire va tourner autour d'un vélo tous terrains équipé de changement de vitesse et qui va faire la convoitise de plus d'une personne.
Mais le vélo ne roule pas tout seul non plus et les deux protagonistes principaux jouent aussi un rôle intéressant. L'un étant livreur pour gagner sa vie et l'autre ayant le privilège de pouvoir étudier. Les deux n'ont certes pas beaucoup d'argent, mais ils ne vivent pour autant pas tout à fait au même niveau. Sans cette histoire de vélo volé, ils ne se seraient probablement jamais rencontré, mais voilà... Ce qui devait arriver arriva et une nouvelle relation plus ou moins forcée va commencer.
En arrière plan, la vie pékinoise est également très plaisante à suivre. On passe des bidonvilles aux grands immeubles en faisant un petit détour par les salons de massage. Les relations entre personnes de classes différentes sont aussi très marquées et on se rend vraiment compte du mépris que peuvent avoir ceux qui ont un tant soit peu réussi par rapport à ceux qui leurs sont inférieurs.
Un bon film, très plaisant à regarder.
Cruel mais magnifique portrait du Pékin d'aujourd'hui.
Le vélo en Chine est l’équivalent de la voiture en Occident : on s’en sert pour se déplacer, pour (aller) travailler, pour déménager des meubles (cf. les 2 plans incroyables où un frigo et un matelas sont attachés à la selle d’un vélo) voire même pour draguer. Sauf qu’en Chine, les vélos sont réservés aux pauvres et les voitures aux riches… De ce fait, rouler avec un VTT tout neuf dans Pékin peut s’avérer dangereux puisqu’il attirera forcément la convoitise.
C’est un cercle vicieux que nous expose Wang Xiaoshuai dans ce film : celui de la pauvreté. La pauvreté des campagnes chinoises pousse ses habitants à émigrer en ville pour trouver du travail et des conditions de vie acceptables (ce qui est parfois un leurre). Embauché dans une entreprise de facteurs à VTT où le rendement et l’image de marque semblent être les règles d’or, un jeune campagnard fraîchement débarqué va se démener pour effectuer correctement son boulot, allant même jusqu’à se faire offrir son VTT par la boîte. Mais il y a un hic : la pauvreté. La pauvreté qui pousse un jeune à lui voler son vélo puis à le revendre avec une plus-value forte intéressante évidemment. La pauvreté encore qui pousse un autre jeune à voler dans le portefeuille de son père et à devenir receleur sans le vouloir en rachetant le vélo volé d’occas’. La pauvreté toujours qui pousse le facteur à retrouver son vélo coûte que coûte (son entêtement fait penser à celui de l’héroïne de Pas un de moins) et à se fracasser la tête avec son nouveau proprio qui est comme lui de toute bonne foi.
Cette situation simple qui nous paraît, à nous occidentaux, vraiment absurde (comment peut-on risquer sa vie pour un vélo ?), revêt ainsi sous nos yeux un aspect tragique et forcément compassionnel. Et même si le film est trop long de 20 bonnes minutes (les tabassages systématiques finissent par lasser), il propose un portrait saisissant de la Chine urbaine d’aujourd’hui, terre de contrastes par excellence, d’une rare cruauté : les buildings modernes côtoient les cabanes de 10 mètres carrés, les hôtels prestigieux semblent narguer les 99% de chinois qui n’ont pas les moyens de se payer une nuit (cf. l’air ahuri du petit facteur qui découvre tout ce luxe), la ville a 50 ans d’avance sur la campagne. Un constat terrifiant à travers cette histoire symbolique de vol de vélo, que le réalisateur n’a pas oublié de rendre divertissant.
un beau film, une belle leçon
Beijing Bicycle est un très beau film qui fait passé un excellent moment. J'ai été grandement bouleversé par l'interprétation de CUI Lin, son personnage m'a énormément touché et profondément peiné. Le film tourne autour de certains points forts de la vie comme l'amitié et la persévérance mais aussi de ces malheureux points faibles comme la rancœur, la jalousie, l'attirance pour ce qui est supérieur...
Comme par exemple: (Attention SPOILER) Que le père(ou son frère va savoir) de Guei soit grandement attiré par sa voisine qui se donne des airs de riche, jusqu'à qu'il découvre qu'elle n'est qu'une domestique donc une personne de sa même condition.(Fin SPOILER)
Sous l'apparence simpliste qu'il revêt, le film est bien plus et pour moi l'histoire ne s'arrête pas à celle d'un type qui veut seulement récupérer son vélo, mais plutôt un type qui veut récupérer sa fierté et son honneur.
Je respecte les goûts et les avis de chacuns, mais sans vouloir en offenser quelques uns, je pense que les gens ayant le même avis qu'Anicky devrait le regarder une seconde fois plus sérieusement... En ce qui me concerne j'ai l'ai trouvé excellent et parfaitement bien joué sauf bien sûr si il faut noter tous les figurants qui regardaient la caméra!
Un très beau film
Le fond social sur l'insertion en milieu urbain de personnes venant d'un milieu rural n'est qu'un prétexte. L'intérêt du film réside dans l'acharnement avec lequel l'acteur principal veut récupérer son vélo. Hé oui pas besoin de chercher midi à quatorze heures.
Tous ça pour dire que j'ai passé un très bon moment devant ce film touchant et sincère.
Variation et non transposition...
A première vue, transposer le mythique chef d'oeuvre "le voleur de bicyclette" dans le Pékin des années 90, il fallait oser!
Heureusement le film ne cherche pas du tout à concurrencer le film de de Sica (honnêtement quel film le peut?), il préfère sur une trame un peu identique apporter d'autres éléments. Ainsi, la bicyclette n'est pas seulement instrument social, elle participe aussi à l'histoire de coeur de notre héros.
