Méli-mélo drame
Un nouveau pas du prolifique Andrew Lau de prendre durablement pied dans la juteuse industrie cinématographique chinoise…et pour ce faire, il sait s'y prendre, le bougre: il fait appel à Shu Qi, megastar en chine depuis les succès consécutifs de se deux "If you are the one" et qui se voit d'ailleurs cantonnée actuellement aux rôles aux jeunes séductrices. Shu Qi, qui avait également tourné dans la précédent "Look for a star" de Lau, film, lui, qui avait déjà été scénarisé par Cindy Tang, qui rempile donc pour cette histoire de (faux) amour entre deux êtres, que tout sépare.
Or, les deux films sont un peu comme la nuit et le jour. Alors que "Look for a star" n'était que pur divertissement, "Beautiful life" (titre ironique) semble, lui, être sponsorisé par une marque de kleenex, tant les attaques lacrymales sont nombreuses. Au lieu du spectacle gentillet tel qu'amorcé dans les premières minutes du film, on va s'enfoncer de plus en plus dans du mélodrame pur jus, à commencer par les malheureuses tentatives de Li Peiru de gagner de l'argent (et la justice), l'histoire familiale du calme Fang Zhengdong (les autistes et autres handicapés mentaux ont sérieusement la côte dans l'actuelle cinéma chinois et vont finir par concurrencer les coréens sur ce terrain !!) jusque l'enchaînement de malheurs des deux parties.
Franchement, le film en fait des tonnes et finit même par devenir prévisible dans sa façon de vouloir à tout prix enchaîner les rebondissements. Un film, comme il y en a déjà eu par centaines dans l'Histoire du Cinéma Asiatique et qui compte au moins autant d'adeptes féminins prompts à attraper leur mouchoir (fallait voir les flots de larmes et de morve à se déverser dans la salle de projection), que celles à sourire béatement devant des histories de prince charmant. "A beautiful life" se place quand même dans le haut du panier. Déjà, parce que Cindy Tang possède un réel talent à se rendre ses histories crédibles et ses personnages attachants, ensuite parce qu'Andrew Lau sait user des bonnes ficelles, quand il s'applique un tant que ce soit peu dans la réalisation. Et cette fois, il s'en donne à cœur joie avec une mise en scène impeccable et – surtout – une direction d'acteurs aux petits oignons. Pas difficile, me direz-vous avec un duo de choc constitué par Liu Ye ("City of life & death") et surtout Shu Qi, qui n'arrête pas de gagner en expérience et talent et qui donne une interprétation absolument brillantissime dans les registres les plus divers avec une vraie évolution de son personnage en cours de film.
Oui, je suis partagé, le film ayant dégagé un air de déjà-vu mais tendant finalement vers une note plus positive dans l'impression qu'il laisse avec le temps. Peut-être est-ce, parce qu'il s'agit de l'une des premiers mélodrames "tous publics" chinois, réalisé avec le talent et savoir-faire hongkongais, mais parfaitement dilué dans un cadre chinois, qui offre (enfin) quelques perspectives plus novatrices, notamment dans son changement de décor, description de quelques vérités politiques et professionnels et traitement de thèmes plus adultes et matures qu'à l'accoutumé.
Bref, on sait à quoi s'attendre, mais on ne sera pas forcément déçu.
PS: Mention spéciale pour le rôle d'Anthony Wong en...aveugle...et qui n'a visiblement pas pu s'empêcher de cabotiner. Autre figure blessée, mais qui provoque davantage le rire, que des larmes.