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Printemps tardif

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les avis de Cinemasie

2 critiques: 4.12/5

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15 critiques: 3.97/5



Ordell Robbie 4.5 Un Ozu pas tout à fait comme les autres...
Xavier Chanoine 3.75 Mariage tardif
classer par notes | date | rédacteur    longueurs: toutes longueurs moyen et long seulement long seulement


Un Ozu pas tout à fait comme les autres...

Voir un Ozu, c'est les avoir tous vus à quelques nuances près, un peu comme aller toujours dans le meme grand restaurant: la carte est prévisible mais le cuistot ne déçoit jamais. Dans ce film précédant la grande décennie de l'age d'or du cinéma japonais auquel Ozu contribuera, on retrouve donc la richesse de jeu d'une Hara Setsuko au regard riche en nuances d'expression reflet de la pudeur du personnage de Noriko qu'elle incarne, le style Ozu fait de distance, de durée et de filmage à hauteur de tatami ainsi que ses thèmes fétiches: les mariages arrangés, la difficulté à se comprendre entre générations différentes, l'observation du Japon de l'immédiat après-guerre (celui d'avant le miracle économique dans le film, au détour d'un dialogue le cinéaste évoque les difficultés économiques de cette époque-là), l'influence occidentale croissante due à l'occupation américaine (la passion des jeunes japonais pour le base ball, la tante présentant un bon parti à Noriko parce qu'elle trouve qu'il a une ressemblance avec Gary Cooper qui est l'acteur fétiche de Noriko), la disparition progressive de certaines traditions (lorsqu'Ozu filme le spectacle de No, il filme cette tradition qui se perd). Et surtout sa sagesse humaniste: ici comme dans ses autres films, Ozu nous dit que pour faire face aux tracasseries du quotidien il faut avancer, progresser et accepter de choisir des solution allant dans ce sens-là meme si elles ne sont jamais totalement satisfaisantes (un mariage engendrerait la solitude du père mais d'un autre coté si Noriko restait s'occuper de lui elle ne pourrait voler de ses propres ailes). Ozu reprendra une trame voisine en remplaçant le père par la mère avec Fin d'automne. Mais si on trouve dans ce dernier ce naturel et cette fluidité dans l'exécution caractéristique des oeuvres de fin de carrière des grands cinéastes Printemps Tardif a pour lui quelques vrais moments de grâce qui sont parmi les plus beaux du cinéma d'Ozu: la scène du No, le final par exemple... Mais aussi d'avoir un peu moins de longueurs. Et cela suffit à faire de Printemps Tardif un Ozu majeur.



23 novembre 2003
par Ordell Robbie




Mariage tardif

Conçu comme une chronique familiale douce-amère, Printemps tardif est un Ozu plutôt sombre, évoluant sans cesse dans les extrêmes et les contrastes, le rendant justement attachant à plus d'un titre, par sa thématique abordée, ses ellipses, sa mise en scène intuitive et quasi définitive excepté les quelques travellings ou caméras embarquées qu'on ne verra bientôt plus jamais chez le cinéaste. Selon certaines sources, Printemps tardif est le premier film d'Ozu avec son style de dernière période, mais je ne préfère pas me risquer à telle supposition. En revanche, on retrouve effectivement la patte Ozuesque que ce soit au niveau de la mise en scène au ras du sol, ses quelques plans vides de signification (le dernier plan avec cette mer agitée) et son rapport étroit avec la famille, ses coutumes et traditions.

La belle Hara Setsuko, déjà impériale à l'époque, trouvait avec son personnage de Noriko une identité forte, vaillante et courageuse malgré cette crainte du mariage "forcé", une récurrente dans les familles japonaises trop conservatrices. Elle n'est pas non plus aidée par son père, Kamakura, interprété par le très sobre mais sec Ryu Chishu, hilarant de nonchalance et de fainéantise, presque sidérant dans la mesure où il réussit toujours à capter l'attention du spectateur par son regard et sa voix monotone, malgré ses dialogues qui se résument à d'innombrables "so desu ka?" ou "so ka?" et le tout en gros plan, filmé au ras du sol, évidemment.

Justement balancé entre les rires (les balades en vélo, le personnage de la tante jouée par Sugimura Haruko) et les larmes (le remariage de Kamakura, bien que fictif, les quelques moments en tête à tête entre Kamakura et Noriko), Printemps tardif reste un Ozu de standing tout à fait honorable, moderne et bien écrit, jouissant d'une aura qui captive son spectateur malgré qu'il soit une simple chronique familiale, officieusement remakée version féminin avec Fin d'automne (légèrement supérieur) dont il récupère les grandes lignes, même si la dramaturgie appuyée raisonne plus fort dans cette "version" 47 que dans celle réalisée 13 ans plus tard, plus légère et "romantique" et mieux mise en scène. A voir pour la composition père/fille de Ryu Chishu et Hara Setsuko.



25 février 2007
par Xavier Chanoine


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