Ordell Robbie | 4.25 | Belle réussite de Mizoguchi dans sa veine "sociale" |
Xavier Chanoine | 4 | Superbe portrait de geisha |
Comme souvent chez Mizoguchi, les femmes semblent systématiquement résignées et de part leur "soumission", font de n'importe quel Mizoguchi un tant soi peu social, mélodramatique au possible : aujourd'hui la séquence de pleurs entre Eiko et Miyoharu peut paraître datée, pourtant elle dégage ce qui fait la force des grands Mizoguchi, la retenue et la clairvoyance d'un cinéaste qui visait juste à chaque coup tenté. C'est pourquoi A Geisha, malgré son scénario classique, est une grande réussite du cinéaste : le parcours de Eiko symbolise l'acharnement même de la femme au Japon pour tenter d'exister ou de casser l'image de la soumission, quitte à couper tout contact avec ses proches ou son père, un homme riche et malade, incapable de s'occuper de cette dernière. Tout comme Naruse Mikio et son formidable Au Gré du courant, Mizoguchi montre un groupe de geisha soudées malgré les différences hiérarchiques. Il dynamite aussi la société -pourtant moderne- dans laquelle vivent ces gens tous préoccupés par l'argent, thème ici aussi central. Il y a une absence des codes du cinéaste établis au cours des années 30-40 : peu de cadres où les femmes sont de dos, peu de tics formels (sans doute qu'une introduction en plan fixe suivie d'un travelling vers la gauche, une récurrente), et retenue dans les moyens mis en oeuvre avec une petite présence des caméras grues (là où elles seront souvent utilisées dans Contes de la lune vague après la pluie), logique dans la mesure où le récit ne tend véritablement pas vers l'épique. Avec un parfum de Mizoguchi mineur, A Geisha reste pourtant une très jolie chronique sur la geisha, pleine d'optimisme et de solidité à tous les niveaux.