ma note
-/5
Merci de vous logguer pour voir votre note, l'ajouter ou la modifier!
moyenne
3.22/5
Les Bas Fonds
les avis de Cinemasie
4 critiques: 3/5
vos avis
16 critiques: 3.34/5
Dodes'kaden avant l'heure...en moins définitif
Difficilement accessible, souvent fatiguant et guère séduisant, Les bas fonds demeure néanmoins une fable crade et péssimiste sur le destin des hommes. Nos personnages ont tous connu la gloire, avant de tomber dans la pauvreté et l'alcool des suites d'on ne sait quoi. C'est ainsi que Kurosawa nous présente ces personnages. Gueulards, malfamés et alcooliques, affalés sur le sol tels des mineurs durant une pause café, inutiles et cherchant la moindre attraction possible. Ils discutent de chose et d'autre, de l'état dramatique d'une femme crèchant dans la même pièce, prête à rendre son dernier souffle d'un moment à un autre. Ils s'engueulent, crient et se plaignent, chacun racontant sa petite anecdote. Les affaires de coeur vont entacher cette situation déjà fort délicate (les personnages paraissent se nourrir qu'au saké), entraînant irréfutablement la mort d'un des leurs, engendrant par la suite des querelles monstrueuses jusqu'à emprisonner le cultissime Toshirô Mifune, une nouvelle fois au dessus du lot. Une pièce de théâtre sur près de 2 heures, annonçant le futur projet Dodes'kaden. Malheureusement Les Bas fonds n'a pas la magie du futur chef d'oeuvre de Kuro. Il n'a pas sa musique. Il n'a pas la beauté de ses images, et pourtant les Bas fonds arrive à tenir en haleine et ce jusqu'aux dernières 20 minutes gigantesques d'histérie (ça se querelle dans tous les sens, ça picole sec et ça danse). L'interprétation incroyable rend l'oeuvre finalement touchante mais à la fois terriblement malsaine, un sentiment de voyeurisme émanant de l'ensemble. Avait-on besoin de faire 2h de train-train quotidien d'une poignée d'alcooliques? Chacun se fera sa propre opinion sur le sujet.
un Kurosawa mineur
Adapter la pièce de Maxime Gorki était vrai défi pour Kurosawa. En effet, elle avait déjà été adaptée de façon magistrale par Jean Renoir. Mais à l'époque, Kurosawa est en état de grâce: depuis l'Idiot, il enchaîne chef d'oeuvre sur chef d'oeuvre. Reste que le film fait à une échelle relative accident de parcours. Kurosawa transpose la pièce dans le Japon médiéval. Les personnages, tous déclassés originaires de milieux sociaux variés, sont dans l'éructation permanente. A ces personnages très théâtraux (qui s'expriment d'ailleurs comme s'ils avaient toujours leur statut d'avant la chute) s'oppose le mélange de rage et d'impassibilité d'un Toshiro Mifune impérial comme à son habitude.
Le côté succession de saynètes quotidiennes où les personnages vivent dans leur passé et/ou leur imagination annonce Dodeskaden sans en égaler la force. Les deux films décrivent d'ailleurs des personnages qui essaient de continuer à aimer la vie dans un environnement hostile. La misère de leur situation est d'ailleurs soulignée par les superbes plans de très haut de l'ouverture du film comme si Kurosawa voulait par là signifier que l'on peut trouver le bonheur au plus profond du trou. Les scènes du dialogue entre la femme du rétameur mourante et son grand-père sont une suite d'aphorismes reflétant une conception humaniste de la mort: "dans l'au-delà tu respireras plus facilement", "pourquoi vouloir te rétablir? Pour souffrir encore?". Et à un Mifune contestant la véracité de ses propos il répondra: "la vérité n'est pas toujours du côté du bien et le mensonge pas toujours du côté du mal.". Ici se trouve la vérité profonde du film: pour oublier leur condition et pouvoir rester dans les bas fonds, les personnages choisissent de faire comme si. Et dans ce cas le film se met à tomber dans le piège de l'asséné avec la main lourde (ce qui est un peu son défaut d'ensemble).
Reste que cette posture culmine dans un final où les personnages festoient malgré les morts, se lancent dans une danse interminable quand au travers d'un suicide la crauté du réel se rappelle à leur yeux ébahis. S'en suit un énoncé provocateur de la philosophie kurosawaienne: "Il s'est tué pour nous empecher d'etre heureux. Quel idiot!". Ces mots empreints de pensée dostoïevskienne (la question du suicide a toujours été centrale chez Dostoievski) glacent le spectateur quand il pense que des années après Kurosawa tentera de se donner la mort: il aurait alors privé de bonheur pendant trois décennies la planète cinéphile.
Plus difficile d'accès qu'à l'accoutumée
De tous les films de Kurosawa que j'ai vu jusqu'à présent - soit environ 25, Les Bas-Fonds est sans doute celui qui m'a le moins emballé. Adaptée d'une pièce de théâtre de Gorki, l'intrigue se concentre sur une la vie d'une petite dizaine de personnages condamnés à vivre ensemble dans une cabane insalubre du fait de leur grande pauvreté. Autrefois aisés et reconnus, ils ne sont plus désormais que des loques humaines passant la journée à commérer ou à commémorer, tous à la recherche d'une dose espoir dans un quotidien oppressant et désespérant.
