Profondo Giallo
Le plus méconnu de la série
Angel Guts, car indisponible en DVD, le seul produit pour la vidéo, également le seul non produit par la Nikkatsu, est un veritable Giallo en puissance. Rien d'étonnant quand on sait que Takashi Ishii fût le scénariste du classique
Evil Dead Trap de son ami Toshiharu Ikeda et qu'il est parti à cause de désaccords artistiques (Ishii souhaitait faire un veritable film noir sur le thème du complèxe d'Œdipe avec un jeune adolescent comme assassin alors qu'Ikeda voulait aller vers ce chemin beaucoup plus Barkerien qui fait le succès du film). Voulant se faire pardonner, Ikeda respectera les idées de son ami dans
Broken Love Killer (ou
Evil Dead Trap 3) ou il est question d'un sordide triangle amoureux entre un prof décadant, sa femme bisexuelle et une fliquêtte suicidaire...
Alors qu'il prépare
Seule dans la Nuit, Ishii décide de revenir à la Vidéo (après
Les Orchidées du Clair de Lune/
Gekka no Ran) en signant le sixième et dernier
Angel Guts. Il choisit de reprendre certains éléments abandonnés sur
Evil Dead Trap, comme la confusion entre le réel et l'imaginaire, la bisexualité (qui sera dans
Broken Love Killer), mais aussi le traumatisme subie par Nami (le viol). Si certaines mauvaises langues parlent de
Red Flash comme d'un rip-off de
Basic Instinct (quand même, l'un des films les plus surréstimés de l'histoire du cinéma), c'est plutôt vers le cinéma de Brian de Palma qui faut y voir des influences. De
Pulsions (la référence la plus évidente) à
Sœurs de Sang (le personnage de Chihiro à des airs de Dominique Blanchion) en passant, plus ou moins, à
Blow-Out (le cynisme de l'univers du cinéma), le film d'Ishii rappelle aux fans de thrillers italiens que De Palma, de par ses origines italiennes, son obsession pour Hitchcock et son cynisme amer proche de Dario Argento, EST le représentant le plus parfait, le plus digne, du Giallo à l'Américaine.
Concernant ce petit bijou méconnu, il souffre d'un gros point négatif ; Nami est joué par la toute mignonnette Maiko Kawakami, excéllente dans
Violent Cop, mais qui ne colle pas du tout à l'image qu'on peut se faire d'une Nami Tsuchiya. Sinon, quel plaisir de voir Jinpachi Nezu dans un contre-emploi total dans l'univers Ishiien et la belle Noriko Hayami, qui nous avait irradié dans le sublime
Love Hotel, dans un rôle d'une grande ambiguïté (d'ailleurs, tout le film est perpetuellement ambigü).
Un film d'une grande beauté qui se doit être vu, rien que pour en finir avec la série...