Très souvent touché par la grâce
Ce n'est pas la première fois que la jeunesse japonaise est passée au crible par des cinéastes plutôt prestigieux. Si il y a bien un film parmi les nombreux docu-fictions qui dépeigne de manière plutôt formidable cette décadence totale, c'est
Typhoon Club du génial Somai Shinji, démontrée chez ce dernier comme une échappée sans issue vers le suicide et la non-reconnaissance totale de leur image auprès des adultes.
Typhoon Club évoque cette génération avec une noirceur et un réalisme redoutables, Somai ayant déjà tâté du terrain avec
Sailor Suit And Machine Gun de manière plus ironique, mais dont le propos annonçait déjà son meilleur brûlot social : l'appel de la violence d'une jeunesse aveuglée par la frénésie de l'amour du risque. Chez Iwai, cette jeunesse est dépeinte de manière semblable dans sa finalité car à l'instar de Somai, les adolescents sont particulièrement conscients de leurs actes présents et futurs. Il se laissent aller, jouent avec le feux en se provocant mutuellement, complotent par jalousie, une généralité souvent pointée du doigts par les cinéastes adeptes du film
sailor fuku. Mais Iwai se démarque ici en utilisant la thématique du rock et du fan-addictisme, extrêmement intéressante même si développée qu'à l'état formel : les échanges textuels sur un des forums de Lily Chou-Chou apparaissant à l'écran sous forme de pop-up, comme pour marquer le spectateur par ses contrastes quasi aveuglants de noir et de blanc, même si certains tics comme les "loading" ne semblent pas apporter grand chose d'un point de vue narratif. Mais ne nous trompons pas,
All About Lily Chou-Chou n'est pas un film axé sur le fan-addictisme, cette technique est simplement utilisée pour marquer le propos, de manière à surligner la chronique adolescente. Pas de parti pris classique de la part d'Iwai, jeunes hommes et jeunes femmes sont passés en revue. Tandis que l'on forcera Yuichi à se masturber dans une décharge juste pour se fiche de lui, Yoko essuiera le viol d'une poignée de garnements sous prétexte qu'elle fait de l'ombre à l'une des têtes de la classe.
Ce constat amer est bien traité par Iwai, usant d'une mélodie douce au piano presque ironique pour accompagner des images effroyables, un procédé non sans rappeler celui de Salo de Pasolini, où une agréable mélodie au piano suit les histoires abominables des prostituées. Le film peut aussi se diviser en plusieurs parties, formant un tout : les 13 ans douloureux de Yuichi, les vacances à Okinawa tournées en caméra numérique, les tribulations de la jeune Yoko, la descente aux enfers de Yuichi lors du concert de fin. Si la présentation de All about Lily Chou-Chou a provoqué un certain cataclysme dans les festivals et marqua visiblement un cinéaste comme Tarantino qui reprendra le sublime Kaihukusuru Kizu de la chanteuse Salyu pour son Kill Bill vol.1, on ne peut pas réellement évoquer une révolution dans le paysage cinématographique mondial et nippon. L'oeuvre de Iwai a beau être par moment d'une irréelle beauté, très souvent touchée par la grâce, elle n'en demeure pas moins trop longue. Et lorsque le film tombe dans la grâce la plus totale (la séquence des cerfs-volants rouges, Yuichi devant l'écran géant à l'extérieur du concert, la fête des écoliers...) il se voit très souvent suivi de passages évoquant clairement une rupture de ton. La caméra admirablement tenue par Iwai, mélange de chaos et de discipline du cadre, oscille entre le -joli- poseur et le délirant amateur (la partie en vacances à Okinawa), tout comme elle semble revenir à l'époque d'un Love Letter lors des passages plus contemplatifs. Cette donne est aussi valable pour la photo et les nombreux décors. Le film ne manque pas non plus d'ironie, surtout lorsqu'il est question de tailler la chanteuse -particulière- de Jpop Shiina Ringo par messages internet interposés, et heureusement Iwai ne tombe pas dans la caricature du film de commande pour mettre en avant l'interprète de toutes les chansons, et accessoirement dans le rôle de Lily Chou-Chou, la chanteuse méconnue Salyu à qui l'on doit le sublime album Landmark. Au final, All about Lily Chou-Chou distille des moments de bonheur absolument diaboliques, et malgré ses légères fautes de rythme, demeure l'une des plus belles chroniques sur la décadence de la jeunesse, accompagnée d'une bande-son absolument indescriptible.
