Ordell Robbie | 1 | Tract explosif |
On pourra trouver ce documentaire d'Adao Masachi et Wakamatsu sur le FPLP et l'Armée Rouge Japonaise idéologiquement inadmissible au regard du contexte politique actuel. Et même trouver que tout ceci ne pèse pas grand chose cinématographiquement. Mais c'est cet inadmissible qui en fait un objet digne d'intérêt pas seulement documentaire. Entendre la rhétorique de haine anti-israélienne du FPLP et de l'Armée Rouge Japonaise ici débitée en voix off, c'est voir la manière dont toute une argumentaire d'extrême gauche peut risquer de glisser vers la judéophobie. Et en cela la résonance du film est malgré elle des plus actuelles. Comme ces scènes de détournement d'avions de l'Armée Rouge Japonaise tirées des actualités rappelant que le terrorisme n'avait pas attendu aujourd'hui pour user de l'arme médiatique. Les voix off? On y entend diverses personnes expliquer leur engagement aux cotés du FPLP y compris une certaine Shigenobu Fusako instigratice du désormais trop célèbre terrorisme kamikaze.
Tandis que des intertitres/tracts s'ajoutent aux voix off pour asséner aussi légèrement qu'un tank le message de la révolution mondiale, de la lutte armée contre "l'impérialisme", du désir de transformer le monde en de multiples Viet Nam. Voire mythologiser le peuple palestinien comme figure d'éternel résistant aux impérialismes. Dommage qu'images et voix off n'interagissent pas vraiment. Les images justement... Outre qu'il n'a pas de projet formel ambitieux, le duo de cinéastes ne semble pas toujours savoir quoi filmer mais sans être spécialement fascinantes les images de l'entrainement à fabriquer une arme, la charger, la manier... ont un intérêt documentaire indéniable. Par contre, la tentative de rapprocher la situation des Palestiniens et celle du Japon par le documentaire se solde par un échec. Limites de l'idée de révolution mondiale qui s'est ensuite évaporée?
Enfin, le film permet de se replonger dans une époque où les lendemains révolutionnaires qui déchantent avaient poussé une partie l'extrême gauche à une radicalisation violente de l'action politique. Et de regarder autrement notre époque. Pas si mal même si le cinéma manque trop souvent à l'appel. Mais si l'on veut un témoignage de la lutte palestienne seventies qui soit aussi digne d'intérêt artistique, mieux vaut se tourner vers la littérature et le Captif Amoureux de Genet.