Un excellent drame aux personnages très bien écrits et interprétés
Autant le dire d'entrée de jeu, All About Ah Long ne présente quasiment pas de défauts. Scénario, interprétation, réalisation, musique, tout est vraiment excellent.
Commençons par le scénario, qui brosse des portraits de personnages très intéressants, que ce soit Ah Long, Silvia ou encore Porky. Ah Long est évidemment le plus intéressant, un personnage insouciant mais très chaleureux, conscient de ses erreurs et de son impulsivité, mais aussi raisonnable et peu égoïste lorsqu'il prend du recul. Ni blanc, ni noir, une vraie personne et pas un personnage de cinéma. Ce qui est peu dire... Sylvia est également une personne avec ses doutes et ses défauts. Sa relation avec Ah Long sonne toujours très juste, de même que celle des deux parents avec Porky. Celle du père avec le fils est particulièrement intéressante car très crue. Le language utilisé pourrait en choquer plus d'un. Mais Ah Long et Porky vivent assez pauvrement, aucune concession n'a été faite à ce niveau, même sur le language. La principale qualité du film est là, dans une description très humaine et réaliste de cette famille déchirée. C'est la base sur laquelle tout le reste s'appuie.
L'interprétation est de très haut vol, avec trois acteurs fabuleux dans les trois rôles principaux. Chow Yun-Fat est terrifiant, faisant corps avec Ah Long, le rendant méprisable et attachant en même temps, drôle et tragique. Il ne fait rire personne lorsqu'il bat Sylvia ou son fils, et d'un autre côté on est impressionné par son humilité et son amour pour son fils. Un HK Award du meilleur acteur est venu très justement couronné cette prestation. Sylvia Chang est également très à l'aise dans le genre de rôle qu'elle affectionne. Elle a évidemment un peu de mal à rivaliser avec Yun-Fat, mais leur duo est mémorable. Quant à Huang Kun Huse qui interpréte le jeune garçon, il est tout bonnement parfait. Le duo père/fils est criant de vérité. Ng Man-Tat est quant à lui très sobre et également très bon malgré une présence assez limitée. Bref, casting mémorable vous l'aurez compris.
La réalisation de Johnnie To n'est pas en reste. On est bien sûr loin des polars qu'il réalisera dix ans après, mais il est évident que To maîtrise son sujet et sait s'effacer devant une histoire si bien écrite et qui ne nécessite pas trop d'artifices de réalisation. Il sait bien faire monter la tension pour les scènes difficiles, notamment en utilisant à bon escient la splendide musique des deux Lo. Et il y a quelque chose de Milkyway dans la fin du film, avec utilisation parfaite de la musique, ralenti, bref, une ambiance, une fatalité palpable.
Aisément parmi les meilleurs drames jamais filmés à Hong-Kong, All about Ah Long est un film à découvrir d'urgence ou tout simplement pour confirmer que Chow Yun-Fat est un des plus grands acteurs au monde.
PS: ne lisez la critique de Sonatine avant d'avoir vu le film, il raconte tout !
Le Destin d'Ah-Long
Aujourd'hui, quand on évoque Johnnie TO Kei-Fung, on pense tout de suite à des polars d'une grande efficacité (The Mission, Running out of Time) ou à des films plus léger mais séduisant ( Needing You, Help !!!). Mais cet auteur (de nos jours, un des rares à obtenir un succès tant commercial que critique) a aussi réalisé des films plus intimistes, et All about Ah-Long en fait partie.
Place à l'histoire, Ah-Long est un ouvrier de chantier qui partage sa vie avec son unique fils Poorking dans un appartement de fortune. Son seul amis Ng, est un entraîneur de pilotes de course pour motos qui parvient à faire obtenir à Poorking un rôle dans une publicité pour enfants. Mais cette publicité est réalisée par Sylvia, l'ex petite amie de Ah-Long qu'il n'a pas revue depuis dix ans. Johnnie TO Kei-Fung va alors jouer sur ce triangle de personnages pour concrétiser son récit.
All About Ah-Long est un film sur les relations humaines sur le thème de la famille, thématique sur laquelle va se centrer Johnnie TO Kei-Fung. La première relation abordée est celle du père avec son fils. Ce qui frappe c'est avec quelle étonnante familiarité Poorking s'adresse à son père, on a plus l'impression de voir deux très bon amis d'enfance qui vivrainet sous le même toit. Mais cette relation va peu à peu évoluer lorsque le troisème personnages fera son apparition, il s'agit là donc de Sylvia, l'ex petite amie de Ah-Long. Sylvia vient dans un premier temps perturber la vie routinière de Ah-Long et de son fils. Poorking se revèlera être le fils de Sylvia et c'est à ce moment là que les choses commencent à se compliquer.
En effet, Poorking va devenir l'objet de convoitise de Sylvia qui souhaitera le ramener avec elle aux Etats-Unis. Mais entretemps Ah-Long verra ce désir comme un acte de vengeance, pour le punir de son comportement dix ans en arrière (Ah-Long avait en effet battu Sylvia et avait entraîné la chute de celle-ci le long des escaliers, scène qui apparaît tout le long du film sous forme de cauchemar).