Film en apesanteur mais trop débridé pour convaincre
"
I see you, you see me..."
Très belle première heure pour ce film très particulier : des adolescents plutôt transparents ou incompris dans la vie réelle, mais passionnés dans leur vie parallèle, une vie pleine de musique, de rêves et d'échanges virtuels sous pseudo sur des forums spécialisés. Vous ne vous reconnaissez pas quelque peu dans ce mini-portrait, fans de ciné asiatique?
La suite du film est moins intéressante : multiplication de supports numériques quasi-amateurs pour une virée entre potes à la plage, distension de l'intrigue pour atteindre les presque 2h30, ce qui est beaucoup trop long, propos brouillon. Mais la bande-son planante et quelques plans fulgurants de beauté (dont certains travellings arrière ou prises de vues dans un champ) contribuent largement à encourager cette oeuvre qui aurait pu avoir une envergure bien plus conséquente avec un peu plus de rythme et de rigueur.
Etonnant mais parfois décevant
Le film étonne presque tout le temps, mais on aurait plutôt préféré qu'il détonne. Il surprend d'abord parce qu'on nous raconte l'histoire de fans d'une chanteuse, mais on ne la verra jamais (enfin on résume, sinon ça gâche le film). C'est la meilleure surprise du film. Autre surprise, mais plus destabilisante : la musique de cette artiste est difficile à identifier. On se demande s'il ne s'agit pas d'une pianiste, ce qui jure avec son statut supposé de pop idol. Les autres chansons n'ont pas de quoi se pâmer mais sont supérieures à la moyenne catastrophique des films japonais, que Iwai avait contribué à relever avec Swallotail Butterfly. Le texte du VCD parle d'une musique "Bjork style". N'importe quoi, a se demander si Bjork n'est pas connue via un ersatz là-bas.
Le style, justement, est une autre surprise, mais pas toujours bonne. Il y a incontestablement une lumière Shunji Iwai : naturelle, contrastée, abusant un peu des contre jours mais qui a le culot d'être parfois très sombre, si la scène est réellement "dans le noir". Les flashs noirs permanents, avec le son des claviers d'ordinateur, rythment admirablement le film, qui vise évidemment l'hypnose, l'état "Ether", à la fois enivrant et léger. Par contre, la caméra peine à se trouver une place. Parfois, avec un sens du montage aigu, les scènes sont dans un mouvement permanent, flottant. La cadre peut être très loin, certaines oppositions près/loin ou bougé/fixe sont saisissantes. Mais cela peut aussi être chaotique, énervant, juste pas filmé, comme chez ces branques du Dogme. Il en est de même avec le fond des scènes. Ce sont plutôt des moments, sans but, pas aboutis, frustrants ou étranges. On aime que le film raconte autre chose que la simple relation fan-artiste. Il cherche une vraie vie, quitte à se perdre dans des instants sans intérêts. Mais soyons francs : cela peut virer dans l'abscons total, et quand le style se met aussi à foirer, c'est pénible.