Mais en choisissant le huis-clos étouffant de cette habitation qui sent la mort et le drame, Kurosawa prend également le risque de sombrer dans le misérabilisme trop appuyé, ce qu'il n'évite pas toujours à mes yeux malgré les prestations pourtant convaincantes de Mifune ou du vieux sage. Une conclusion lumineuse ne parvient finalement pas à atténuer ces 2 heures de chronique plutôt laborieuses qui l'ont précédé, et surpassées largement 13 ans plus tard par Dode's Kaden, subtil mélange de rêves colorés dans un bidonville.
Voyage au coeur de la psychologie humaine, version sombre, tres sombre
Comme indiqué dans les autres critiques, ce film traite de la pauvreté des hommes dans un bidonville du japon moyennageux. La galerie des personnages dresse divers portraits tous aussi misérables les uns que les autres, la déchéance humaine étant le fond du film.
Au milieu de ce décors, apparait une sorte de moine zen, qui tente d'apporter un peu d'espoir au milieu de cette misere. Les résultats obtenus sont toutefois surprenants.
Tout au long du film, l'atmosphere est pesante, voire etouffante, d'autant plus que le film (en noir et blanc) est assez sombre. Psychologiquement, je dirais que le film est violent, le mots n'étant pas excessif. Et même si la scène se déroule dans un japon médiéval, on aurait aucun mal à l'imaginer dans un décors actuel.
Un peu long tout de même, mais l'ambiance est là, d'où une certaine réussite.
A éviter si l'on déprime...
L'espoir, ou la condition inhumaine
La grande force de ce film aux accents contemplatifs fort prononcés, c'est la reconnaissance de la théatralité en tant que manne contextuelle. L'espace est réduit aux contraintes du sujet, s'interdire l'échappatoire dans le présent pour mieux s'en affranchir en des lendemains forcément plus enthousiastes
Puisque le présent est forcément desespéré, autant vivre pour l'espoir, d'ailleurs pendant les deux heures de sa durée, ce film ne cesse de parler d'après, le présent n'étant qu'instant figé comme ces plans fixes où se meuvent les personnages.
Sous ses accents d'oeuvre profondément noire, avec des décors sombres éclairés par quelques petites flaméches que l'on est à même de pouvoir toucher, comme si les flammes de l'enfer étaient là venant taquiner les âmes, le maître Kurosawa construit une oeuvre aux accents pessimistes dont les personnages ne sont que par l'optimisme, forcément il ne prendra sa valeur qu'après la fin, donc dans des lendemains meilleurs.
Note d'espoir que rien ne semble pouvoir arrêter, même la mort, ennemie que côtoient les protagonistes, en ce sens la dernière phrase du film donne tout son sens à l'oeuvre, une danse de sacre, enfin l'espoir qui devient réalité et soudain la pendaison d'un des leurs, l'artiste, le représentant de la théâtralité, comme si la mort se rappelait à ses droits, mais l'espoir est plus fort et le suicide une idiotie.
Loin d'atteindre les sommets du maître, Les Bas-Fonds brasse ses thémes de prédilection et propose une thérapie aux maux les plus desespérés. Humanisme quand tu le tiens...
Le théâtre de la vie
Troisième adaptation d'un romain de l'écrivain socialo-réaliste et bolcheviste Maxim Gorki (après l'ultra légère variation de Jean Renoir en 1936 et la difficilement visible du russe Andrei Frolov en 1952), Kurosawa revient à la quintessence même de l’œuvre originelle en replaçant uniquement la situation au Japon sous l'ère Edo. Se démarquant fortement de tous les portraits détaillés de personnages singuliers s'affirmant en fin de film, il propose plutôt un exercice de style en profond hommage au théâtre et aux acteurs. Il prend littéralement la communauté de reclus dans leur ensemble, donnant la part belle à chacun de ses acteurs - tous de rôles secondaires d'autres de ses films. D'aucuns d'entre eux ne se démarque particulièrement et d'aucun d'entre eux ne trouvera sa véritable voie en fin de film; chacun a droit à sa scène privilégiée, dévoilant un coin de sa personnalité souvent assez limitée par le format et le peu de temps impartis - bref, un vrai rôle de théâtre. Afin de renforcer cette impression, Kurosawa a choisi de tourner toutes les scènes à l'aide de différents caméras, privilégiant les plans larges et les plans au téléobjectifs, afin de cerner au mieux les expressions de ses interprètes, tout en leur laissant entière liberté de développer leur jeu sans avoir à les déranger ou à recomposer par un plan de coupe. En résulte une mise en scène quelque peu statique et académique, loin des prouesses visuelles habituelles de son cinéaste, mais proche du tournage d'une pièce de théâtre.
L'effort est payant, car si le réalisme habituel reste quelque peu en-deçà du niveau habituel du cinéaste, la performance d'acteurs est carrément époustouflante; seul Toshiro Mifune, pourtant remarquable, se détache du lot de manière négative : son visage par trop connu et son aura indéniable affectent la véracité autrement différente de la brochette d'acteurs moins reconnaissables et donc plus "frais" et attachants.
Oeuvre donc considérée comme mineure, car pas en phase avec l'univers habituel de son réalisateur, cette fidèle adaptation reste pourtant audacieuse dans sa forme et véritablement passionnante pour qui connaît l'auteur originel (parfaitement respecté) et le monde du théâtre (révérencieux, jusqu'à rendre hommage aux styles Nô et kabuki par les personnages et quelques situations pittoresques)...A découvrir d'urgence !!!
exercice de style
un peu ennuyeux : du théâtre, mais plus Stanislavski que nô