Fablin | 3 | Assez original et deux personnages très forts |
Aurélien | 2.75 | Scénario original qui évite les pièges et la plupart des facilités attendues |
Ce film a eu la chance de pouvoir faire le tour de nombreux festivals, et ce par son sujet presque polémique, à savoir la situation des immigrés illégaux en Corée du Sud. Ce n’est pas le premier à offrir le point de vue d’un étranger de la société coréenne, mais c’est probablement celui qui aura eu le plus de rayonnement.
Bandhobi est victime de dédoublement de personnalité. Cette production se prend pour un moment pour une comédie romantique, dans la plus pure tradition du drama asiatique, et à la fois pour un drame social. Ce qui amène une sorte de crise d’identité pour un film qui hésite dans la direction à prendre. Cela fonctionne quand même assez bien dans l'ensemble, mais le contraste est parfois assez dérangeant. Etonnamment, c’est le côté romantique qui m’a le plus convaincu, puisqu’il cristallise les rapports difficiles entre les deux communautés, par un jeu de méfiance et de curiosité. La fille est une petite peste qui apprendra progressivement à s’intéresser à l’autre et à sa culture, après l’avoir accusé à tort d’attouchements, avant de lui faire des avances déplacées. Une lycéenne tout ce qu’il y a de plus normal.
Une scène marquante met en scène la rencontre entre l’immigré bengali et un professeur américain, rencontre organisée par la fille qui prend des cours privés. Dans un McDo. Il faut savoir qu’alors que les conditions d’obtention d’un visa de travail en Corée sont extrêmement strictes, les ressortissants de pays anglophones bénéficient d’un statut spécial, puisque la demande en professeurs est tellement grande qu’en plus de la place bien payée, on leur offre le visa, l’appartement sur place et même le voyage en avion. Un contraste abyssal avec la situation des Asiatiques du Sud. Au lieu d’amener les deux personnages à se disputer ouvertement, le clash se forme subtilement, par une habitude de langage de la part de l’Américain, mais qui n’en dénote pas moins d’une certaine condescendance envers les Coréens, et surtout les filles coréennes. Ce qui met hors de lui le Bengali qui préfère abréger la rencontre.
La plupart des clichés sont ainsi évités, sans pour autant aseptiser le message. Et de la même façon, ce qui s’annonce comme la genèse d’un couple peu commun, avec ses petits moments d’intimité, se contente finalement d’une simple amitié, voire même y est contrainte ; chacun trouve une échappatoire chez l’autre, mais sait qu’il y a des limites à ne pas dépasser s’ils espèrent pouvoir rester ensemble.
Le plus beau moment, finalement, est la toute fin. Le souci du spoiler m’empêche bien évidemment de la raconter. Mais cette simplicité de traitement dans ce dur réalisme est touchant, et clôt de très belle manière cette œuvre.