D'autres moments sont sublimes, ainsi le concert de la fin, plongée dans un enfer obscur (c'est vrai, on se perd tout le temps, en concert) qui culmine avec le comble de l'horreur pour le fan (on ne raconte pas...), suivi d'une magnifique scène dans l'école et d'une conclusion brutale. Si tout le film avait été comme ça, il aurait dépassé le cercle des fans à qui il était destiné. Shinji Iwai avait en effet dédié un site à l'artiste imaginaire Lily Chou-Chou et recueuilli les avis sur le chat. Il en a tiré un livre, puis le film. Il aurait pu être un chef d'oeuvre.
une belle saga adolescente de plus pour Iwai
Avec ce film sur le fan d'une rock-star nippone nommée Lily Chou Chou plus ou mois inspireé de Faye Wong, Iwai réussit déjà à ne pas se mettre en compétition avec Swallowtail Butterfly. Il ne s'agit pas ici de dépeindre des marginaux et des immigrés mais bien le quotidien de l'adolescent japonais fanatique de rock et qui voit dans les rock stars l'expression de ses espoirs et ses frustrations. On pourrait alors voir dans le film une jonction entre le côté saga rock'n'rollienne de Swallowtail et un pendant masculin et plus triste d'April Story.
Disons d'abord un petit mot de la structure narrative du film: on a au début l'impression que les posts échangés par les fans de Lily Chou Chou ne sont là que pour l'épate alors qu'ils forment un recit parallèle a l'image et les deux se croiseront au concert de Lily Chou Chou, lieu de croisement de tous ces internautes solitaires, qui révèlera les visages cachés derrière les pseudonymes. Ils forment en outre un contrepoint bienvenu à ce récit de tranches de vie adolescentes nippones: gaucherie devant le sexe opposé, vol de disques, cours de kendo, cruauté des adolescentes entre elles, prostitution des jeunes filles, racket, règne de la violence et de la loi du plus fort qui peut déboucher sur des actes inconscients. Outre l'idée des e-mails en surimpression, le film est un festival de belles idées de mise en scène qui creuse l'écart entre un Iwai et le côté clippeux d'une partie du cinema actuel: utilisation maîtrisée de la caméra portée et des travellings brusques -notamment lors de beaux et brefs combats de kendo-, de superpositions d'images, de cadrages penchés et d'accélérations du montage pour souligner les émotions des personnages; même lorsque les personnages partent en vacances à Yokohama, le choix de filmer en digital pour souligner la cassure fonctionne à l'exception de l'idée assez gratuite des gouttes d'eau sur l'objectif.
La photographie de Shinoda Noboru offre également par son usage du flou une intéréssante correspondance entre la forme du film et l'Ether evoqué par les fans de Lily Chou Chou, correspondance qui se retrouve au niveau musical avec le rôle narratif fort des Arabesques de Debussy que Lily Chou Chou décrit comme un des premiers compositeurs ethérés. Cet éther est aussi l'inconscience dans laquelle baignent les personnages du film qui se sont construits une bulle à l'aide de leur idolâtrie, bulle que le film fera progressivement éclater pour montrer l'envers de leur insouciance. L'utilisation de la musique au moment du concert final pour susciter la perte définitive de repères et d'innocence des personnages à ce moment-là est également bienvenue. Le film est un beau document sur la fanatisation que peut susciter le rock chez les jeunes japonais: une discussion sur les mérites de deux artistes rivaux peut déboucher sur une bagarre et l'anonymat d'une foule peut être utilisé comme théâtre d'un meurtre qui sera intégré par les fans à la légende sulfureuse de l'artiste -comment ne pas penser alors au fameux concert des Rolling Stones à Altamont aujourd'hui considéré comme le symbole de la fin de l'innocence des annees 60?-. Certes, tout ce que dit Iwai sur l'adolescence nippone et leur rapport au rock est loin d'être neuf mais cet aspect est compensé par le contenu formel et émotionnel foisonnant du film. Autre point fort du film, son humour permanent, en particulier lors des gags de plage ponctuant le séjour a Okinawa des personnages. Reste que le script est parfois embrouillé.
S'il n'est pas le meilleur Iwai, All about Lily Chou Chou rajoute une réussite belle et émouvante à son oeuvre et a le mérite de réussir a intégrer avec succès l'internet au langage cinématographique. S'il n'a jamais réédité le coup d'éclat Love Letter, il demeure un auteur nippon solide.
On a tous quelque chose en nous de l'Éther...