Pour moi, la réussite de ce film est justement que le réalisateur évite magniquement le piège de l'émotion facile... Il aurait pu avec les mêmes ingrédients nous peindre un tableau noir et il nous a mis la couleur.
J'ajoute que Pékin y est filmé avec beaucoup de justesse. On est transporté dans son agitation "grouillante".
Bref, un très bon film qui m'a séduit par sa simplicité et son regard sur la métropole chinoise.
?
Un bon film servit par des acteurs dont c'etait le premier film pour la plupart . Cependant Beijing bicycle comporte des longueurs et bien qu'il soit répétitif, le film se laisse regarder avec plaisir .
UN FILM POIGNANT ET BIEN REALISE
La relation entre les deux jeunes garçons est vraiment très bien filmé. Cet attachement mutuel à une byciclette qui représente différente chose pour chacun d'eux est habilement et magnifiquement filmé. Au résultat, un film touchant et poignant. A voir :)
Un vélo, deux histoires.
"Beijing Bicycle" est un film aux allures de légèreté et d'innocence, mais qui reflète aussi la dure réalité du Pékin actuel, à l'heure où le "yuan" est le mot le plus prononcé dans les rues. Le temps du communisme totalitaire paraît si loin lorsqu'on voit "Beijing Bicycle" ; le capitalisme a fait naître de nouveaux besoins aux citadins, des convoitises, il a fait murir les objectifs individuels et raviver l'avarice. Au milieu de ce climat étouffant se trouvent deux jeunes hommes insouciants, un campagnard et un lycéen. L'un vient de décrocher un petit job de coursier qui lui a permi d'avoir un vélo tout neuf, l'autre vient aussi de se procurer un beau vélo pour draguer et traîner avec ses copains. Le seul petit soucis : il s'agit du même vélo !
Les personnages sont attachants, mais le scénario traîne un peu en longueur. De même que l'atmosphère de la grande capitale et de ses petits quartiers n'est pas assez utilisée par WANG Xiaoshuai à mon goût. Le film n'en demeure pas moins une belle petite histoire émouvante.
Chassé croisé
Du "Voleur de bicyclette", "Beijing Bicycle" n'en garde que le l'idée de départ, à savoir un jeune ouvrier se faisant voler son vélo, outil indispensable pour travailler (il est coursier); la suite n'a plus rien à voir, car contrairement à ce qui se passe dans l'original, le jeune héros ne passe pas son temps à chercher le vélo, mais le re-trouve très rapidement...Enfin...peut-être; car le mystère n'est jamais véritablement élucidée à savoir, s'il s'agit de son vrai vélo, où s'il a rajouté les marques par la suite.
S'éloignant de son excellent point de départ, "Beijing..." ne risque pas d'avoir à se comparer à son modèle italien, mais déçoit tout de même. La deuxième partie s'enlise dans une histoire peu passionnante de jeunes, où tout concourt à une fin un brin trop larmoyante pour sonner juste (abus du ralenti inclus). Dommage, car le début était véritablement superbe, l'histoire oscillant entre humour discret (la scène de la douche; le brossage des dents...) et critique social (l'intégration difficile des "gens de la campagne" dans un milieu citadin austère.
Si l'on gratte même à la surface du film, on verrait pointer comme un véhicule d'idées foncièrement communistes, comme le partage des biens (du vélo) et la méchante capitalisation, malheur pour tous (bonniche mettant robe et chaussures à hauts talons et l'éternel combat de vouloir possèder plus que les autres = la société de consommation poussant à faire du mal).
Dommage, que le réalisateur n'ait pas persisté dans sa veine comique, depeignant finement une société chinoise fascinante dans son explosion culturelle. Et de poser sa caméra paresseusement devant des improvisations pas toujours très réussis de ses comédiens.
Seule très bonne idée de mise en scène : le chassé-croisé dans les étroites ruelles de la banlieue, tout à l'image du film du chassé-croisé des deux garçons autour du vélo et qui -dans leur course - n'en forment plus qu'un.
Un vélo pour deux
Utilisant comme ressort dramatique premier la perte de l’outil de travail, donc de salaire, donc de vie d’un néo-salarié, soit une situation initiale similaire à celle du Voleur de bicyclette (1948), Beijing bicycle prend le parti de faire de ce vélo le protagoniste principal du film. Imitant au départ la trame scénaristique du film de De Sica, soit les déambulations d’un quidam désemparé au sein d’une ville bruyante, étouffante, socialement et physiquement éclatée (Pékin), Beijing bicycle dérive rapidement vers ce qui semble être tout d’abord une narration à plusieurs voies (deux adolescents aux existences antagoniques s’échangent, contre puis avec leur gré, le vélo), mais qui se révèle être une semi-farce indigeste car redondante, en faisant par ailleurs de nombreux emprunts.
Alternant plans fixes serrés et caméras mobiles suivant les mouvements des personnages (une récurrence dans le cinéma chinois social de ces dernières années), puis une sur utilisation de l’humour absurde et elliptique (Kitano), Beijing bicycle est, sinon déplaisant, en tout cas lassant par manque d’originalité formelle.
Il s’en dégage malgré tout un sentiment d’immersion radicale dans une mégalopole surchargée, dans lesquels les êtres évoluent sans réelle consistance, se retrouvant dans une position fluctuante, de force ou de faiblesse, avec les variations de comportement qu’elle engendre, ce que Wang Xiaoshuai s’est attaché à mettre en image par un procédé aussi efficace dans un documentaire que faible dans une fiction de ce type, soit un traitement superficiel et opaque des personnages.
Il n'y a pas grand-chose dans ce film, même Pékin joue mal.