Elise | 4 | [Director's Cut] J'ai oublié quelques longueurs. |
jeffy | 2.5 | Demi-échec ou demi-succès ? |
Xavier Chanoine | 4 | Monument du mélodrame coréen avec ses qualités et défauts |
N'ayant pas eu la possibilité de voir la version cinéma et la version remontée, je me suis donc rabattu directement sur la version longue pour ne rien rater de l'histoire. tout d'abord le réalisateur passe un message pour remercier les personnes qui ont permis cette version longue et il déclare également que même la version cinéma avait été montée par lui même et que la nouvelle est faite simplement pour approndire certains points sentimentaux du récit. Donc même si je n'est pas vu la version cinéma, je peut quand même affirmer que le coté émotionnel est très approfondi, et que ça parait bien plus sérieux que certains mélodrame qui survolent leur histoire. Ici, on assiste bien à toutes les étapes de la maladie évoluant dans le cerveau de Su-Jin, interprétée fantastiquement par la jeune Son Ye-Jin (et pour ceux qui pourrait croire que j'ai balancé un spoiler en parlant de la maladie, le titre original du film est "L'effaceur dans ma tête" qui est plus explicite). Et c'est même très bien fait, car au début on ne fait pas trop qu'elle est malade alors qu'elle oubie plein de trucs, mais un peu comme n'importe qui oublie qu'il a bu dans la tasse de son frère sans faire exprès ; ça reste incidieux au milieu de la romance et apparaît ensuite plus clair alors que, pendant qu'on finit par s'en rendre compte, on souhaite de tout coeur qu'on se fasse des films et qu'en fait elle est juste étourdie.
Cela dit, il faut reconnaître que le film contient certaines longueurs mais l'histoire est tellement bien construite qu'on reste quand même accroché au récit. De plus, comme dit plus haut, Son Ye-Jin est remarquable et Jeong Wu-Seong est comme d'habitude parfait dans le rôle taillé pour lui. Et le final, qu'elle beauté ; le film fait passer des larmes de tristesses aux larmes de joies en moins d'un tour de trotteuse. C'est fantastique. Ce film est vraiment très beau même si un peu long ; son scénario très bien construit en est son plus gros point fort et les acteurs aident pour beaucoup dans l'achèvement. Je me demande ce qui peut être supprimé pour la version cinéma ; parce que là je ne voit vraiment pas.
A moment to remember distille ses émotions de manière frénétique. Débutant comme un simple film de romance coréen à l'humour local très facile (avant même de s'échanger un mot, les deux héros se rotent au visage), Lee Jae-Han parvient finalement à hisser son oeuvre bien plus haut que la moyenne du fait de sa grande facilité à modifier le ton général du long métrage, passant de la comédie au film romantique, du film romantique au mélodrame pour finalement aboutir à un résultat parfaitement dosé entre rires et larmes. A moment to remember développe donc le thème de la maladie et du souvenir après s'être aventuré une bonne heure dans le registre du film romantique par excellence : deux inconnus se rencontrent par magie, se recroisent et s'aiment. Le ton est donné, aucune fioriture de la part du cinéaste qui prend le temps d'installer son climat de pure joie de vivre et de bons sentiments mielleux comme on les aiment, avec toutes les ficelles scénaristiques faciles qui en découlent, là est la marque de la comédie dramatique vraiment populaire. Mais là où Lee Jae-Han surprend, c'est dans cette faculté à détourner son oeuvre, pire même l'on ne pensait pas que A moment to remember allait évoquer aussi franchement la maladie, la perte de mémoire, dans la mesure où cette thématique peinait à s'imposer parmi ce trop plein de bons sentiments, adorables certes, mais sans grande originalité. Le film n'est donc pas une comédie dramatique à prendre à la légère et ce malgré ses énormes facilités et son chemin déjà tout tracé avant même que les rebondissements n'interviennent. On le sait, le bonhomme va tout faire pour aider sa copine malgré le faussé social qui les opposent (jeune bourgeoisie contre milieu ouvrier) et la maladie qui prend de plus en plus de place au sein de leur couple.
Le spectateur plus ou moins réceptif au récit de Lee Jae-Han ressentira de la peine mais aussi une certaine compassion, au même titre que Chul-Soo qui constate au fur et à mesure que le temps passe les dégâts que causent la maladie sur Su-Jin, c'en est même désespérant à tel point qu'on espère ne jamais tomber dans les bras de cet "effaceur de mémoire" sous peine d'en crever moralement. Il n'y a donc pas de complaisance de la part du cinéaste sur le sort réservé à Su-Jin et dieu merci, même si le traitement de son personnage témoigne parfois d'une grande simplicité, la maladie faisant ravage un peu trop rapidement à mon goût du fait du format "cinéma" empêchant de développer davantage la thématique de la maladie en moins de deux heures chrono. Ceci dit, A moment to remember dispose de toute une panoplie d'ingrédients miraculeux pour asseoir définitivement sa réputation de grand drama : superbe portrait de deux jeunes mariés plein de projets, réalisation sans effets tape-à-l’œil (malgré un ou deux filtres colorés pas bien utiles), galerie de personnages attachants (le vieux maître architecte, le médecin déjanté) et score de bonne facture à défaut de faire montre d'une originalité surprenante. N'oublions pas non plus ce final, superbe, non sans rappeler celui de Big Fish de Tim Burton, là aussi un autre grand film dramatique pourtant décrié par une bonne partie des fans. Mais que serait A moment to remember sans la prestation de Son Ye-Jin, impressionnante de justesse et belle comme un ange.