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Ayashi no Ceres

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Tanuki 3.25 "Rends moi mon peigne !"
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"Rends moi mon peigne !"

Après Fushigi Yugi, Ayashi no Cérès est la deuxième grosse série à succès de Yuu Watase à être sortie en France. Après la très bonne surprise qu'avait été la première œuvre, on pouvait espérer beaucoup de la deuxième. Malheureusement, c'est plus un sentiment de déception qui ressort de cette lecture.

Cérès : Rends moi mon peigne

La mangaka décide cette fois de se baser sur une vieille légende japonaise contant l'histoire d'une nymphe céleste descendue sur Terre à qui l'on vole sa précieuse robe de plumes sans laquelle elle ne peut plus regagner les cieux. Condamnée à vivre parmi les mortels, elle n'aura de cesse de se réincarner siècle après siècle dans le corps d'une jeune fille et de l'utiliser pour essayer de reprendre sa robe de plumes à ceux qui la lui ont volée (d'où le titre de cette critique). Ainsi Aya se trouve être l'élue de sa génération. Jeune, belle, cheveux teints pour signifier qu'elle est assez libre et rebelle, elle est également du genre à ne pas avoir sa langue dans sa poche. On est assez loin de l'innocente et rigolote Miaka de Fushigi Yugi. Là où sa vie va devenir un cauchemar c'est quand sa famille va décider que pour ses 16 ans, un petit sacrifice de sa personne serait un plus pour le reste du monde. Ayashi no Cérès bascule alors dans le fantastique aux tendances dramatiques et sanglantes. Les morts s'accumulent, les organisations secrètes font des manipulations génétiques (aspect assez intéressant de l'histoire mais un peu brouillon par moment) parce que 10 nymphes valent mieux qu'une. Notre Aya devient soudain un personnage beaucoup plus torturé, d'une part parce que beaucoup de monde essaye de la récupérer pour faire des expériences louches sur elle et d'autre part parce que la cohabitation intérieure avec Cérès n'est pas si évidente que ça pour cause de conflits d'intérêt.

Aya determinée

Pour corser le tout et parce que c'est Yuu Watase, il fallait bien que les histoires d'amour soient compliquées pour satisfaire les petits cœurs palpitants. Ainsi, Aya se retrouve coincée entre 2 rivaux. A ma gauche : Tôya, le beau ténébreux à la mémoire envolée dont les capacités hors normes font rapidement douter qu'il soit complètement humain et dont la froideur refroidira justement pas mal de lecteurs. A ma droite, Yuhi, beau garçon lui aussi mais tellement plus serviable, dévoué et en plus bon cuisinier dont l'amour pour Aya est doux et pur. Peut-être plus pour le lecteur que pour Aya, entre les deux nos cœurs balancent. Et malgré la détermination d’Aya à opter pour le défi plutôt que la simplicité, on ne cessera d’espérer ou de redouter qu’elle ne choisisse l’autre. C'est là que le gros problème d'Ayashi no Cérès est situé. Ces histoires d'amour alourdissent considérablement l'histoire. Non seulement Aya va complètement faire passer ses petits problèmes de cœur avant tout le reste, y compris ce qui pourrait sauver ses amis mais en plus ces passages là ont une forte tendance à être de plus en plus tartes et répétitifs et à ne rien apporter au récit.

Tôya

Et de là on rebondit sur un deuxième gros reproche. Aya n'est pas seule, elle se trouve rapidement une petite armée d'amis prêts à tout pour elle. Watase se met alors à développer quelques pistes intéressantes au niveau des personnages secondaires mais malheureusement ne les exploitera jamais assez pour donner de la profondeur au récit et préférera se focaliser sur Aya et Tôya. Quel regret quand on voit tout le potentiel que Shuro avait en lui/elle ! Quel regret en sachant que, dans Fushigi Yugi, même les ennemis avaient des passés complexes et une consistance, ce qui faisait la richesse de l'œuvre ! Au final, l'histoire se construit parfois de manière très intéressante, rebondit sur 14 tomes pas désagréables à lire une fois mais selon la sensibilité du lecteur, il est possible qu'une forte impression de pédalage dans la semoule se dégage rapidement. Il y a bien-sûr quelques scènes chocs mais globalement la chasse au trésor pour retrouver la robe de plumes n’est pas assez bien gérée pour être vraiment haletante. Comme s'il manquait ce sentiment d'urgence qui fait dévorer les tomes un par un sans pouvoir les lâcher. La fin ouverte n'est heureusement pas trop mal.

Shuro et Yuhi

Là où l’auteur se montre assez irréprochable par contre, c’est au niveau du dessin toujours aussi soigné et beau. Les progrès depuis Fushigi Yugi sont visibles et le style continuera de s'affirmer en cours de route. On se rapproche très nettement du style actuel et Aya a d’ailleurs assez rapidement le visage de l’héroïne watassienne type. C'est au moins un aspect d'Ayashi no Cérès qui apporte beaucoup de plaisir au moment de la lecture même si certaines planches sont un peu trop chargées.

Pour conclure, là où Fushigi Yugi, malgré les nombreux drames qui le parsèment, arrivait à jouer sur les différents terrains du fantastique, de la comédie, du drame et de la romance, tout ça dans un style à la frontière du shôjo et du shônen, Ayashi no Cérès joue sur un terrain beaucoup plus noir et dramatique avec des situations plus "adultes" ne laissant que peu de place à l'humour désarmant de l'auteur. Heureusement que l’effet madame Kyô est particulièrement réussi et fait mouche quasiment à chaque fois qu’il est utilisé.



20 juillet 2004
par Tanuki


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