En de nombreux points, All About Ah-Long fait penser à un film d'Ann Hui qui dans ses films traite aussi du quotidien de gens simple sans pour autant nier la dramaturgie qui peut en découler. Ainsi un parallèle peut être fait entre Summer Snow et All About Ah-Long, en effet les deux dépeignent (à leur façon) une famille et le destin de quelques-uns de ses membres. Dans Summer Snow le récit mettait l'accent sur le "couple" Roy Chiao / Josephine Siao, ici il est porté sur Chow Yun-Fat / Sylvia Chiang. Le film d'Ann Hui faisait avancer son récit grâce aux souvenirs et aux sentiments qu'ils procurent aux personnages, c'est aussi le cas ici, car Johnnie TO Kei-Fung fait intervenir de nombreux flashs-back qui ponctuent le films. Une façon de dire que ses personnages sont irrévocablement liés à leur passé, ce qui confère une atmopshère nostalgique au film (ce qui est aussi le cas dans Summer Snow mais aussi dans de nombreux films asiatiques, citons par exemple le brillant Happy Together de WONG Kar-Wai)
All about Ah-Long est aussi un film tragique pour plusieurs raisons. Poorking est déchiré entre l'amour qu'il porte à son père et à sa mère. Pour lui une seule solution possible, la réconciliation entre les deux et le début d'une vie commune à trois, avec dix ans de retard à rattraper. Personnage central de l'histoire Poorking (excellement interprété par le très jeune Kwan Yuen-Wong) un garçon à l'esprit vif mais qui recherche un idéal impossible à atteindre. Sylvia quant à elle est hantée par un passé qui vient la troubler durant tout le film. Comme cette scène ou elle apperçoit l'escalier qui mène à l'appartement d'Ah-Long, ce qui fait ressurgir en elle de mauvais souvenirs, sans aucun doute un signe de tristesse et de regret.
Mais Johnnie TO Kei-Fung pousse plus loin l'aspect tragique de son film, et plutôt que de clore son film dans un autre registre, choisit un final qui mène l'apsect dramatique du film à son apogée. Ah-Long, décide donc à la fin de reprendre la course de moto (après un accident survenu dix ans en arrière, cauchemar récurrent tout comme celui de Sylvia) et participe à un grand prix sous le regard plein d'espoir de Poorking, Sylvia et Ng (NG Man-Tat étonnant dans ce rôle). Ah-Long termine la course in extremis, la visière (le regard)ensanglantée (aprés un violent accident survenu au tour final) et voit une dernière fois sa seule famille.
Le dernier plan (Sylvia et Poorking enlacés et en pleurs, Ng sur le côté qui oberve impuissant la scène, et au fond le feu qui finit de consumer Ah-Long) est brillant, car à lui seul il reflète tout ce qu'a voulu évoquer l'histoire. Johnnie TO Kei-Fung signe la une œuvre importante.
L'invention de la solitude
C'était l'époque où rouler sur sa moto le casque à la main sur une musique composée d'un peu de synthétiseur et de guitare très wa-wa, c'était le summum de l''érotisme. C'était l'époque où l'on commençait à divorcer sévère, et mal, et où les gosses devenait les victimes. C'était l'époque où les hommes apprenaient à devenir des pères célibataires, en buvant du cocal-cola et en amenant ses gosses devant Star Wars ou Indiana Jones. C'était une époque un peu euphorique et un peu triste dont on garde le souvenir des figurines en plastiques sur une étagère, une paire de roller, un jogging coca-cola très très rouge évidemment. C'était l'époque des chemises à carreaux qu'on nous forçait à rentrer dans nos pantalons, l'époque de la télé et pas vraiment du magnétoscope, ou un peu. C'était une drôle d'époque où on découvrait la solitude dans les champs de marne la vallée ou des banlieues, peut-être d'ailleurs, entre un magasin de prêt à porter et un hypermarché. C'était l'époque où Chow Yun Fat n'était même pas connu en France et où le nom de John Woo c'était du chinois. C'était l'époque où on était pour certain des gamins mais où Johnnie To signait sans doute son plus beau vrai mélo très cheveux long casque de moto et jogging coca cola, même si on le voit pas, dans All About Ah Long, le jogging coca cola. Tout ce qui compte c'est l'histoire d'un père qui veut briller encore dans les yeux de son fils, et ça, ceux qui n'ont pas connu la solitude d'un père et d'un fils, où plutôt la conscience de cette solitude -que l'on gagne avec les années-, ils ne sauront voir les larmes et le pathos si essentiel qui irrigue tout ce beau film de Johnnie To.
Le cinéma, ça sert d'abord à oublier la solitude, pour mieux la préserver ensuite.
Véritable piège aux sentiments.
Une histoire dure,déchirante grace à une interprétation plus que convainquante.
