Love Boat
Remake d'un de ses propres premiers films (comme le futur "Last Love"), "Sister in Law", Yukol tente de renouer avec un discours moralisateur un brin dépassé et entretient la tenace diabolisation de la "cité de tous les pêchés". Il faut savoir, que depuis ses débuts, Bangkok est décrié par une population provençale. Elle est dite un lieu de perdition, fin de la culture nationale et une dévoreuse de la pureté de l'âme. Ce qui n'aura pas empêché le massif exode rural dès l'explosion économique durant les années 1980 et la fascination de la plupart des jeunes de la campagne pour une vie citadine plus prospère.
Soit donc la jeune Prang, qui se fait avoir par les lumières de la ville; mais au lieu de la riche carrière comme actrice, elle finira exploitée comme prostituée.
Son mari subira le même sort: en se mettant à la recherche de sa femme, il sera dépouillé de son argent par un chauffeur de taxi sans scrupules, battu, jeté en prison et passera dans mille lieux de dépravation (avec une mention spéciale pour "la maison close" également visible dans le récent "Midnight, my love").
Perte des illusions, portrait de la méchanceté humaine…Yukol sait filmer la descente aux enfers des deux jeunes candides et du large clivage qui règne entre la ville et la campagne; en même temps, le discours semble un peu déplacé pour les années 1990 et un réel pas en arrière pour un réalisateur plus visionnaire à ses débuts. Ce qui n'empêche un très bon film dramatique, filmé de main de maître dans une Bangkok menaçante et sordide et une solide interprétation des personnages principaux – sans parler des larges tabous brisés en raison de la notoriété du "Prince" Yukol.