À mi-chemin entre la chronique ado et le film estampillé « d'auteur »,
All About Lily Chou-Chou est une œuvre charmante qui, sous une légèreté de surface, traite d'un sujet assez grave et révèle un pessimisme inexorable. Le choix du format DV pour la mise en scène ne plombe pas l'esthétique du métrage mais lui apporte au contraire une fraîcheur bienvenue que décuple une jolie bande originale au métissage musique classique - pop contemporaine (formule pourtant commune dans le genre). Bien dirigés, impliqués dans leurs rôles et faisant preuve d'une belle maturité, les jeunes acteurs parviennent pour la plupart à rendre leurs personnages respectifs attachants malgré l'effet de distanciation clairement imposé par Shunji Iwai. Au final,
All About Lily Chou-Chou aurait pu être un grand cru s'il ne souffrait pas d'une écriture un peu prolixe (disons-le franco, une bonne demi-heure en moins n'aurait pas nuit au film) et de certains travers auteurisants/branchouilles faisant que le tout vieillira – sinon vieillit déjà – mal. Une chouette teen-saga qui vaut le coup d'œil nonobstant ses faiblesses et ses limites.
trois heures de rush.
Dans ce film Iwaî Shunji déborde d'idées et c'est plutôt une bonne nouvelle. La photo est toujours aussi....Iwaî Shunji, mais malheureusement, car il y a trés souvent un "malheureusement" concernant notre dit réalisateur, le tout nous est donné à voir en vrac pendant plus de trois heures, autant dire l'exemple même d'un trés mauvais montage, ou bien pas de montage du tout, à croire qu'il nous a donné à voir, mis bout à bout, l'ensemble des rush de son film.
Alors la chose que je vous conseille de faire c'est de regarder l'excellent "Love and pop" d'Anno Hideaki.
un film merveilleux
All about Lily Chou-Chou est un film merveilleux.
(je me rends compte que j'ai dis la même chose de
Swallowtail Butterfly, faudrait peut-être que je varie un peu mes superlatifs pour les films de
Iwai - si seulement il arrêtait aussi de faire des films merveilleux)
Un film merveilleux donc, tutoyant la perfection de la première à la dernière seconde. La mise en scène - que seul les gens de mauvaise foi à court d'arguments oseront qualifier de "clipesque" - est terriblement inspirée, quasiment
Ethérée, brutale et sèche mais en même temps incroyablement légère. Par la liberté qu'il s'octroie sur ce plan, par son refus de la simplicité et son excellente utilisation de la musique (au passage extraordinaire),
Shunji Iwai crée une oeuvre d'une amplitude rare.
Comme et comme si cela ne suffisait pas,
All about Lily CHou-Chou se distingue par une narration élaborée, entre les destinées croisées des différents personnages et de leurs avatars "virtuels". Dense, incroyablement riche et étonnant,
All about Lily Chou-Chou peut se voir des millions de fois sans pour autant épuiser son mystère et son pouvoir d'attraction. Chaque nouveau visionnage du film est l'occasion de découvrir davantage de ce film envoutant, voir même de le redécouvrir à chaque fois.
Un film extraordinaire, foisonnant et émouvant ; un film BEAU, un des plus beaux qui soient... voui, un film merveilleux.
Les super héros, ça n'existe pas !!
En tout cas pas dans l'univers de Shunji Iwai.
Shunji Iwai est un génie, il a ce pouvoir de nous faire ressentir ces films au plus profond de soi.
Dans "April Story" il voulait nous faire partager les petits moments simples de bonheur de son héroïne, et ont ressort du film avec une impression de bien-être inexplicable.
Idem avec "Lover Letter" (avec une pointe de tristesse et de mélancolie en plus).
Mais avec "All About Lili Chou-Chou" il a sûrement voulu nous prouver qu'il ne se cantonnais pas qu'aux emotions de joie et/ou tristesse mais que sa palette est bien plus large. Cette fois-ci, il dépeint la vie d'un adolescent subissant l'ijimé (brimades) de la part de certains de ses camarades de classe.
