Idées révolutionnaires
Un film au budget ridiculement bas (5000 ringgits), financé par l'un des nababs de l'industrie malaisienne et tourné en quelques jours quelques semaines seulement après la fin du tournage de son précédent "Snipers".
"Ah Beng returns" s'apparente davantage à un exercice de style expérimental, sorte d'hommage au cinéma de Godard et théâtre surréaliste de Beckett, plutôt qu'à une véritable histoire. Les structures narrative et visuelle sont totalement éclatées pour constituer un joyeux foutoir, auquel il faut s'adonner sans aucune arrière-pensée…ou de quitter directement la salle, comme les trois quarts des spectateurs de la salle dans laquelle le film a été projeté au cours du Festival de Deauville 2007.
Pourtant, tout le cinéma de James Lee y prend son entier sens et gagne même en légèreté, débarrassé de toute intrigue explicative et personnages encombrants. Suite de saynètes, qui ne dévoilent leur sens premier que lors du dénouement, Lee n'hésite pas non plus à les utiliser comme véritable tribune contestatrice envers le régime totalitaire malaisien (notamment à travers "la théorie du singe", qui veut que chaque individu se plie aux exigences et règles établies par le régime).
Un exercice totalement décomplexé et une réelle curiosité dans le cinéma autrement aseptisé malaisien.