11/04/18 17:06
Dépêche:Chez Ghibli, Isao Takahata était sans doute le plus intello des 3, celui dont les oeuvres pouvaient aisément s'inscire dans un cadre scolaire. C'était peut-être même le plus écolo. S'il y a beaucoup de choses à dire sur cet artiste, on peut relever qu'il critiquait son chef d'oeuvre, Le tombeau des lucioles, affirmant regretter son aspect immersif et larmoyant alors qu'il souhaitait qu'un film conserve toujours une distance avec le spectateur, celle nécessaire à la réflexion.
En 2006, lorsqu'on lui parlait de son statut d’artiste oeuvrant dans le réel, Isao Takahata démontait la fantasy et ce qu’il appelait même la « fanatasy », selon lui un univers chimérique où les jeunes se complaisent à passer leur temps. Il affirmait surtout détester les créations fantastiques aux designs réalistes réduisant d’après lui les limites entre monde réel et (final ?) fantasy, les jeunes abusant de la chose étant enclins à trouver la réalité déprimante. Dans cette continuité il contestait l’aspect pessimiste que certains voient dans son œuvre et citait le final de Pompoko, insistant sur l’assimilation d’une réalité non manichéenne pour mieux encourager la vie et l’espoir qui l’accompagne (propos alors recueillis sur Ghibliworld.com via Buta-connection.net).
Toujours en 2006, invité à Séoul à l'occasion du SICAF, Mr TAKAHATA eut la bonne idée de partir là-bas avec le passeport de sa femme, tel un Yamada. Arrivé non sans mal à destination, en conférence de presse, il afficha une sincérité désarmante en allant à contre-courant des communications usuelles. "Excepté Mari Iyagi, les derniers animés coréens récents sont des échecs. La principale raison en est une approche trop "marketing" des producteurs (!)" Et lorsqu'on lui demanda comment il en était venu à s'intéresser aux questions environnementales, il répondit simplement : "Comment est-il possible de vivre sans jamais penser à se poser ces questions-là ?" Il va nous manquer.
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