Un bon film pour découvrir le genre des films de Samourai
Compte tenu de la date du tournage, on ne peut pas s'attendre à des combats de samourai à couper le souffle. Dans le film, c'est plutôt l'intrigue et son dénouement qui prennent la place la plus importante.
Pour un film en noir et blanc, c'est vraiment une réalisation très intéressante. En plus le tout est teinté de politique et de tradition, ce qui nous en apprend un peu plus sur les mœurs japonaises de l'époque de la restauration Meiji. Ce genre de film traditionnel est donc d'autant plus important, qu'il exporte hors du Japon un style tout autre que celui du western américain.
Kurosawa joue avec ses propres codes pour mieux se jouer de nous
Résultat, on s'attend à chaque tournant de scène à de l'aventure, de l'action alors qu'il ne se passe pas grand chose, et même rien, il faut bien le dire.
"Les meilleurs sabres sont ceux qui restent dans leur fourreau", le message est on ne peut plus clair. D'un côté 9 samouraïs, jeunes, courageux, impulsifs, naïfs, ignorants... De l'autre, Toshiro Mifune, samouraï errant ultra expérimenté, tellement qu'il connait tout le scénario à l'avance, déjoue les pièges et conseille ses jeunes fougueux, allongé dans un coin, en baillant.
Chaque scène est parodique, nous laisse dans l'attente (ou l'espoir) d'une montée dans l'action, un combat, ou aux moins des évènements, alors qu'il n'en est rien, le message se veut pacifiste point. Kurosawa s'amuse à nous couper l'herbe sous le pied, c'est assez comique au début, mais finalement, tout cela se révèle hyper frustrant.
La phrase la plus typique du film est "attendez !", Mifune et d'autres la répète constamment... Du genre, les jeunes : "allez, on y va, on va pas se laisser faire !", et Mifune : "attendez les gars, vous sentez pas le piège gros comme une maison ! Calmez vous un peu". Résultat : rien.
Le combat final de Mifune contre son double qui conseille le camp adverse est du coup un énorme clin d'oeil (une giclée de sang ultra "too much" qui dure 2 secondes) au grand film de samouraïs que l'on attendait et qui n'aura pas lieu. Ce serait plutôt un film de complots, du complot, du complot et encore du complot, à 90% en intérieur. Mais je n'hôte pas pour autant le charme indéniable de la pellicule, les performances d'acteurs (Mifune first), la finesse de l'ensemble et la galerie de personnages trucculents.
Après les 7 Samourais, voici les 10 samourais!
Dans Les Sept Samouraïs, ils étaient 6 véritables samourais plus 1 bouffon de service valeureux
joué par Mifune Toshiro à s'allier à une juste cause, la défense d'un village face à des brigands.
8 ans plus tard, ce même Mifune joue un samourai errant, en guenilles, qui s'allie à la juste
cause de 9 samourais combattant la corruption. Sauf qu'ici, ce n'est plus un rigolo mais bien
au contraire un maître à penser. Débarqué on ne sait trop comment dans le temple, ce mercenaire
politiquement incorrect (une barbe et une coiffure non conformes...) sera mal accepté au début
mais se révèlera vite indispensable à leur combat.
Ce Tsubaki Sanjuro - c'est son nom, qui signifie "camélia trentenaire" - est en effet roublard
et moins naïf que ses partenaires. Jouant de son charisme naturel, il va s'infiltrer parmi les
corrompus et gagner leur confiance pour mieux les poignarder dans le dos. La méthode a beau
être lâche et irrespectueuse des lois régissant le comportement du samourai, elle n'en
reste pas moins d'une efficacité redoutable que personne ne remettra en cause du côté des
"justes". Avec sa nonchalence et sa facilité déconcertante à prendre les bonnes décisions,
Mifune est une fois de plus grandiose même s'il n'est pas aussi spectaculaire que dans Les 7
Samourais où il beuglait et courait dans tous les sens les fesses à l'air...
