Appare Jipangu se voulait léger et rigolo mais ça n'est pas très réussi
Autant annoncer la couleur dès le départ, Appare Jipangu n'est pas la plus grande réussite de Yuu Watase. Et heureusement pour le lecteur, il n'y a que 3 tomes en tout et pour tout. Le premier tome partait d'ailleurs déjà mal avec des personnages assez mal présentés et des histoires pas très claires en première lecture, le tout donnant un résultat assez brouillon. Le deuxième tome passe déjà mieux mais n'arrive jamais à trouver un rythme qui rende l'histoire passionnante. D'ailleurs le fait qu'il s'agisse à chaque fois d'aventures très courtes quasiment sans rapport les unes avec les autres n'aide pas le lecteur à s'attacher aux personnages, certains étant d'ailleurs particulièrement effacés et inutiles. La trame de fond qui voudrait que l'héroïne soit à la recherche désespérée de l'amour et des ses parents est bien plus accessoire qu'autre chose. Alors, certes, en introduction de chaque volume, il y a un petit texte qui dit : "Videz-vous l'esprit de toute pensée encombrante avant d'entamer la lecture. Installez-vous confortablement. Ceci n'est pas un produit frais. Nous vous recommandons cependant de le consommer avec modération pour obtenir une satisfaction maximale.[...]". C'est bien gentil de prévenir. Encore aurait-il fallu que le résultat soit à la hauteur de l'éventuel attente que ce préambule pouvait générer. Ou alors il faut vraiment avoir l'esprit complètement vidé pour trouver quelque chose de délirant-de-la-mort-qui-tue dans cette affaire mais j'avoue avoir un peu de mal sur ce coup-là. Yuu Watase fait bien plus rire quand elle ne se force pas à faire de l'humour (surtout pour que ça se voit autant) et qu'elle laisse l'alchimie entre les personnages faire une bonne partie du travail. Ici, les gags premier degré qu'elle maîtrise tellement bien d'habitude sont plus proches du plouf que du rire et seuls les passages en mode "vision d'étranger" et le clin d'œil au Seigneur des Anneaux font vraiment sourire.
Même l'histoire d'amour qui aurait dû donner un coup de fouet au palpitant est loin d'être passionnante. Les seules petites contrariétés qui semblent vouloir se glisser entre nos deux amoureux ne tiennent jamais plus de quelques pages, encore une fois à cause du découpage en petites aventures indépendantes. Forcément ça ôte pas mal de mordant à Appare Jipangu. Il reste alors le dessin qui, bien qu'il ne soit pas au niveau d'Imakoki, est quand même dans la veine des œuvres les plus récentes de Watase. Le trait est toujours aussi fin, les personnages très séduisants. Certaines planches sont encore un peu chargées par rapport aux œuvres suivantes de l'auteur et ça n'aide malheureusement pas l'histoire à gagner en clarté, bien au contraire.
Au final, Appare Jipangu est assez décevant et on était en droit d'attendre mieux de la part de Watase qui, cette fois, avait eu la bonne idée de nous transporter à l'époque d'Edo. Le fait que ce manga soit sorti sous forme de "bonus" dans un magazine de prépublication et non comme une oeuvre a part entière explique sans doute cela. Petit plus de fin de 3ème volume, une variante à Alice 19th qui introduit rapidement les personnages principaux dans une petite histoire gentillette d'amour naissant. Ça n'apporte rien aux futures aventures des "Lotis Master" mais ça fait pas de mal.