Navrant
Dire qu'il n'y a pas si longtemps, Wilson Yip était un cinéaste intéressant. Pour un Bullets Over Summer ou un Juliet In Love, on pouvait aisément le catégoriser auteur.
Ses essais dans le fantastique et l'horreur avaient accouché d'un sympathique Bio Zombie, mais également d'un ennuyeux et somme toute marrant 2002. Cette fois-ci son incursion dans l'étrange tendance comédie teenagers, ne donne que de la matière à foutaise. Pourtant un premier plan montrant une momie se déplaçant dans un univers onirique faisait démarrer le film sous les meilleurs auspices, une ambiance palpable, un soupçon de créativité, une matière à espèrance... Mais malheureusement, on en reste là, tout le reste n'est qu'une suite de situation comico acnéenne soutenue par un rythme à rendre épilleptique le plus violent film d'Ozu. Les acteurs sont plutôt mauvais et inconnus, donc ils ne gagnent pas à être plus connus. La comédie, ou plutôt la tentative de comédie l'emporte aisément sur l'aspect horrifique, contrairement à Bio Zombie, dans lequel Wilson Yip avait réussi un mixage équilibré, sachant doser chaque genre pour en faire un objet plus qu'honorable. Dans ce "truc" que l'on veut nous vendre comme un film, il semble que l'auteur de Juliet In Love se décridibilise définitivement. C'est dommage.
L'art de l'improbable comme nouveau cinéma !
Wilson Yip est un type incroyable ! Son cinéma est un art de l'improbable, jouant sans cesse sur la corde raide. Il n'est question que de mélange, de situations impossible, de personnages contradictoires, et pourtant il ne s'intéresse qu'à la rencontre. The Mummy est un film de partage, des genres, des expériences. C'est comment le film fantastique, d'autant plus typé (le film de momie) trouve chez lui à se fondre dans la comédie sentimental et le film famillial. Yip est quelqu'un qui croît fondamentalement non seulement au cinéma, et à son cinéma, mais aussi à ses personnages. Quelques lignes, quelques notes lui suffisent pour qu'il n'oubli rien ni personne sur le chemin de son récit. Drôle et génial, il excerce tout son talent à créer des situations impossibles, mettre ses personnages dans des contextes absurdes et cohérent. A la fois paradoxale et ultra lisible, le cinéma de Yip est une source de jouvance d'écriture et de mise en scène à laquelle cette joyeuse momie rend honneur. On donnerait bien toute la production intarissable de comédie française sensée nous faire "mourir de rire" (mais on meurt plutôt ici au sens propre) qui s'étale laborieusement sur nos écrans pour voir ne serait-ce chaque année un seul Yip de la tenue de sa momie.
Amor !