Filmant dans un noir et blanc classique qui n'a pas le même charme que ses précedents films,
Kurosawa développe encore un fois une histoire de samourais avec son acteur fétiche. Il y a
glissé un élément qui lui tient à coeur, le pouvoir des femmes: mine de rien, les 2 femmes du
temple, aussi soumises et polies soient-elles, dominent véritablement les débats en parlant
sagement, au point de faire ramper par terre le grand Sanjuro et l'obliger à décoder une de
leurs sentences: "tu es un sabre nu; tu coupes certes bien, mais les meilleurs sabres restent
dans leur fourreau!".
Cependant, Sanjuro reste pour moi un film mineur dans la carrière de cet immense metteur
en scène. Le rythme n'y est pas, le charme n'y est pas non plus, et les multiples intrigues de
palais ont tôt fait de couper le plaisir attendu. Et si la fin est plaisante (un combat courtissime
suivi d'une conclusion de western - Mifune menace ses disciples de les tuer si l'un d'entre eux le suit,
puis dit "salut" et s'éloigne rapidement -), le trucage lors de ce combat est vraiment trop
grossier pour être convaincant.
Grand chambara épique, rigolo et carrément décomplexé.
Summum du chambara du début des sixties, Sanjuro marque la réconciliation du personnage de Yojimbo avec Kurosawa, créée de toute pièce par le Maître en 1961. On y retrouve le légendaire Toshirô Mifune dans la peau de ce ronin plus que nonchalant, rusé et particulièrement intelligent malgré les apparences -souvent trompeuses chez Mifune- rendant son personnage plus fénéant qu'autre chose. Sanjuro naît alors, un an seulement après Le Garde du corps, et succès oblige, reprend à peu près la même trame linéaire du premier opus (Sanjuro étant une suite inavouée) avec cette fois-ci des touches d'humour plus franches, taillées sur mesure pour un casting en tout point exceptionnel.
Toshirô Mifune, Tatsuya Nakadai, Kamatari Fujiwara, Takashi Shimura et le génial Keiju Kobayashi (excusez du peu!) se partagent la vedette, chacun ayant sa propre petite personnalité, sa propre gestuelle pour ne pas faire plus d'ombre que ça à un autre. Bien sûr, et comme d'habitude, Mifune sort du lot et épate par sa formidable fainéantise qui lui va comme un gant. L'archétype même de l'anti-héro, pourtant intelligent dans le fond. Tout comme Kurosawa qui parodie son film de Ronin en laissant le spectateur anticiper sans problème tout ce qui va suivre sous ses yeux. C'est génial dans la mesure où l'on se trouve en face d'un film familier, où la bonne humeur règne pendant 1h30 (un des films les plus courts de la filmo de Kurosawa), évitant bon nombre de clichés lourds. Les clichés ne se résument finalement qu'à l'arrivée d'un Ronin dans une bicoque de "samouraï" attendant la venue de mercenaires et qui finiront par l'engager grâce à sa formidable démonstration, katana à la main devant une armée de gugusses mal famés dirigée par Hambei Murata (impeccable Nakadai). Un cliché inhérent aux chambaras, mais doit-on réellement parler de cliché quand on voit que le personnage du "Ronin" a réellement été mis à la mode par Kurosawa dont son Yojimbo reste l'une des oeuvres les plus pompées à ce jour.
Le Garde du corps a inspiré le western italien, qui a inspiré d'autres cinéastes asiatiques du même genre tels Hideo Gosha (Samouraï sans honneur, Goyokin, Kiba, le Loup Enragé de vrais western italiens camouflés), et ainsi de suite. Mais revenons à Sanjuro, oeuvre ô combien géniale dans la mesure où elle fait preuve de légèreté et d'ironie, palpables à des kilomètres à la ronde. L'espion faussement enfermé dans le placard (il y sort à sa guise et y re-rentre comme si de rien n'était, sous les yeux de ses ravisseurs...!), les bâillements récurrents de Camelia/Tsubaki Sanjuro, la mort simulée par le chef des samouraïs, les tromperies du toujours même Sanjuro (massacrant allègrement tout un panel de mercenaires avant de se ligoter pour faire croire à une attaque adverse et ainsi passer inaperçu...sic), tout ceci accompagnés par des séquences à la fois brutales (les corps tombent par grappe) et poétiques (les camélias coulant sur le ruisseau). On restera aussi sur le cul après ce duel de fin, l'un des plus hallucinants tout chambara confondu avec un préliminaire poussé à son paroxysme, plan fixe à l'appui. A ce propos, la réalisation de Kurosawa fait preuve d'inventivité hors norme, plans séquences, travellings rapprochés "live" pour être au coeur de l'action, tout ceci pour un simple "produit" de commande. Ah, et puis il y a aussi la musique du génial Masaru Sato.
