Voyeur ?
Après 2 épisodes signés SONE Chusai, c’est l’incontournable maître du roman porno TANAKA Noboru qui assure la continuité de la série Angel Guts en jouant plus encore que son prédécesseur sur l’aspect à la fois traumatisant et fantasmant du viol : il lance une journaliste en mal de scoops, la fameuse TSUCHIYA Nami, sur les traces de femmes violées pour comprendre leurs ressentiments des années après le crime dont elles sont été la victime. Mais cette enquête va pousser la journaliste curieuse aux frontières du danger et de la violence en frôlant l’expérimentation de son propre viol. Toujours sur le fil de l’amoralité et d’idées condamnables, TANAKA joue avec notre conscience, nos valeurs et teste les limites de notre voyeurisme (« ça vous excite ça ? » semble-t-il demander parfois), tout en se rapprochant de la maxime utilisée en préambule dans Mad Max « rien ne condamne plus la violence que les images qui vont suivre ». Bref, il faut aimer le genre, mais dans l’ensemble c’est plutôt réussi.
Fugace instant horrifique :
En pleine nuit, un violeur entraîne une infirmière de garde dans la morgue de l’hôpital. Là, il la tabasse en règle et profite de son inconscence pour, dans un pur moment de folie et d’excitation, saisir son couteau et ouvrir le ventre de sa victime en répétant «
je veux voir tes entrailles, j’en ai besoin… ». Une fois ses intestins à l’air, il la traîne dans un bassin rempli de formol et la viole parmi les cadavres flottants…Dans une morgue, personne ne vous entend crier !
Tokyo en état de Shock !
1979, Takashi Ishii,
Gekigaka reconnu, est devenu un scénariste-phare pour la
Nikkatsu avec le succès d'
High-School Co-Ed (un film de bikers matiné de Rape'n'Revenge) et
Red Classroom (un drame existentialiste sur les conséquences d'un viol sur une jeune femme).
Noboru Tanaka, cinéaste chevronné du
Roman-Porno (
Osen la Maudite,
Marché Sexuel des Filles,
La Véritable Histoire de Sada Abe,
La Maison des Perversités et
Massacre d'une Femme au Foyer), souhaite réaliser un film dans l'univers du
Gekigaka. Ce sera
Nami !
Sorte de
Shock Corridor à la japonaise, on y suit le chemin de croix d'une Nami Tsuchiya devenue pour ce film journaliste pour un canard nommé "
The Woman". Elle désire réaliser un grand reportage sur les femmes violées. Un sujet qui la mettra sur la route d'un mystérieux confrère ; Tetsuro Muraki, qui semble bien en connaître un rayon sur le sujet...
Eri Kanuma est talentueuse en jeune fille romantique qui souhaite enquêter, avec les meilleures intentions du monde, sur un tabou dérangeant. Takeo Chii (énorme en flic pourri dans
Retreat Through the Wet Wasteland) est grandiose en version japonaise d'Hunter S. Thompson, avec une histoire tragique (
SPOILER ! : sa femme fût violée par un cambrioleur, après des nuits de viols à répétition, devenue folle, elle le quitta pour son agrésseur, estimant qu'il était impuissant.
FIN DE SPOLIER). Mais on y retrouve surtout de grandes idées comme l'infirmière traumatisée (
je vous laisse la surprise !!), la confrontation finale dans les bureaux du journal où la reporter s'identifiera littéralement à toutes les victimes rencontrés durant l'aventure...
Tanaka et Ishii essaieront de renouveler l'experience avec une version "
Yakuza-Eïga" de la tragédie de Chikamatsu (titré "
Double Suicide à Shinjuku"). Le film devant être produit par l'
ATG. Mais hélas, Tanaka, comme d'autres cinéastes de la compagnie, quittera la
Nikkatsu pour devenir indépendant (il tournera le suffocant
Village of Doom pour la
Shochiku) et Ishii, qui souhaite en faire une de ses premières réalisations, ne pourra que continuer encore un temps qu'à écrire des scénarii pour les autres (ses amis Ikeda et Somaï, Hiroyuki Nezu, Seïji Izumi, Shun Nakahara...) et continuer ses romans graphiques (
The Black Angel,
The Ivory Devil).
Ishii y met des références à ses oeuvres ; le masque de Tengu comme objet sexuel (histoire de bien contourner la censure) vient de la nouvelle graphique
Carnival in Blue (qui devait être le titre du film), le personnage de Ma-Bo, le barman maquereau dans
Red Classroom, revient dans ce film dans la peau d'un
stripper qui, sans le savoir, fera revivre un calvaire à sa partenaire et le générique de début est composé d'illustrations réalisés au tout début des 70's.
Considéré comme le meilleur volet de la série,
Nami est un thriller radical, quasiment proche du
Giallo italien (certains moments sortiraient de l'ésprit délabré de Lucio Fulci), sombre, mais envoutant comme jamais. Un film sur le viol qui réussit à faire la "nique" aux
Violent Pink de plus en plus hardcores, de plus en plus gratuits...