Arno Ching-wan | 3 | Charlize TestosTheron dans de la SF sympatoche |
drélium | 2.75 | Un univers visuel et du charme mais des grosses failles béantes au milieu. |
« Rebelle fashion » c’est cool et fun, yo ! Aussi rebelle que la laque « levé du lit » pour les vrai-faux punks qui hantent nos rues en quête avide du dernier disque de Kyo. A l’instar des Matrix et Equilibrium, sur ce plan de la rébellion humaine c’est du « Brazil-sous-la-cheville », et comme contrairement aux deux films précités Aon Flux rate la plupart de ses scènes d’actions, il est difficile d’y trouver son bonheur. Toutes les scènes d’action sont-elles vraiment ratées ? Pas toutes, non, une petite résiste encore et toujours à certains avis d’ma soeur, la pourtant décriée fameuse attaque dite du "gazon tueur". Durant une course poursuite, des poires tueuses lancent des aiguillons empoisonnés depuis leurs arbres en même temps qu’un gazon équipé de lames de rasoirs vertes autoguidées pique très fort celui qui s’y frotte. Dit comme ça c’est très con, c’est pourtant suffisamment décalé pour être apprécié par tout fan de bizarrerie qui se respecte, donc par tout fan de la série animée, et j'en suis Aeon Flux. Visuellement, par rapport au tout venant SF il y a un petit quelque chose de nouveau : le design fou d’un dirigeable est aussi estomaquant que le look dont est affublé Peter Bostleweight, une femme sous l’eau entre en communication avec ses supérieurs à l’aide d’une drogue la projetant dans la « matrice » alors qu’elle-même n’a qu’une petite paille pour respirer sous la flotte, et un escalier mécanique en colimaçon est fait d'un beau bois Ô Cédar. Dépoussiérant.
Les connotations homosexuelles sont plus palpables que l’intrigue hétéro au premier plan. La complicité entre Aeon et sa comparse (*) a beaucoup plus de force poétique et de sous-entendus vécus que l’amour dramatiquement très mal rendu entre l’homme et la femme du jour, pourtant fer de lance et galnd de btie de la série animée. Le fait que les pieds de sa cop’s soient des mains ajoutent au fantasme en vigueur, la vigueur des corps à corps proposés ne laissant aucun doute à ce sujet. La fabuleuse plastique de Charlize Theron attise notre testostérone, mais il est dommage que l’œil amorphe de la caméra s’évertue à ne pas vouloir mettre en valeur ces courbes se suffisant à elles-mêmes malgré les intentions évidentes de la réalisatrice Katryn Kusama de nous livrer le nouveau portrait d'une femme forte comme c'était déjà le cas dans son Girlfight.
Les rares parties cohérentes de la série ont été conservées au dépend de l'intérêt premier du show, à savoir des délires visuels à la force poétique peu commune d'une oeuvre qui reniait presque son statut de série SF pour se concentrer sur le couple Aeon Flux / Trevor Goodchild, dont l’intégralité de l'environnement ne servait qu’à pimenter des habitudes sexuelles blasées. Le film renie ce lien et l’égoïsme de ses deux personnages en nous collant un "amour antérieur qui n’est plus mais peut être qu’un jour… ". Les auteurs de ce film ont fait des concessions fatales en rabaissant ce qui aurait du être beaucoup plus organique et sexuel en un Matrix-like de plus, ce qui est frustrant car Aeon Flux fait partie de ces films qu’on aurait aimé aimer pour des provocations qui ici sont molles du genou alors qu'elles se devaient d'être dures d’ailleurs. Voir et revoir l’œuvre de Peter Chung et de ses comparses, tout en savourant ici un p'tit film de SF sans prétentions et plutôt bien gaulé, il est vrai.
(*) Repris de l’épisode 3 de l'anime de Peter Chung : « Une dernière fois pour toute ».