Esthétique : 4/5 - Une constante chez Kurosawa, proche du sans faute absolu.
Musique : 4/5 - Formidable partition aux accents Morriconiens de Sato.
Interprétation : 4.5/5 - Un casting caviar, rassemblant les pointures de l'époque. Une composition royale.
Scénario : 4/5 - Classique et inévitable, un scénario plein de richesse et de variété.
Pour une fois que Kurosawa se paie la tête des producteurs, celle des spectateurs, celle du Japon traditionnel des arts floraux ou martiaux, celle du merveilleux Ito Yunosuke, celle de Mifune, et la sienne propre en prime, pourquoi bouder son plaisir ?
Yojimbo parodique
S'inclinant finalement devant l'insistance persistante de ses producteurs de donner une "suite" à son précédent énorme succès "Yojimbo", Kurosawa re-adapte un scénario à ses propres besoins. Présenté effectivement à ses producteurs comme une suite à son précédent métrage, le résultat à l'arrivée va pourtant démontrer des différences notables :
le personnage du ronin du précédent se mute en un être supérieur, mais qui va finalement se faire démontrer; les deux parties adverses sont montrés comme d'ignares hommes facilement manipulables et le climat typiquement masculin du précédent laisse place à une aventure feuilletonesque à la limite du guignolesque.
Il n'empêche que cette petite aventure à déguster en famille et à prendre au second degré est un excellent divertissement et prouve la superbe d'un réalisateur de génie au plus fort de sa gloire.
Un Kurosawa mineur
Vraie/fausse de
Yojimbo, cette histoire de clans, de hiérarchie et de corruption en plein système féodal nippon accuse un réel manque de vigueur dans son récit, chose inhabituelle dans la filmographie du sensei. On peine à se passionner pour cette succession de fausses alertes et de bavardages parfois inutiles qui font que le film ne décolle jamais véritablement. Bien sûr, Kurosawa n'est pas nécessairement un faiseur de longs combats épiques à couper le souffle (
Le Château de l’Araignée prouvait d'ailleurs cet enclin à la psychologie des protagonistes bien plus qu'à l'action, de manière autrement plus ample et lyrique cela dit) mais lorsqu'en outre, le scénario ne se révèle pas des plus palpitants, la déception est tout de même de mise. Là où
Sanjuro suscite davantage l'intérêt, c'est dans sa manière de duper constamment le spectateur – on s'attend forcément à de grandes péripéties mais celles-ci s'avèrent à chaque fois désamorcées in extremis par n'importe quel prétexte – tout en « salissant »
subtilement la mythologie du genre (Sanjuro est un samouraï à l'éducation de pauvre hère, il se gratte, il manque d'hygiène, il ne pense qu'à dormir; dans la scène où les servantes lui apportent à manger et s'assoient auprès de lui selon la coutume, il lâche un désopilant: « Votre présence me gêne »). Ainsi, l'ensemble ne manque pas d'humour, aussi voilé qu'il soit. Du côté des bons points du film, on ne pourra bien évidemment pas s'empêcher de mentionner la présence de Toshirô Mifune dans le rôle-titre, excellent en ronin nonchalant et sans manières et pourtant d'une force et d'une roublardise redoutables. Quant à la réalisation de Kurosawa, elle est comme d'habitude irréprochable, le cinéaste bénéficiant de surcroît du format scope depuis 1958. On regrette alors qu'il n'y ait pas plus d'envolées lyriques comme celle des camélias suivant le trajet du ruisseau, séquence d'une rare beauté mais fort brève.
