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August in the Water

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les avis de Cinemasie

2 critiques: 3.38/5

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2 critiques: 3.12/5



Ordell Robbie 2.5 Regardable mais ne retrouve l'inspiration des grands jours que sur la fin.
Xavier Chanoine 4.25 Sensoriel et mystique, un film juste magnifique
classer par notes | date | rédacteur    longueurs: toutes longueurs moyen et long seulement long seulement


Sensoriel et mystique, un film juste magnifique

Extrait

Lorsqu’il n’est pas tout simplement banal, August in the Water touche au sublime. Perforé de fulgurances poétiques en forme de métaphores écologiques, cette fable sensorielle terriblement moderne est le beau plaidoyer de Ishii Sogo en faveur de la sauvegarde de la nature et de ses éléments. En particulier l’eau, ici l’élément majeur, aussi bien au fond d’un bassin que tombant des cieux. Deux météorites se sont écrasées à Fukuoka. Izumi, une jeune fille, débarque dans un lycée. Le temps est infecte, d’une épuisante chaleur, souvent imagé par des plans fixes contemplatifs recouverts par des vagues de vapeur chaude. Il y a le jeune Mao, brave type un peu timide qui se lie d’amitié avec la nouvelle venue, cachant pour l’instant ses sentiments naissants. Il promet de se rendre à ses compétitions de saut acrobatique. Mais la jeune championne finira par reculer face à la hauteur du plongeoir et face à une eau qui lui parait aussi dure que la roche. Izumi semble alors souffrir de la mauvaise gestion des ressources naturelles, comme ici l’eau, comme si cette dernière était en quelque sorte la déesse de cet élément venue sur Terre pour faire un état des lieux. La gestion empirant, Izumi tombe malade. Son état alarmant la fera tomber dans le coma le temps d’une nuit, avant de se réveiller physiquement et psychologiquement atteinte. Fascinée, également, par les astres. Et si la venue de la jeune fille coïncidait avec la chute des météorites ?

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August in the Water est donc le beau film d’un cinéaste terriblement moderne. En oubliant ses essais punks et très masculins, Ishii Sogo témoigne de son envie, par l’intermédiaire du portrait de la jeune Izumi, de sonner la tirette d’alarme question environnement. Mais plus qu’un simple film écolo, le cinéaste utilise la fable et la puissance évocatrice de l’eau pour se rapprocher de son compère Miyazaki dans les rangs des cinéastes utilisant la fiction (ou l’imaginaire) pour faire valoir leurs engagements à ce niveau. Rien n’est donc asséné avec lourdeur, l’essentiel passe par la souffrance mais aussi le combat d’Izumi face au manque de sensibilisation des japonais quant à l’environnement. Aucun procès d’intention ni de généralités, Ishii Sogo se sert de l’exemple des habitants de Fukuoka pour poser les questions. D’ailleurs, ce n’est sans doute pas pour rien que ces derniers tombent comme des mouches, comme foudroyés par la « maladie du caillou » : avec la terrible sécheresse qui s’abat sur la ville et la mauvaise gestion des ressources naturelles, les habitants se retrouvent comme desséchés. Izumi, l’être débarqué de nulle part et le plus étrange de tous, semble être atteinte du même symptôme. Le cinéaste questionne alors notre responsabilité face à l’élément liquide, face à sa puissance –représentée sous les traits d’une jeune fille- qui nous permit de voir le jour.

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A ce stade, la plupart des magnifiques plans contemplatifs sur la nature et ses éléments (l’eau, les arbres, la roche) font sens, une alternative extrêmement intéressante aux beaux poèmes naturels de Kawase Naomi. Pourtant, August in the Water sidère plus encore parce qu’Ishii nous rappelle quel réalisateur féroce il fut depuis la fin des années 70, en transfigurant son poème écologique par son génial sens du montage, ses fulgurances formelles inouïes bien aidées par la photographie de Kasamatsu Norimichi et sa relative agressivité contrastant avec la douceur et la fragilité de son thème. Aussi bien à l’aise lorsqu’il est question de filmer des sauts acrobatiques, en multipliant les cadrages et travellings, que des images pleines d’onirisme (les plans en contre-plongée sur une météorite, les reflets de la lune sur le lac, l’incroyable déluge de pluie), le cinéaste utilise à merveille la bande-son faite de vrombissements, de bruits sourds et de notes synthétiques pour effleurer avec douceur et gravité les émotions des personnages et la sensibilité de la nature. Définitivement marquée par sa patte mystique, cette fiction –réflexion- sur un problème plus que d’actualité marque par sa première moitié d’une grande simplicité, tour à tour touchante et contemplative, avant de prendre un tout autre chemin, plus sinueux mais convaincant dans bien des domaines. Bien que sidérante visuellement, la conclusion en toute fin nous en raconte sans doute trop, mais Ishii aura réussi à nous faire voyager durant deux heures dans un univers mystique finalement très proche du notre.



22 mars 2010
par Xavier Chanoine


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