Et comme avec ces précédants films, Shunji Iwai réussi son coup, on ressort de ce film complètement vidé, avec un sensation indescriptible de malaise qui nous imprègne et nous fout le moral à zéro.
Il me faudra sûrement une seconde vision pour me faire une idée plus juste de film (enfin... si je trouve le courage d'affronter encore une fois cette sensation de malaise)
Un film à voir absolument, mais pas n'importe quand (à évité lorsqu'on est déprimé).
Sombre constat
S’il est un film qui justifie pleinement l’appartenance de Shunji IWAI à la Pop culture, c’est bien celui-là. Des adolescents qui transmettent par le Net leur passion pour une chanteuse Pop, et au-delà la description du vécu de toute une jeune génération de la classe moyenne relativement aisée, voilà un sujet on ne plus contemporain.
Le style IWAI alors déjà bien établi saute aux yeux dés l’introduction : un adolescent filmé au grand angle dans un champ d’une verdeur saturée écoute un baladeur tandis que des dialogues s’affichent par ordinateur interposé. La campagne et une petite ville japonaise, lieu de cette histoire, sont filmées avec un sens esthétique consommé, angles de prise de vue recherchés, lumière hyper travaillée, les crépuscules permettant une solarisation très ciné génique. IWAI ne se prive pas de caresser encore et toujours ces chers jeunes gens et surtout ces jeunes filles de sa caméra experte, offrant des séquences comme cette foule d’écolières courrant sous la pluie vers leur bus sous un éclairage bleuté. Ou le vélo du héros qui transporte sa mère enceinte sur le porte bagage dans un déluge de vert champêtre. La liste serait longue, tant la splendeur visuelle est maîtrisée.
Mais derrière le merveilleux paysage bucolique des bus ou des trains sillonnant les routes secondaires, une réalité qui fait froid dans le dos apparaît très vite.
Le principal protagoniste, Yuichi Hasumi, est régulièrement humilié ou rabaissé par ses prétendus copains, il se fait piquer son argent de poche, pendant qu’une jeune fille se fait payer par des messieurs pour se faire tripoter en douce ou qu’une autre se fait violer et humilier sur ordre d’une rivale jalouse. Le clan est la règle absolue et le garçon inhibé et solitaire qu’est Yuichi n’a pour dérivatif que son adoration sincère pour la vedette Lily Chou Chou, les forums lui permettant de partager cet amour et de rencontrer enfin des gens comme lui, virtuellement s’entend, à commencer par ce Blue Cat qui lui ressemble beaucoup.
On le voit, la cruauté des situations n’a d’équivalent que la gratuité des actions, lubies passagères mais destructrices. Rarement cinéaste n’aura autant cerné les incertitudes de cette génération qui a au départ tout le confort matériel imaginable mais qui finit par éprouver une telle haine de soi qu’elle en rejaillit fatalement sur autrui. IWAI a le ton juste pour filmer une solitude qui ne vit que pour une créature virtuelle inaccessible.
Quant à l’autorité parentale, le constat est peu reluisant : elle n’est que symbolique, sans véritable fondement ni solution à proposer pourvu que la norme et les conventions soient sauves en apparence. Lorsque le drame final arrive, compréhensible quand on aura compris la détresse de Yuichi après ce concert manqué qui représentait une apothéose dans son cheminement solitaire, c’est surtout un sentiment d’amertume qui domine, noircissant un peu plus un tableau pourtant bien sombre.
IWAI arrive à nous passionner pour son histoire en dépit de quelques imperfections notables.
La narration est d’une complexité sûrement voulue mais qui donne le sentiment de se perdre avec ces retours en arrière et ces changements brusques de ton qui finissent par paraître incohérent au niveau du scénario. Ensuite, certains passages sont un peu longs, tel ce voyage à Okinawa filmé en vidéo et un peu lassant, même si cette technique rentre dans la logique du film. Tout comme ces extraits de dialogue par Internet qui sont parfois omniprésents et creux malgré leur utilité pour cerner les personnages.