Sanjuro demeure une simple oeuvrette dans la grande carrière du sensei qui, on le sait bien, fourmille de monuments. Son visionnage reste toutefois essentiel rien que pour la façon dont il manipule les lieux communs et nous embobine ingénieusement jusqu'à cet étonnant final. Y a-t-il un mauvais Kurosawa ?
Mon préféré!
Au contraire de tous.. je préfère ce film à Yojimbo.
Je sais, je sais, je dois être fou.
Bien sur la trame sonore de Yojimbo est 100 fois meilleur.
L'influence de Yojimbo est 100 fois plus grande....
Mais malgré le style, l'atmosphère, la "score" ect ect.. Yojimbo m'a toujours un peu emmerdé.
Voulant à tout prix ridiculiser les films de yakuza style Jirochi, Chuji's Travel ect ect... C'est bien drôle... Bien que l'on sente un peu le mépris. Je sais, pour plusieurs Yojimbo est LE chambara. Mais c'est plutôt l'anti-Chambara.
Avant de le savoir je touvais le film un peu longuet, les combats assez ennuyeux. Ensuite, lorsque j'Ai su, j'ai pus voir un mépris certains et toujours des combats ennuyeux...
Je ne déteste pas Yojimbo. Au contraire. Mais la parodie me semble un peu agressive. Certe, il y a des scènes tordantes. Pour qui a vu multiple chambara et yakuza eiga, certaines scènes sont savoureuse. Mais le mépris gâchait un peu la sauce. Toujours à mon avis. Car voyez vous j'aime les chambara. Et une parodie, à mon avis encore, doit être respectueuse en quelque sortes.
Et je tient à préciser que je ne suis pas un admirateur des gangster dans la vraie vie. Mais il y a deux sortes de yakzua:les vrais et ceux de la tradition théatral nippone. Mais il semble qu'Akira l'oublie.
Donc Sanjuro me touche plus. 1 - j'aime les suites et les films de séries japonais. 2 - j'aime comment celle çi est amené. Le thème musical de Yojimbo ne revenant que très peu, mais quand même...
De plus, si Kurosawa continu de parodier les chambara, il e fait ici avec une humanité certaine. Ok c,est difficile à expliquer. J'admet que l'on puisse déboulonner un genre et une forme de cinéma. En fait je suis fan de ce concepte.
Ici, le déboulonnage se fait de façon ludique et humaine. Kurosawa humanise ses personnages. Au lieu des caricature de Yojimbo.
Je veux bien croire qu'être gangster c'est pas correct.
Je veux bien croire que l'on puisse être contre. Mais si pour cela on représente des gangsters de façon caricaturale, si on les présentes sans dimension et on les réduits à des images sans épaisseurs dans le but de nous montrer qu'ils sont mauvais.. he bien c'est démago. Et de plus c'est faire la même chose que les films de genre.
Plusieurs chambara yakuza du type Jirocho nous présente de valeureux héroiques gangster, maitre du sabre, pleins d'honneur.
On peut trovuer ces films simplistes et faux. Mais alors, si on présente des yakuza de façon contraire mais tout aussi simpliste, ne fait on pas la même chose?
J'admet que l'on veuille contester, révolutionner un genre. Mais Fukasaku avec Fighting Without Honor y réussisait plus.
Dans Graveyard of Honor par exemple, tout en nous montrant le ridicule de lavie de gangster, le mal, la tragédie, les personnages étaient quand même humains.
Plusieurs critiques ont vue bien des choses dans Yojimbo. Une métaphore sur la société, un essai psychologique.. si si... Mais Yojimbo est simplement une parodie. Critique social? Dans un sens oui. MAis comme tout els films de Kurosawa. à cette époque ce qui dérangeait Kurosawac'était le capitaliste sauvage. Et pour ma part, à mon avis (je tient à le préciser), High & Low et les Salauds dorment en paix sont plus efficaces.
C'est une critique de Sanjuro et je ne fais que parler de Yojimbo? cecis aura plus sa place dans la section Yojimbo?
En fait, je parle de Sanjuro. Pour critiquer Sanjuro, il me faut parler de Yojimbo.