Je suis toute fois surpris de voir que personne n'a relevé qu'il s'agissait d'un remake d'un film américain de Franco Zeffirelli "Le champion" de 1979 avec john voight et faye dunaway.
quand le ciné HK passe sous influence Ken Loach...
Avant de se déchaîner dans le polar, Johnny To excellait déjà dans d'autres genres dont le mélo avec, outre sa participation à la série des
A moment of romance, ce
All about Ah Long.
L'aspect social, inhabituel dans ce genre de film, donne un plus à l'histoire. Hormis quelques scènes nous confirmant que l'ont a bien affaire à un film HK années 80, le rythme n'est pas frénétique. L'histoire est cependant très prenante, à défaut d'être surprenante.
Point marquant, la superbe tignasse de Chow Yun Fat qui campe le rôle d'Ah Long.
Un film qui en dit "Long"
Très grand film!
Un exercice de style réussit. La preuve que Johnnie To sait faire autre chose que des polars et, est-il besoin de le rappeler, que Chow Yun fat est un excellent acteur.
Un monument tragique
Mes parents, ces héros
Johnnie To himself qualifie cette bande d'œuvre alimentaire. Il est certain qu'on n'y décèle en aucun cas la patte du cinéaste comme on pourrait le faire avec un
The Mission, un
PTU ou encore un
Exiled. Qu'importe:
All About Ah-Long est peut-être son point d'orgue, ironiquement. Un mélo d'une force extraordinaire, qui débute telle une charmante petite comédie sentimentale pour se terminer dans les cris, les larmes et la mort, soit la tragédie complète. Porté par un splendide trio d'acteurs – Chow Yun-Fat dans un de ses plus beaux rôles, Sylvia Chang dont l'indescriptible charisme imprègne tout le film et le jeune Wong Kwan-Yuen qui livre une interprétation à la maturité épatante –, sublimé par une photo chaude à souhait et habité par la grâce, ce diamant brut joue sur l'emphase et la dramatisation sans jamais basculer dans le grotesque et l'invraisemblable. On suit d'un œil captivé cette histoire dense, touchante, poignante, romantique et terriblement humaine, aux antipodes des thrillers feutrés et rigides du même réalisateur. Un formidable vestige du cinéma HK à son âge d'or.
très bon classique old school
ça fleure bon les années 80, mais ça se laisse encore bien regarder, surtout qu'à défaut d'être un film énorme, il reste un bon film assez fort, ceci étant dû en grande partie aux acteurs, CHOW yun fat et Sylvia CHANG, ainsi que le gamin et meme "oncle tat" dans un second rôle discret et sobre.
Jonnie TO signait là un film assez différent de ceux qu'il a tourné depuis les années 90, mais c'était déjà une réussite.
ps: je suis pas trop satisfait de la course de motos, c'est à dire de la fin. je sais pas trop pourquoi mais ce n'est pas celle que j'éspérais.
Mieux vaut To que jamais...
Johnnie To n'est pas naît avec la MilkyWay, il avait précedemment mis en scène le monstre qu'est Chow Yun Fat dans ce mélo lacrymal très réussi à la plastique délicieusement kitsch. Les cinéastes hong-kongais dit "honnêtes artisans", dont Johnnie To est l'un des meilleurs représentants sont surprenants de par leur capacité à passer d'un genre à l'autre avec une incroyable réussite, cette fois le thème sert parfaitement à mettre en chantier un final qui mettra la salle en émoi, c'est très prévisible mais là n'est pas l'important, on passe un très bon moment et ça même des maîtres ne savent pas obligatoirement faire.
Un mélodrame très bien réalisé et superieurement interprété par Chow Yun Fat (malgré sa coiffure ! Heureusement il bénéficie d'une coupe bien plus classe pour le final, ce détail capillaire mis à part, sa prestation est vraiment exceptionnelle).
Des mots (trop) tard
L'un des meilleurs succès au box-office hongkongais des années 1980, "All about Ah-Long" est une comédie dramatique effectivement bien ficelée. LE travail des acteurs est impeccable, don’t un Chow Yun-Fat entre rire et larmes, une Sylvia Chang proche du rôle de sa vraie vie et le jeune enfant – malheureusement doublé, car taïwanais et donc parlant cantonais. Ce qui enlève beaucoup de sa fraîcheur et spontanéité.
La réalisation de To est parfaitement adapté au propos: il sait rythmer ses actions comiques et adroitement mêler rire et larmes pour toucher la corde sensible de son public – peu importe finalement, si les images ressemblent parfois trop à un clip musical, d'ailleurs lourdement soulignées par des scores larmoyants.
Intéressant également d'y voir les prémisses de la future franchise à succès de To, les "Moment of Romance".
Quant à l'histoire, elle est directement pompée sur celle de "The Champ" – donc tout à fait dans l'air des productions de l'époque.
Une très honnête production, manquant de finesse et de subtilité dans son propos, mais témoignant du talent de To d'exceller dans différents genres, alors qu'il n'en était encore qu'à ses débuts.