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Ordell Robbie 0.25 Photo laide et langage formel "djeunz" recyclé sans vraie vision de cinéaste.
Ghost Dog 1.75 Audaces et clichés
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Audaces et clichés

15 fut le film le plus audacieux formellement et le plus controversé de la quarantaine de long métrages présentés au festival de Deauville 2004, pour la plupart ultra-consensuels. Et avec du recul, difficile de le condamner pour ça, car il a au moins le mérite d’oser, d‘essayer quelque chose de différent, de tenter de s’extirper du lot. A ce titre, le Prix Spécial du Jury vient récompenser judicieusement l’aspect effectivement « spécial » de l’œuvre.

Le jeune metteur en scène singapourien Royston Tan aborde ici la vie quotidienne d’adolescents paumés, cancres parmi les cancres. Tout le film est construit à partir de leur univers propre, fait de drogue, de baston, d’amitié et de clips MTV. Mais la grosse erreur de Tan est d’avoir voulu mélanger une réalité crue à une fiction pure, ce qui rend la vérité difficile à cerner : où est par exemple la part de réalité et de fiction dans la scène où un ado cherche un immeuble pour se suicider ? Est-ce un pur délire inventé d’un commun accord entre le réalisateur et ses acteurs, ou bien une référence à un douloureux mal de vivre ? On ne sait pas, et Tan ne va d’ailleurs pas jusqu’au bout de sa démonstration. Il oppose constamment des plans chocs (piercing, sexe masculin, extraction buccale de cachets de drogue, explication du devenir des acteurs avant le générique final) à des trouvailles visuelles aussi inventives que « toc » : dessin animé présentant plusieurs façons de se suicider, mise en scène très manga de bastons, slogans à la Gaspard Noé très nuls (« une douleur insupportable ! » ; « la première douleur dans la vie : l’amour ! La seconde : la rage ! »), si bien qu’on ne sait sur quel pied il danse, ni à quel degré il manipule son spectateur, ce qui est très gênant.

Les thèmes abordés sur l’adolescence font en outre très clichés : obsession du suicide, séchage des cours, taille de la quéquette,… Rien de bien nouveau donc, si ce n’est un aspect plus intéressant de leur vie, décrite sans aucun repère adulte (les parents sont absents, les profs inexistants), sans aucun repère féminin (la seule fille du film se prend une balle dans la tête sans raison au début), et sans autre idéal ou projet que leur apparence physique, mais aussi une présentation de la ville-état de Singapour assez peu connue en Occident, où l'on apprend par exemple que l'anglais est réservé à une élite le mandarin au reste de la population. Pour le reste, 15 souffre d’un manque de regard adulte sur le comportement de ces jeunes ; l’ensemble du propos et du support visuel est mis à leur niveau, si bien qu’on a l’impression de voir un film interdit au moins de 16 ans s’adressant directement à des moins de 16 ans ! Et ça, c’est quand même très fort…



02 mai 2004
par Ghost Dog


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