Sanjuro à été fait à la demande des producteurs.
C'est un film de commande.
Bien sur Sanjuro à moins de style que Yojimbo. Je suis tout de même content justement, car pour moi les suites doivent être différente. La trames musical est plus classique mais elle nous redonne le thème de Yojimbo subtilement.
En fait, Sanjuro est inférieure côté technique et atmosphère. MAis je préfère la psychologie.
Kurosawa nous démontre l'horreur d'être un homme d'épée.
Ici, nous assistons à un drames composé d'humain. Même les conspirateurs le sont.
Les jeunes samourai sont drôle certe, mais humains. De plus, Tatsuya Nakadai interprete encore une fois l'adversaire de Sanjuro. Mais ici, Kurosawa prend bien soin de montrer que Sanjuro aurait évité le duel si il avait pus. La différence est que le Nakadai de Yojimbo était un yakuza et que celui de Sanjuro est un samourai et Kurosawa vient d'une famille de Samourai. Akira a toujours eu une vision du samourai idéaliste et de sa place dans la société (si on analyse bien on pourra trouver du paternaliste dans les 7 Samourais ou Hidden Fortress)
Cette critique est subjective. Mon gouts personnel parle. Je préferais toujours cette façon de retourner un mythe.
En humanisant la sauce.
Et côté ludique, les scènes de chambara, bien que peu nombreuse sont meilleurs. Plus d'impaque émotionnel pour moi.
Et encore une fois la preuve qu'un créateur ne controle pas totalement son oeuvre. Le fameux duel finale et son geyser de sang avait pour mission de choquer.
En fait, de la façon qu'il est amené, tourné, monté, il est claire que l'intention était de surprendre. Il est donc fort probable que lorsque l'équipe prétend qu'ils ont été les premiers à le faire, ils disent la vérité.
Encore une fois, la parodie, la distance et l'horreure.
Une exageration grotesque, une distance.. et bien sur un choc. Pour nous faire sentire l'horreur du duel.
Si Kurosawa s'était douté que cette "idée" allait devenir un élément incontournable du chambara... un genre qu'il m'éprisait.
En résumé, envers et contre tous, je préfère Sanjuro à Yojimbo.... Même si Yojimbo est supérieur au niveau formel.
Un chambara satirique et un geyser de sang...
Il suffit de voir la bande-annonce du film pour tout de suite comprendre que "Sanjûro" est avant tout une comédie. Reprenant le personnage de rônin sans nom déjà mis en scène dans "Yôjimbô" ("Le garde du corps", 1961) et également interprété par Toshirô Mifune, Kurosawa poursuit et développe la veine satirique engagée dans ce précédent film. Sans jamais céder à la farce ou au pamphlet facile, il entreprend de démythifier les valeurs de la société traditionnelle japonaise, merveilleusement servi dans ce propos par l’interprétation apparemment irrespectueuse mais en fait intelligente et très noble de Toshirô Mifune. Le plus étonnant est que cet anti-héros est lui-même subtilement "sapé" par un autre personnage tout aussi inattendu : une femme d’âge mûr, épouse du Gouverneur qu’il s’agit de sauver d’un coup d’état crapuleux, et qui sait renvoyer "Sanjûro" à ses propres limites (la sentence sur l’épée et son fourreau).
Ainsi, dans cette curieuse histoire que l’on traverse avec le même regard amusé mais aussi la même passion que le héros lui-même, personne n’est gagnant ni perdant. Tout le monde trompe tout le monde, et se trompe avant tout lui-même. Ainsi va la comédie humaine. Et les seuls finalement à ne pas en être totalement dupes sont le couple du Gouverneur et de son épouse, qui montrent avec une grande sagesse que l’apparence de la véritable noblesse n’a pas forcément le visage de la richesse, de la beauté ou de l’autorité.