Enfin, l’utilisation de la vidéo par soucis de véracité finit par donner le tournis, par exemple la scène du viol.
Ces quelques défauts n’enlèvent rien à la qualité globale de l’œuvre, comme toujours baignée par une excellente musique savamment dosée entre classique et Pop japonaise. Et puis comment oublier ces instants de grâce incroyable, ici la jeune lycéenne prostituée apprenant à se servir d’un cerf-volant. Moment magique d’émotion que contrebalance le sordide de la suite…
Shunji IWAI aurait-il tout compris de ce passage difficile qu’est l’adolescence ? Son succès au Japon tendrait à affirmer qu’il sait au moins capter ce qui se passe autour de lui.
Ce film profond d’une gravité qui tranche avec la gaîté de ses couleurs cadre en tous les cas parfaitement dans une filmographie ou la forme si superbe qu’elle peut être ne prime jamais sur le fond qui reste primordial.
Un film qui rime avec lenteur....
Epuisant, voila le mot pour décrire ce film, je reviens pas sur le scénar expliqué dans les autres revus, je dirais juste que c'est lent, long...on s'ennuis à mourir, le peu de poésie s'évanouit dans cette ambiance maussade, ces ados se sentant seuls et incompris tout ça dans une épaisse noirceur, trés peu pour moi.
Puis le coté réflexion philosophique à deux sous, limite psychédélique partagés durant ses échanges Internet voulant apparemment exprimer ce que ressentent ses ados... non faut arrêter…je regrette même d’avoir vu ce film…c’est pour vous dire.
Je ne souhaite pas mettre de titre, merci de me laisser tranquille.
Lily Chou-Chou est une célèbre chanteuse japonaise (virtuelle) qui fait dans la pop mélancolique. Elle est utilisée comme colonne vertébrale d'une histoire sur l'adolescence (typiquement japonaise, aurait-on envie d'ajouter) filmée intégralement en DV et qui s'étale sur 2H25. Présenté ainsi, j'entends des "mouaif mouaif".
Et vous avez raison.
L'histoire est donc simple : Iwai nous propose de suivre 3 adolescents d'une même école, qui se cotoient sans se connaître réellement, mais qui ont ce point commun d'être fans de Lily Chou-Chou, la chanteuse pop-machin donc. C'est sur Internet, sous l'anonymat de leur pseudo, qu'ils échangent leurs impressions sur le nouvel album de leur étoile, qu'ils larguent quelques paroles représentatives de leur état d'esprit et qu'ils communiquent sans a priori et sans inhibition, surtout. Car là réside toute la tristesse de leurs rapports : dans la vraie vie, ces mêmes jeunes se foutent méchamment sur la gueule quand sur Internet ils se respectent et communient autour d'une même idôle. L'idée est sympa, quoiqu'un peu naïve, et son traitement est vraiment pas mal, avec une utilisation de la DV justifiée (beaucoup de jeux de caméras puisque les jeunes se filment, des plans en vue subjective etc.), une photo surprenante avec pléthores de scènes hautement picturales. Apparemment, la DV permet de jouer sur un grain et une saturation des couleurs assez facilement, dans des mains expertes ça donne de bien jolies choses en plus d'offrir une souplesse de mouvement évidente.
Bref, donc les jeunes de 14 ans aux gueules d'anges, on va les suivre pendant 3 ou 4 ans, par épisodes décousus, Machin vole des thunes pour se barrer en vacances avec les potes, Bidule se fait humilier par Machin qui lui demande de se @!#$ devant lui, Bidule piège Machine qui se fait violer par les potes de Machin etc. Une grosse tambouille difficilement crédible à mon sens, et plombée par un rythme inégal poncté de textes à l'écran qui font *tap tap* dans lesquels les sauvageons expriment leur mal-être avec abstraction, en se référant toujours aux paroles de leur icône, en lâchant quelques allusions à la mort, au suicide, au meurtre... "Hop hop hop, il va se passer des trucs !"