Kurosawa aurait-il pu conter cette fable sous une autre forme que celle d’un film de sabre, auquel on peut reprocher un manque d’action par rapport à ce qu’implique habituellement ce genre ? Dans une interview il répond lui-même à cette question, non sans une discrète malice. Ne connaissant pas le milieu de la bourgeoisie (il était lui-même issu d’une famille de samourais), il prétend ne pas savoir dépeindre les gens des classes moyennes (ce que dément d’autres de ses films). Gageons qu’en réalité, la satire voulue par Kurosawa ne pouvait être mieux efficace qu’à se dire sous la forme la plus illustrative de l’honneur et de la fierté tant valorisés par la culture japonaise, c’est-à-dire le film de samourai. En choisissant ce genre, Kurosawa ne donne que plus de force à sa charge satirique.
Côté acteurs et hormis Mifune, son adversaire (une fois de plus) est interprété par Tetsuya Nakadai, traître efficace, qui connaît l’honneur, à la fin du film, d’être le premier "sabré" de l’histoire du cinéma à mourir en projetant un formidable geyser de sang. Le procédé était lancé et allait connaître une longue postérité, jusqu’à devenir emblématique du genre. C’est ça aussi, Kurosawa !
Samouraï comedy
Toshiro MIFUNE excelle dans ce rôle de ronin bourru mais néanmoins sympathique. Beaucoup d'humour et de subtilité dans ce film qui, à mon avis, n'est pas apprécié à sa juste valeur.
27 juillet 2002
par
ikiru
Encore un film précurseur...
Ce qui m'a beaucoup marqué lors du visionnage de ce film c'est à quel point Sergio leone s'est inspiré de ce film pour ses westerns: intrigues à rebondissement, caractère du personnage principal, scène de duel à la fin.
Une chose de sûre, c'est que Sergio Leone a dû le voir plus d'une fois...
C'est quand même fort que le même Kurosawa ait inspiré des westerns "classiques" (les 7 mercenaires) comme leur parodies (spaghetti), preuve que le sieur avait plus d'une d'une flèche à son arc
On peut dire ce qu'on veut...
.. sur Yojimbo et Sanjuro, que ce sont plus des films où Kurosawa se joue de nous et des genres pour affirmer son style, sa maestria j'aimerais dire, mais pour moi: c'est deux films sont des chefs d'oeuvres!!!!
Comme il s'agit ici de Sanjuro, on va s'y arrêter.
Sanjuro c'est un Toshiro Mifune comme d'habitude extraordinaire de présence, par sa voix, par son allure, par son roulement d'épaules - comme je n'en avais jamais vu jusqu'alors!!
Sanjuro c'est une trame très intelligente, passionante à suivre et pleines de retournements de situation résolus mais surtout dûs - il faut bien l'avouer - à l'inluence incroyable qu'a le personnage du ronin bienfaiteur qu'est Toshiro Mifune ( et donc à l'aura sans pareille de ce comédien auquel je ne donnerais pas de qualitatif tant les mots de notre vocabulaire sont impuissants à en exprimer une quelconque idée ) [ouf j'ai été long là], rôle pareil à celui qu'il tient d'ailleurs dans Yojimbo d'ailleurs.
Ensuite, l'équipe des Neufs clônes à moitié niais et pourtant plein de bonne volonté et l'histoire dans laquelle ils se noieraient sans l'aide ( gratuite!! mais pourquoi???) de notre Camélias Trentenaire apporte une touche de gaïté dans toutes ces affaires louches, faut dire quand ils font la chenille pour se dissimuler derrière des buissons ils sont à mourir, OUARF ARF ARF! ( mon rire est pitoyable je sais, je rigole comme les chiens ).
Bref, j'en dis pas plus, on ajoute à cela le savoir faire de Kurosawa en terme de mise en scène et on obtient un trés bon divertissement pour 2h.
Mais voilà!!! Tout n'est pas si rose: il y la fin ..... ou plutot LA fin. L'affrontement final, le seul, l'unique, l'ultime où les frères se règlent en compte, et qu'en fin de compte notre Camélias nous apparait plus flamboyant qu'il ne l'a été tout le long du film, plus cinglant, plus vrai, plus dur. Et s'en vient la morale de cette histoire et de toutes les histoires de samouraïs. Mais pour la connaître faudra le matter!!
à voir .... en boucle.