Outre le relatif mauvais jeu d'acteur des ado, principale source du manque de crédibilité de l'ensemble, le spectateur occidental que je suis, malgré la modeste connaissance qu'il a du Japon, a eu bien du mal à comprendre les mentalités des uns et des autres, leurs raisons d'agir comme ils le font alors qu'ils sont encadrés admirablement par des professeurs dont nous aurions tous rêvés, que la campagne est belle, qu'ils ont de superbes iMac, des portables à ouate-mille-balles et des cams DV hi-tech. Les parents sont inexistants, on les croise rarement ; on comprend bien la position adoptée par Iwai, mais est-ce là la seule raison qui pousse ces gosses à se déchirer ainsi ? Non, vraiment on a du mal à cerner le message du truc. A moins que ce soit la pop-cyber-culture-c'que-tu-veux qui soit responsable de tous les maux ? (les jeunes rackettent les riches pour se payer la PS2 qui sort prochainement !) Allons...
Reste à apprécier la forme, brillante, et à se laisser porter par la superbe BO (Claude Debussy dans la place) qui joue un rôle énorme dans le magnétisme du film, car oui, il a ce petit quelque chose qui fait qu'on supporte sans broncher les 2H25, et que la fin abrupte parvient même à frustrer. Mais si l'emballage est superbe, le contenu laisse parfois dubitatif.
magnifique film sur l'adolescence génération internet
- images sublimes: réal + photos splendides
- jeu d'acteurs fantastique pour des ados
- bande son excellente
- IWAI arrive à faire passer des émotions de façon admirable: liberté, insouciance, cruanté de l'adolescence
- c'est indéniablement japonais mais avec une personnalité énorme.
pour les reproches:
- manque un peu d'intensité
- la fin nous laisse sur la notre ( de faim )
en résumé un superbe film typé IWAI (énorme réalisateur: PICNIC, SWALLOWTAIL BUTTERFLY), un chef d'oeuvre meme si le scénario aurait pu etre à peine plus riche.
cela fait partie des films que l'on peut revoir plein de fois en y prenant toujours du plaisir car Shunji IWAI fait des films émotionnels.
L'un des plus beaux films au monde.
Quasi-perfection de la mise en scène, de la narration, de l'interprétation, des choix musicaux, etc. Assurément plus encore que les sublimes Sweet Sixteen et Elephant, All About Lily Chou-Chou est le film le plus beau et le plus émouvant sur les tourments de l'adolescence.
All About Lily Chou-Chou restera comme un si précieux, exhaltant et foudroyant moment de grâce cinématographique que nul ne semblerait pouvoir égaler. Jamais.
19 septembre 2003
par
hendy
Esthétique mais trop long
L'évasion d'un adolescent dans le culte de sa chanteuse préférée comme remède
à sa solitude pourrait être un sujet intéressant. Quelques passages sont esthétiquement filmés ( vacances au bord de la mer, les cerf-volants dans le crépuscule, la belle musique de Lily Chou Chou ).Mais tout cela est gâché par un scénario diffus ( à un moment on ne suit plus ) et par trop de longueurs ( les échanges sur ordinateur ). Un film fascinant pour les uns, un peu soporifique pour les autres, je pense.
C'est plein de Spleen...
J'avoue que j'aurais du mal à commenter ce film, je n'ai pu que surfer dessus, c'est un plaisir étrange, pas très intense mais qui se poursuit longtemps après la vision du film. Iwai Shunji arrive à toucher quelque chose d'indéfinissable, même en ne se sentant absolument pas correspondre à la jeunesse qu'il peint, entre le "teen" et le spleen, où la beauté ne s'arrête pas aux choix formels. Les acteurs ne sont pas vraiment bons, ils sont juste parfaitement dans le ton de Shunji, ils sont sa matière. En ce qui concerne ma petite expérience, c'est un film unique.